Flashes d’Anse, des bâtiments romains et un grand cimetière médiéval

Flashes d’Anse

Des bâtiments romains et un grand cimetière médiéval

De juin à octobre 2024, une équipe d’archéologues d’Archeodunum a exploré une parcelle de 2000 m² à Anse (Rhône), avant la construction d’un ensemble résidentiel par la société Katrimmo. Ce secteur, situé dans le quartier Saint-Romain, se trouve à proximité d’une importante aire funéraire, utilisée entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge, et dans les parages d’une église disparue, mentionnée dès le Xe siècle. La fouille a permis de mettre en lumière de très riches occupations romaines et médiévales, dont un cimetière de la fin du 1er millénaire (fig. 1).

Fig.1 : Au cœur du cimetière médiéval.
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Du temps D’Asa Paulini

Les vestiges romains sont à rattacher à la petite ville d’Asa Paulini, mentionnée sur un document de voyage du IIIe siècle. Ils couvrent une période allant du IIe au IIIe siècle de notre ère (fig. 2). On distingue une cave en blocs de calcaire, comblée dans un second temps et recouverte par un foyer maçonné en tuiles plates, ce qui atteste d’un réaménagement (fig. 3). Plus loin, un autre bâtiment abrite des traces de travail des métaux, sous la forme de petits foyers et de déchets de plomb et de bronze. Un troisième édifice, au nord-est du site, est associé à une puissante canalisation en béton de tuileau, un matériau réputé pour son étanchéité (fig. 4). L’ensemble est traversé du nord au sud par une voie de belle facture qui, dans son état tardif, menait directement à l’entrée nord-ouest du castrum du IIIe siècle (aujourd’hui la rue Pont-Chollet).

Fig. 3 : La cave romaine et sa belle élévation.
Fig. 4 : Canalisation romaine en béton de tuileau.

À La recherche de la basilique perdue

L’église Saint-Romain, connue depuis le Xe siècle et mentionnée comme basilique dès le Ve siècle, reste introuvable et attise depuis longtemps la curiosité des chercheurs. La fouille a révélé deux ensembles de bâtiments dont la fonction demeure incertaine (voir fig. 2). Pourraient-ils être liés à l’église disparue, à son hôpital ou à une chapelle attenante, ainsi que le suggèrent les tombes à proximité ?

Anse macabre : un cimetière du moyen Âge

Au cœur du site, les archéologues ont en effet eu la surprise de découvrir un espace funéraire daté entre le viiie et le xie siècle (fig. 5 à 7). Près de 170 sépultures ont été mises au jour, la plupart des défunts sont orientés tête à l’ouest, en position dorsale. Ce cimetière colonise l’ancienne voie romaine ainsi que les bâtiments adjacents. Plus largement, il s’inscrit dans le quartier Saint-Romain, dont la limite pourrait bien être marquée par un fossé identifié à l’est de la fouille.

Fig. 5 : Deux tombes du cimetière médiéval.
Fig. 6 : Détail d’un squelette.
Fig. 7 : Tombes installées dans la voie romaine.-

Des productions médiévales : tuiles et mortier

Par la suite, le site témoigne d’une intense activité de construction. Un four de tuilier (fin Xe siècle), en grande partie conservé, a été fouillé (fig. 8). Il se compose d’une chambre de chauffe, encadrée de murs et structurée par huit murets. Il servait à cuire des tuiles canal à crochet. À proximité, un four à chaux (fin XIe siècle) témoigne de la production de mortier, probablement destiné aux bâtiments médiévaux de la ville.

Fig. 8 : Le four de tuilier et sa fosse de travail entièrement dégagés.
Fig. 9 : Fouille minutieuse d’une sépulture.

Les prochaines étapes

Le terrain a été restitué à l’aménageur, mais l’étude scientifique ne fait que commencer. Les spécialistes analyseront les données et les vestiges mis au jour pour préciser leur chronologie et leur fonction. À terme, un rapport détaillé viendra assurément renouveler et enrichir notre compréhension de l’évolution d’Anse, de l’époque romaine au Moyen Âge, et, peut-être, lever le voile sur les mystères de l’église Saint-Romain.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’été 2024 sur la commune d’Anse au lieu-dit « 266, route de Villefranche », en préalable à la construction d’un collectif de logements.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Katrimmo

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Marie-José ANCEL

Équipe de terrain

  • Marie-José ANCEL (RO) *
  • Laura DARMON *
  • Audrey BARADAT *
  • David GANDIA
  • Vincent RAULT
  • Kilian BLANC
  • David BALDASSARI
  • Laurent VALLEE
  • Lara PEREZ-BLANC
  • Solenne MISERY
  • Quentin ROCHET *
  • Thibaut AVINENC
  • Morgane BERRONE
  • Jérôme GRASSO
  • Thomas EYDALEINE
  • Maud LABALME *
    * Terrain et Post-Fouille

Équipe de post-fouille

 

  • Amaury GILLES
  • Clément CHAVOT
  • Moussab ALBESSO
  • Émilie MERVEILLEUX
  • Aurélie DUCREUX
  • Julien COLLOMBET
  • Camille COLLOMB
  • Sébastien LARATTE
  • Christina POPOVA