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Une année d’étude sur les remparts de Montbrison

Une année d’étude sur les remparts de Montbrison

Le nez au mur et les mains dans la terre

C’est le long du boulevard Duguet à Montbrison, qu’une équipe de la société Archeodunum a réalisé une étude archéologique des remparts de la ville. Les travaux de confortation et de mise en valeur de ces murs ont conduit le Service Régional de l’Archéologie de la région Auvergne Rhône-Alpes à prescrire une étude archéologique. Durant quinze semaines, d’octobre 2020 à septembre 2021, les archéologues ont ainsi étudié une centaine de mètres linéaires de la fortification et exploré un espace intra-muros accolé au rempart.
Depuis les échafaudages, dans le sous-sol ou dans les archives, les traces recueillies documentent la mise en place des fortifications montbrisonnaises et révèlent la vie quotidienne durant le Moyen Âge et la période Moderne.

 

Le rempart et le collège Victor de Laprade vus depuis le boulevard Duguet, lors de l'arrivée des archéologues
Le rempart et le collège Victor de Laprade vus depuis le boulevard Duguet, lors de l'arrivée des archéologues
Plan général de Montbrison avec localisation de l'étude archéologique
Plan général de Montbrison avec localisation de l'étude archéologique

Grande profondeur et haute précision

L’intervention de Cécile Rivals et de son équipe a pris diverses formes. En coactivité avec les maçons chargés de la restauration, les archéologues ont investi les échafaudages et procédé à l’analyse des murs du rempart sur une longueur d’environ 100 mètres. La stabilité de la fortification faisait l’objet de mesures topographiques régulières grâce à des capteurs fixés dans les murs.
Intra-muros, dans la cour du collège Victor de Laprade, ce sont environ 75 m2 qui ont été explorés, jusqu’à la profondeur impressionnante de 7 mètres. Un dispositif de blindage a apporté toutes les garanties de sécurité pour la fouille de cet espace restreint. Une grue, constamment présente, a permis d’évacuer les déblais, et même de déposer une petite pelle mécanique dans le fond de la fouille, afin de faciliter le travail des archéologues.

Étude de la courtine du XIIIe siècle depuis les échafaudages
Étude de la courtine du XIIIe siècle depuis les échafaudages
Dégagement des fondations de la courtine du XIIIe siècle
Dégagement des fondations de la courtine du XIIIe siècle

Les fortifications : quand l’histoire se confronte à l’archéologie

La ville de Montbrison a été défendue par plusieurs fortifications successives. Au XIIIe siècle, le château et le bourg castral, situés sur la butte basaltique dominant Montbrison, étaient protégés par une enceinte circulaire. À la fin de la guerre de Cent Ans, les Montbrisonnais furent autorisés à construire un grand rempart autour de la ville. Au milieu du XVe siècle, la ville était donc protégée par une fortification longue de plus de 2 km, ponctuée de nombreuses tours semi-circulaires. Des tours semblables furent alors ajoutées contre la courtine du XIIIe siècle, qui montrait déjà des signes de faiblesse.
Ces données connues par des sources historiques ont pu être confrontées à la réalité archéologique lors de l’intervention de 2020-2021. Grâce à l’analyse interne et externe de la tour T1, les archéologues ont notamment pu étudier le mode constructif de la courtine du XIIIe siècle, le rôle de contrefort des tours semi-circulaires ajoutées deux siècles plus tard, et les constantes interventions de consolidation de ces ouvrages fortifiés.

Fouille en cours, avec à gauche, l'intérieur de la tour semi-circulaire ajoutée au XVe siècle
Fouille en cours, avec à gauche, l'intérieur de la tour semi-circulaire ajoutée au XVe siècle
Plan phasé des principaux vestiges
Plan phasé des principaux vestiges

Une occupation dense contre les remparts

Dans l’espace fortifié, c’est un habitat dense qui s’est développé, comme en témoigne le dessin réalisé pour l’armorial de Revel au milieu du XVe siècle. Une portion de maison a été retrouvée enfouie, avec une partie de ses murs et d’un sol pavé. Autre témoignage de la vie quotidienne, une canalisation recueillait les eaux usées du bourg pour les rejeter à l’extérieur de la ville, à travers le rempart.

Traces de la vie quotidienne au XIIIe siècle : habitation et réseau d’eaux usées
Traces de la vie quotidienne au XIIIe siècle : habitation et réseau d’eaux usées
Pot en céramique daté entre la seconde moitié du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle
Pot en céramique daté entre la seconde moitié du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle

Une phase de remblaiement

Durant la période Moderne, lorsque l’aspect défensif des remparts ne fut plus essentiel, les constructions furent rasées et l’espace intra-muros remblayé. Les terres apportées contenaient une grande quantité de déchets : carcasses d’animaux consommés, vaisselle brisée en céramique et en verre, ou encore objets métalliques, tous témoins de la vie quotidienne.
Le jardin de la famille de La Noérie, dont la maison est devenue l’actuel collège Victor de Laprade, occupait cet espace remblayé. Un belvédère fut aménagé à l’emplacement de la tour fouillée, probablement pour profiter de la vue dégagée sur les monts du Forez.

Et maintenant ?

Le collège Victor de Laprade a retrouvé l’intégralité de sa cour de récréation, tandis que les remparts consolidés vont continuer à témoigner du riche passé de Montbrison. Côté archéologie, un long travail d’analyse des données recueillies sur le terrain est en cours (relevés, photographies, objets, prélèvements, documents d’archive). Nos spécialistes se livrent à de minutieuses études, afin de comprendre comment on a vécu autour des remparts de Montbrison à partir du Moyen Âge. Tous les résultats seront réunis dans un rapport final abondamment documenté, et seront présentés au grand public sous la forme d’une conférence.

Opération d’archéologie préventive conduite entre octobre 2020 et septembre 2021 sur la commune de Montbrison (Loire), boulevard Duguet, en préalable à la consolidation et la mise en valeur du rempart.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Municipalité de Montbrison

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Cécile Rivals)