Les secrets du théâtre antique de Moingt

Les secrets du théâtre antique de Moingt

Comprendre la construction d’un monument public

Les archéologues ont pu profiter des beaux jours du printemps 2025 pour étudier le théâtre antique de Moingt (fig.1 et 2). Cette étude s’inscrit dans un projet de préservation de l’édifice financé par la mairie de Montbrison. Grâce à la mise en place d’un échafaudage et aux méthodes de l’archéologie du bâti, une analyse approfondie des vestiges a pu être menée sur l’ensemble du monument. Archéologues, architectes et maçons travaillent ainsi de concert pour mener à bien un projet qui bénéficiera à tous.

Fig. 1. Vue aérienne du théâtre.
Fig. 2. Enregistrement des informations dans une base de données.
Fig. 3. Carte postale noir et blanc. ©Édition Girard à Moingt. Vers 1910.

Un monument étudié depuis plusieurs siècles

Le théâtre a toujours fait partie du paysage Montbrisonnais. Les érudits locaux s’y sont intéressés très tôt et les premières études sérieuses sont réalisées à partir du XIXe siècle. Des dessins d’époque, des photographies (fig. 3), des notes voire des rapports détaillés sont accessibles aux archives de la Diana.

La place du théâtre dans Aquae Segetae

Durant l’Antiquité, la ville romaine, nommée Aquae Segetae (fig. 4), se développe essentiellement au niveau de l’ancienne commune de Moingt. Le centre public se situe autour des thermes de Saint-Eugénie et des vestiges de quartiers résidentiels et artisanaux ont été mis au jour à proximité. Le théâtre est installé traditionnellement aux marges de la ville (fig. 5). Un tel édifice nécessite de la place et il est plus simple de l’installer en dehors du centre urbain. Une pente naturelle est également la bienvenue pour faciliter la construction.

Fig. 4. Table de Peutinger.
Fig. 5. Représentation du théâtre de Moingt. ©J.-C. Golvin.
Fig. 6. Exemple de trou de boulin.

Une première construction…

Le théâtre est donc construit à flanc de colline, mais un décaissement de la roche naturelle s’est tout de même révélé nécessaire. Afin de faciliter le travail, les artisans se sont servis de la roche extraite sur place pour en faire des moellons. À l’extérieur de l’édifice, des petits contreforts viennent stabiliser l’ensemble. Certains indices du chantier sont visibles dans les murs, comme les nombreuses petites cavités (trous de boulin) qui témoignent de l’ancrage de l’échafaudage (fig. 6).

… puis un agrandissement

Plus tard, le théâtre est agrandi, repris en partie haute et renforcé. La roche naturelle sur place n’est plus accessible et il faudra donc aller chercher les matériaux un peu plus loin, mais à quelques kilomètres seulement. Par ailleurs, les maçons de l’époque retraçaient leurs joints.  Une partie de ces derniers est assez bien conservée pour que l’on puisse encore observer aujourd’hui cette habitude de travail (fig. 7).

Fig. 7. Joints retracés.
Fig. 8. Maisonnette construite entre les murs du théâtre.
Fig. 9. Exemple de relevé photogrammétrique.

Une carrière de pierres idéale

Lorsque le théâtre a été abandonné, il a été utilisé au fil des siècles comme carrière de pierres. On le remarque au niveau des contreforts, où les angles des parties basses sont détériorés. Ce sont effectivement les zones les plus accessibles. Le théâtre a également été réinvesti par une maisonnette construite il y a quelques siècles (fig. 8) : trois murs de très bonne facture étaient déjà construits, pratique !

Et après ?

L’étude du site n’est pas encore terminée et quelques interventions archéologiques sont prévues tout au long du chantier. Les archéologues ont déjà réalisé des relevés photogrammétriques (fig. 9), des photographies, des prélèvements de matériaux et de nombreuses notes détaillées. L’ensemble des données recueillies fera l’objet d’un rapport rendu public.

Opération d’archéologie préventive conduite depuis avril 2025 sur la commune de Montbrison, dans le cadre des travaux de préservation et de confortement des vestiges

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Montbrison

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Camille Nouet

Équipe

  •  Camille Nouet (RO)*
  • David Baldassari
  • Camille Collomb
  • Jean-Baptiste Kowalski

* fouille et post-fouille