Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

À Clermont-Ferrand, une ultime phase d’investigations archéologiques s’est déroulée début 2025 sur le parvis de l’église des Carmes (fig. 1), ainsi que le long de la rue du Souvenir Français. Cette opération, qui prolonge la fouille menée en 2024, a été réalisée lors de l’enfouissement de nouveaux réseaux (fig. 2). Parmi de nombreux vestiges datant des époques romaine et médiévale, le résultat majeur est la découverte de plus d’une centaine de sépultures, appartenant probablement au cimetière de l’ancien monastère de Chantoin.

Fig.1 : Une impressionnante concentration de squelettes.
Fig. 2 : Les archéologues ont travaillé parallèlement à l’installation de nouveaux réseaux.
Fig. 3 : Sépulture aménagée à l’aide d’un coffrage en pierre.

Une multitude de tombes

La découverte la plus marquante est une aire funéraire dont la densité dépasse largement les attentes. Au centre du parvis, une tranchée a révélé une concentration exceptionnelle d’ossements (fig. 3 et 4) : au moins 80 squelettes sur une surface restreinte de 57 m², soit plus d’un individu par mètre carré. D’autres inhumations identifiées autour du parvis portent le total à 115. Certaines d’entre elles sont regroupées en sépultures collectives, des dispositifs très rarement documentés. Sur l’ensemble du cimetière, on peut envisager la présence de plusieurs centaines de squelettes. Une datation par radiocarbone pointe le XIIe siècle, une période qui correspond probablement à l’utilisation la plus récente du cimetière.

La nécropole de l’abbaye de Chantoin ?

Bien que l’analyse en soit encore à ses débuts, il existe probablement un lien entre cette aire funéraire et l’ancienne abbaye de Chantoin, mentionnée dès le haut Moyen Âge. La nécropole pourrait ainsi être destinée à des individus souhaitant être inhumés ad sanctos, c’est-à-dire « auprès des saints », pour bénéficier d’une protection spirituelle renforcée. Dans ce contexte, les constructions médiévales mises au jour lors des fouilles précédentes pourraient bien être liées à l’ancien monastère (fig. 5).

Fig. 4 : C’est dans les tranchées d’enfouissement des réseaux que les archéologues ont découvert les vestiges.
Fig. 5 : Plan général des vestiges. Le cimetière se situe à côté de plusieurs bâtiments appartenant probablement à l’abbaye de Chantoin.
Fig. 6 : Outils de dentiste et apirateurs de chantier se sont révélés indispensables pour la fouille méticuleuse de ces inhumations.

Une mémoire à sauvegarder

Seules les sépultures directement menacées par les travaux d’enfouissement de réseaux ont fait l’objet d’une fouille exhaustive. Il faut noter que les tombes se trouvent directement sous les remblais de la voirie actuelle. Toutes les dispositions ont aujourd’hui été prises afin d’assurer la sauvegarde scientifique de ce site patrimonial d’importance majeure.

Opération d’archéologie préventive conduite de mai à décembre 2024 sur la place des Carmes-Déchaux à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), en préalable à la création d’un jardin arboré, d’une aire de jeux et à la requalification du parvis de l’église.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Clermont Auvergne Métropole

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Jérôme Besson

Équipe de terrain

    • Jérôme Besson* (RO)
    • Stéphane Bas*
    • Suzon Boireau*

Équipe de Post-Fouille

  • Géraldine Camagne
  • Geoffrey Leblé
  • Guillaume Lépine