Archives de catégorie : Moyen-âge

04 – Fouille de deux squelettes

Il y a 2000 ans, des chiens et des hommes sous la place des Carmes à Clermont-Ferrand

Il y a 2000 ans, des chiens et des hommes sous la place des Carmes à Clermont-Ferrand

Sur le passé, la Place

En été 2019, durant 18 semaines, une équipe d’Archeodunum a investi la Place des Carmes en préalable à son réaménagement complet (fig. 1). La décision de faire procéder à ces investigations archéologiques revient au Service régional de l’archéologie (Ministère de la Culture), qui a également contrôlé la bonne exécution des travaux.
C’est la présence de vestiges antiques et médiévaux qui a justifié l’exploration de 2000 m2. Si le maintien des voiries et des réseaux enterrés ont restreint et morcelé la fouille, les découvertes faites par les dix archéologues sont très nombreuses. Elles lèvent largement le voile sur la longue histoire de ce site, de l’Antiquité à nos jours.

Une moisson de découvertes !

Pour la période romaine, la mieux représentée, plusieurs bâtiments appartiennent peut-être à une vaste villa (fig. 2). Ils sont jouxtés par des sépultures d’hommes et d’animaux. Au Moyen âge, on stocke à cet endroit de la nourriture dans des silos enterrés. Plus tard, des sépultures et des maçonneries semblent dessiner un pôle religieux. Enfin, des galeries souterraines d’époque contemporaine restent pour l’heure assez énigmatiques.

01 - Le chantier vu du ciel © Flore Giraud pour Archeodunum
01 - Le chantier vu du ciel © Flore Giraud pour Archeodunum
02 – Plan des principaux vestiges
02 – Plan des principaux vestiges

2000 m2 pour 2000 ans d’histoire

Il y a deux mille ans, lorsque Clermont est encore la ville romaine d’Augustonemetum, le secteur de la Place des Carmes fait partie de la marge nord-est de l’agglomération. Cette zone suburbaine est traversée par des voies d’accès, le long desquelles se développent des nécropoles. Elle accueille également les premiers domaines agricoles qui exploitent les campagnes environnantes. À la fin de l’Antiquité, la ville se rétracte derrière des remparts et le secteur reste inoccupé. C’est avec l’essor de l’entreprise Michelin, à partir de la seconde moitié du 19e siècle, que la place des Carmes embrasse sa véritable fonction d’espace urbain.

Une villa romaine ?

L’équipe a dégagé de nombreuses fondations de murs un peu partout sur le site. La partie centrale s’est avérée la plus riche, avec un bâtiment de plus de 650 m2 (fig. 3). Composé de plusieurs pièces, il comprend notamment une cave et un espace ouvert à l’est, muni de quatre puits.
À la limite ouest du chantier, une abside semi-circulaire, peut-être en lien avec des bains, annonce un édifice probablement plus luxueux, qui se déploie sous le bâtiment Michelin. À l’opposé, une série de murs appartient à une autre construction qui s’étend en direction de l’est.
Pour l’instant, il est difficile de savoir à quoi correspondent ces trois bâtiments. S’agit-il d’une villa (au sens antique du terme, à savoir un domaine agricole) et de ses dépendances ? ou de bâtiments autonomes ?
On relèvera qu’ils partagent une même orientation, et que celle-ci est différente de la trame régulière de la ville antique. Faut-il y voir l’influence d’une voie toute proche ?

03 – Secteur 2 : vue aérienne du grand bâtiment antique
03 – Secteur 2 : vue aérienne du grand bâtiment antique

Des carrières en circuit court

Au contact de ces constructions, une découverte notable est celle d’une série de vastes fosses d’extraction de pierre. Le sous-sol a servi de carrière, ce qui représente une source d’approvisionnement « zéro kilomètre » facile d’accès. On en veut pour preuve le fait que ce sont ces matériaux qui constituent les fondations des murs.

Des offrandes pour l’au-delà

Archeodunum a exploré plusieurs espaces funéraires d’époque romaine. Le plus important se situe au pied du site Michelin, à côté du bâtiment à abside. Il regroupe une trentaine d’inhumations (fig. 4). Des offrandes (vases miniatures et autres objets du quotidien) accompagnent certains défunts (fig. 5 et 6).

04 – Fouille de deux squelettes
04 – Fouille de deux squelettes
05 – Offrandes funéraires
05 – Offrandes funéraires
06 – Fiole en verre
06 – Fiole en verre

Des chiens et des hommes

Un aspect remarquable, et particulièrement émouvant, est la présence conjointe de nouveau-nés, ou de jeunes enfants, et de chiens (fig. 7 et 8). Cette association est une pratique assez répandue en Gaule, notamment chez les Arvernes. À l’instar de nos chiens d’aveugles, mais ici dans le monde des morts, cet animal semble remplir un rôle de guide ou d’accompagnant.

07 – Tombe d’un enfant
07 – Tombe d’un enfant
08 – Inhumation d’un chien
08 – Inhumation d’un chien

Au plus près des vivants

Des zones funéraires plus petites sont au contact des autres édifices antiques. Au centre du chantier, un espace funéraire investit la façade orientale du bâtiment de 650 m2. À l’est, c’est une sépulture de nouveau-né qui a été découverte dans l’habitation (fig. 9). Cette tombe illustre la pratique, très répandue durant l’Antiquité, d’enterrer les tout-petits au sein du foyer domestique.

09 – Tombe d’un nouveau-né
09 – Tombe d’un nouveau-né

Premiers éléments de chronologie

Les premiers résultats, fondés sur l’étude des objets, suggèrent de dater les vestiges entre la fin du Ier et le IIIe s. après J.-C. La fin de l’occupation antique est manifestée par des fosses de récupération de matériaux, ainsi que par le comblement des puits, utilisés comme dépotoirs après leur abandon (fig. 10).
Quant aux sépultures, nous en saurons plus avec les datations radiométriques (carbone 14) qui seront réalisées sur les ossements. Seul indice matériel, une monnaie déposée dans la bouche d’un défunt en guise d’obole nous situe dans les décennies centrales du IIIe siècle après J. C.

10 – Récolte de mobilier
10 – Récolte de mobilier

Silos médiévaux, morts modernes et défense passive ?

En plusieurs zones du site, l’équipe d’Archeodunum a fouillé de nombreuses grandes fosses datées du Moyen âge (fig. 11). Il s’agit sans doute de silos enterrés, destinés au stockage des denrées (notamment des céréales).
À l’est, c’est une nouvelle série de sépultures qui apparaît, associée à des murs. On y restitue un ensemble à vocation religieuse. Faut-il y voir un lien avec le couvent voisin des Carmes-Déchaux ?
Enfin, une découverte inattendue est celle de trois couloirs souterrains en pierre et en béton. À l’heure actuelle, deux hypothèses sont envisagées : une appartenance à un système de galeries liées à la défense passive mise en place dans les villes de la France de la Deuxième Guerre Mondiale ; ou, plus probablement, d’anciens équipements d’entretien ou de franchissement routier ou ferroviaire. La levée de ce mystère sera confiée à un spécialiste des archives…

11 – Fouille d’un silo
11 – Fouille d’un silo

… Et après ?

La moisson d’informations recueillie par l’équipe d’Archeodunum est très riche et va éclairer la longue histoire de cette périphérie clermontoise, de l’Antiquité à nos jours. Mais les investigations se poursuivent en laboratoire ! Durant plusieurs mois, une dizaine d’archéologues et de spécialistes vont mener des études pour affiner et exploiter les données du terrain. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport final abondamment documenté et argumenté.

Opération d’archéologie préventive conduite par Archeodunum entre mai et septembre 2019 sur la commune de Clermont-Ferrand (Auvergne), à la Place des Carmes-Déchaux, en préalable au réaménagement de la place.

Prescription et contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Clermont Auvergne Métropole

Co-maîtrise d’ouvrage : Manufacture de Pneumatiques Michelin

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Marco Zabeo)

Conférence à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône)

Le clocher roman restauré
Le clocher roman restauré
Surveillance archéologique en cours
Surveillance archéologique en cours
Le parement nord du rempart échafaudé
Le parement nord du rempart échafaudé

Le clocher de Sainte-Foy-lès-Lyon et ses abords du XIe au XXIe siècle : lecture archéologique des vestiges

Conférence grand public jeudi 13 février à 19h.

Espace culturel Jean Salles – 20 rue Châtelain, Sainte-Foy-lès-Lyon

Les travaux de restauration de l’église Sainte-Foy (XIXe siècle), qui ont débuté au printemps 2019 à l’initiative de la Mairie de Sainte-Foy-lès-Lyon, ont été l’occasion de mener une étude des vestiges archéologiques alentours suivant une prescription du Service Régional de l’Archéologie (DRAC Auvergne – Rhône-Alpes).

Notre intervention a principalement concerné les élévations du clocher-porche de l’ancienne église disparue, dont la forme et le décor en bichromie de pierres et de briques permettent de l’inscrire dans une tradition caractéristique de l’époque romane. La restauration de l’unique portion du rempart médiéval conservée en élévation a été également l’occasion d’en étudier la mise en œuvre et de remarquer la présence de reprises postérieures, en lien avec la restructuration du secteur. Enfin, une surveillance de tranchée réalisée le long du mur gouttereau ouest de l’église actuelle a révélé des vestiges de maçonneries, ainsi que des sépultures que l’on suppose appartenir à l’ancien cimetière. On sait que ce dernier était utilisé jusqu’au milieu du XVIIe siècle, date à laquelle l’espace d’inhumation paroissial a été déplacé autour de l’ancienne église.

Cette opération archéologique a permis d’étoffer nos connaissances du bâti ancien de la paroisse de Sainte-Foy, en apportant des éléments de restitution mais aussi de datation grâce à des analyses radiocarbone. Ce sont ces résultats que nous présenterons lors de la conférence du 13 février.

Camille Collomb

Relevé archéologique phasé de la façade nord du clocher
Relevé archéologique phasé de la façade nord du clocher
Fouille des sépultures en cours

Les preuves de la Peste noire à Toulouse

Vue du charnier 3408 : 142 individus
Vue du charnier 3408 : 142 individus
Vue du charnier 1771 : 100 individus
Vue du charnier 1771 : 100 individus
Détail du charnier 3408
Détail du charnier 3408
Détail d'une sépulture multiple
Détail d'une sépulture multiple

L’un de nos chantiers qui s’est déroulé en 2014 à Toulouse fait actuellement la Une de l’actualité scientifique par les témoignages qu’il donne de la dispersion du bacille de la Peste. L’occasion pour nous de revenir sur cette fouille exceptionnelle de la rue des 36 Ponts.

Du mois de mai au mois de novembre 2014, l’opération d’archéologie préventive réalisée au 16, rue des Trente-Six Ponts à Toulouse a mis en évidence plusieurs occupations humaines depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Ces découvertes, associées aux fouilles plus anciennes, permettent de préciser la connaissance de ce secteur périurbain de Toulouse.

Parmi ces vestiges, ceux appartenant au Moyen Âge sont les plus nombreux. Ils ont la particularité d’être relié directement à la seconde pandémie de peste, la peste noire, qui toucha Toulouse à partir de 1348.

Ainsi, le XIIIe et le XIVe s. correspondent à la principale phase d’occupation du site, tant par la densité que par la nature des vestiges. Dans un premier temps, durant le XIIIe s., le nord du site est occupé par deux ensembles, l’un à sol excavé et le second sur poteaux porteurs, probablement en lien avec une activité artisanale. Ces ensembles sont détruits et abandonnés à la fin du XIIIe s. Durant le XIVe s. d’autres ensembles à vocation artisanale s’implantent sur le site. Certains sont en lien avec le traitement de carcasses équines, d’autres avec la tabletterie et enfin le dernier ensemble est lié à la métallurgie du bronze et plus particulièrement la fonte de cloches. Cette occupation artisanale est contemporaine du cimetière de crise mis au jour dans la partie méridionale du site.

Ce cimetière se caractérise par la présence de 109 sépultures dont 80 sépultures simples et 29 sépultures plurielles (doubles, triples et quadruples) dont trois charniers. Ces sépultures renfermaient 452 individus (incluant les individus mis au jour durant le diagnostic) dont 311 inhumés dans les trois charniers. De nombreux éléments nous permettent d’attribuer la plupart de ces sépultures à l’épisode de peste ayant touché l’Europe occidentale à partir de 1347. La présence dans certaines sépultures d’émissions monétaire datant de 1347-1348 et plusieurs datations radiocarbones indiquent clairement le lien existant entre ces sépultures, qu’elles soient individuelles ou plurielles, et la pandémie du XIVe s. En outre, l’identification du bacille de la peste (Yersinia pestis) dans l’une des sépultures double permet à la fois de relier ces sépultures directement à la seconde pandémie de peste mais permet également de mieux cerner l’évolution du génome de la peste (son ADN) et de la pandémie (dispersion géographique et « chemins empruntés »). Un article est récemment paru dans la revue Nature Communication. L’étude présentée est le fruit d’une collaboration multinationale permettant de mieux comprendre la dispersion géographique et génomique du bacille de la peste durant la seconde pandémie (en anglais, http://www.nature.com/articles/s41467-019-12154-0).

            Ces différentes sépultures, simples comme multiples, nous permettent de comprendre comment les communautés médiévales ont fait face à la peste et comment elles ont enterré leurs défunts.

            Les grandes sépultures multiples, ou charniers, contiennent un très grand nombre d’individus (entre 69 et 141 individus). Cette disposition va à l’encontre des canons d’inhumation médiévaux. En effet, durant le Moyen Âge les sépultures sont le plus souvent individuelles avec parfois des regroupements familiaux notamment par le biais des caveaux. Mais ici, la présence d’autant d’individus montre le trop grand afflux de défunts. Cet afflux est trop important pour être « géré » selon les canons en vigueur hors temps de crise. Les contemporains de l’épidémie se sont donc adaptés afin d’inhumer rapidement l’ensemble des défunts. Un souci particulier est cependant accordé à ces morts. Ils ne sont pas jetés ou disposés anarchiquement dans les fosses. Au contraire, ils sont disposés soigneusement tête-bêche. Certains défunts ont été inhumés dans un linceul, ce qui ne semble pas être le cas de tous. Plusieurs défunts ont été inhumés avec des objets leur appartenant (boucle, bague, monnaie, vêtement, ceinture, etc). Cela pourrait indiquer soit la peur du corps défunt et contagieux soit la peur/ le dégoût de corps en trop mauvais état pour être dépouillé. En effet, durant le Moyen Âge, on inhume les défunts sans aucun objet ou vêtement afin de se rapprocher de l’état de pauvreté des apôtres et du christ.

            Les petites sépultures multiples (entre 2 et 5 individus) comme les sépultures individuelles montrent le même respect des défunts en adaptant les techniques d’inhumations à l’urgence de la situation.

            La découverte d’un cimetière dédié aux pestiférés est un fait relativement rare pour être souligné. D’autant que les données archéologiques permettent de dater précisément ces inhumations des années 1348-1350. La découverte de charniers est une première en France pour cette période. Auparavant, on ne connaissait des exemples aussi bien documenté qu’en Angleterre. Le nombre de sépultures et d’individus mis au jour sur le site en fait le troisième corpus européen ayant trait à l’inhumation de pestiférés.

La fin du XIVe s. marque l’arrêt des occupations artisanales et funéraires du site. Les vestiges des XVe et XVIe s. confirment la nette déprise de l’occupation de ce secteur du faubourg Saint-Michel. Le mobilier céramique de la première moitié du XVe s. est d’ailleurs absent alors que le XIVe s. a fourni le lot le plus important.

Ce n’est qu’à partir du XVIIe s. que l’on observe une reprise de l’occupation. Celle-ci correspond aux premières constructions en briques donnant sur la rue du Sauzat. Leur présence traduit à la fois l’expansion démographique de la ville et la pression foncière de plus en plus importante au sein du faubourg Saint-Michel. Les abords immédiats de la ville étant lotis, les constructions sont alors réalisées de plus en plus loin des accès à la ville. C’est une période de densification de l’espace bâti. Ce phénomène se fait d’abord à proximité de la rue, sur les espaces disponibles ou en réaménageant des espaces déjà bâti. Cette densification se réalise alors en direction du cœur de l’îlot ou occupé essentiellement par des jardins et vergers.

Enfin, l’érection progressive du groupe scolaire Montalembert Notre-Dame depuis la fin du XIXe s. jusqu’au premières années du XXIe s. marque les derniers vestiges de l’occupation du site.

Mickaël Gourvennec

Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour

Recherches archéologiques au château de la Groulais à Blain

Recherches archéologiques au château de la Groulais à Blain

Vue générale de la tour d’artillerie et du chantier en cours (Ukko / Archeodunum)
Vue générale de la tour d’artillerie et du chantier en cours (Ukko / Archeodunum)
Vue verticale de la tour en cours de fouille (Ukko / Archeodunum)
Vue verticale de la tour en cours de fouille (Ukko / Archeodunum)
Fouille mécanique des couches supérieures moins sensibles
Fouille mécanique des couches supérieures moins sensibles
Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour
Fouille manuelle du riche dépotoir de la seconde moitié du XVIe siècle, au niveau du rez-de-cour de la tour

Entre avril et octobre 2019, les archéologues d’Archeodunum ont investi le château de la Groulais à Blain (Loire-Atlantique) pour réaliser des recherches archéologiques dans le cadre de la restauration de la tour d’artillerie sud-est, un imposant ouvrage construit vers 1500. En complément, une fouille a été réalisée aux abords du pont d’accès à la forteresse. Cette dernière phase de travaux  commandée par la Ville de Blain, accompagnée par la DRAC des Pays de la Loire, a complété les résultats d’une précédente campagne menée en 2015.

La fouille des sédiments de la tour

Dans un premier temps, l’intervention a consisté à la fouille de l’intérieur de la tour d’artillerie, laquelle avait été remblayée au fil des siècles. Ainsi, ce sont plus de 7 m de sédiments qui ont été étudiés par les archéologues pour atteindre la base des fondations de l’ouvrage défensif. Au cours de la fouille, plusieurs niveaux de rejets ont été traversés. L’un d’eux est à mentionner, car il a livré un nombre impressionnant d’artefacts témoignant de la grande richesse des occupants des lieux. La datation de cette couche a permis de déterminer qu’il s’agissait vraisemblablement des « poubelles » des Rohan, puissante famille bretonne, rejetée dans la seconde moitié du XVIe siècle. Les objets découverts permettront d’avoir une vision complète des consommations matérielle (vaisselier en céramique et en verre notamment) et alimentaire (ossements d’animaux, arêtes de poissons et coquillages). Il est également à noter qu’un canon portatif, accompagné de ses balles en plomb et du moule servant à les fabriquer a été retrouvé dans ce dépotoir. Il s’agit d’une découverte archéologique de premier plan, car peu d’armes anciennes ont été découvertes en contexte, qui plus est accompagnées de leurs munitions et du moule. L’arme est en cours de traitement au laboratoire Arc’antique (Nantes). Son étude prochaine nous permettra de déterminer le type de canon (couleuvrine à main ? haquebute ?) ainsi que sa chronologie.

L’étude des fortifications

En complément de la fouille de la tour d’artillerie, une étude du bâti a été effectuée sur l’ensemble de ses élévations, intérieures et extérieures. Cette étude a permis de mettre en évidence plusieurs phases de chantier liées à la construction de ce puissant ouvrage aux murs atteignant jusqu’à 8 m d’épaisseur. Quelques reprises ponctuelles ont également été mises en évidence sur certaines parties de la tour (modifications de baies, reprises de parement…). Cette intervention permettra à terme de compléter nos connaissances sur les fortifications bretonnes de la fin du Moyen Âge, particulièrement dans le contexte des campagnes menées par Jean II de Rohan à la charnière des années 1500.

Une étude du bâti a également été réalisée sur une tour médiévale, la tour des Prisons. Cette construction, datée du XIVe siècle, a été intégrée dans la puissante tour d’artillerie au moment de son édification. Cette phase de l’intervention a permis de mieux comprendre les modifications qui ont affecté cet angle du château entre le XIVe siècle et la période contemporaine. Elle a démontré que le programme architectural d’origine de la tour des Prisons est particulièrement bien conservé. Ainsi, plusieurs aménagements (cheminées, baies, latrines) sont encore en place et permettent de mieux comprendre comment cette construction s’insérait dans le château du XIVe siècle, lequel demeure relativement bien conservé à Blain.

Le pont d’accès

Enfin, dans un dernier temps, les archéologues sont intervenus aux abords du pont d’accès de la résidence seigneuriale. Ici, ce sont principalement les aménagements modernes mis en place dans le fond des douves qui ont été appréhendés. En effet, au cours des XVIIe-XVIIIe siècles, cet espace sert de lieu d’agrément et de lieu de promenade ce qui a conduit à la mise en place de terrasses au pied des remparts et de la contrescarpe des douves pour pouvoir y circuler au sec. En complément, cette intervention a permis de dégager la base de la tour du Pont-Levis, ouvrage de la seconde moitié du XIVe siècle. L’exutoire des latrines a notamment été retrouvé lors de ces terrassements.

Un important travail d’étude reste à mener à la suite de cette opération, mais nous pouvons d’ores et déjà dire qu’elle apportera des informations de premier ordre sur les consommations de la haute aristocratie bretonne de la fin du Moyen Âge. Les données relatives au bâti permettront quant à elles de compléter nos connaissances sur les travaux menés par les familles de Clisson et de Rohan à Blain. À l’échelle régionale, cette opération permettra d’aborder le rôle important joué par Jean II de Rohan dans la fortification de plusieurs places-fortes bretonnes à la charnière des années 1500 (comme Pontivy ou la Roche-Maurice).    

Fabien Briand

Canon portatif découvert dans les sédiments de la tour (Jean-Gabriel Aubert, Arc'Antique / Archeodunum)
Canon portatif découvert dans les sédiments de la tour (Jean-Gabriel Aubert, Arc'Antique / Archeodunum)
Fermoir métallique décoré
Fermoir métallique décoré
Cheminée de la salle du rez-de-cour, après sa découverte
Cheminée de la salle du rez-de-cour, après sa découverte
Relevé de l'église Saint-Christophe de Vienne (Isère)

L’archéologie du bâti aujourd’hui et demain à Archeodunum

L’archéologie du bâti aujourd’hui et demain à Archeodunum

Peinture murale de Saint-Christophe à Vienne (Isère)
Peinture murale de Saint-Christophe à Vienne (Isère)
Vue de la grande bonde normalement immergée au fond de l'étang de Montjoux à Saint-Jean-de-Bournay (Isère)
Vue de la grande bonde normalement immergée au fond de l'étang de Montjoux à Saint-Jean-de-Bournay (Isère)

L’archéologie ne se limite pas au sous-sol et à la « frontière du bitume », mais elle s’intéresse aussi aux élévations et aux vestiges bâtis, du modeste au monumental. Les archéologues d’Archeodunum mènent ce type d’opérations sur prescription des services régionaux de l’archéologie ou sur demande des Monuments historiques.

L’archéologie du bâti est une discipline en constante évolution dont la diversité des méthodes a fait l’objet d’un colloque récent. Cette réunion scientifique, intitulée « L’archéologie du bâti aujourd’hui et demain »  s’est tenue à Auxerre du 10 au 12 octobre 2019, et elle a été l’occasion aux équipes d’Archeodunum de présenter plusieurs de leurs opérations.

Les quatre posters proposés ici , à travers un nombre limité d’exemples, dressent donc un panorama des missions d’archéologie du bâti mené au sein d’Archeodunum ces dernières années.

Vue d'ensemble du Château de la Groulais à Blain (Loire-Atlantique)
Vue d'ensemble du Château de la Groulais à Blain (Loire-Atlantique)
Charpente peinte de l'église de l'Annonciade à Bourges (Cher)
Charpente peinte de l'église de l'Annonciade à Bourges (Cher)

Nos fouilles en vidéo

Dans le courant de 2018, deux de nos opérations ont été filmées sur plusieurs mois, permettant d’observer la progression de la fouille sur le temps long.

Il s’agit de deux fouilles qui ont duré plus de six mois, avec à chaque fois de grandes équipes d’archéologues et de spécialistes, mais pour fouiller deux sites totalement opposés en terme de surface concernée, de type de vestiges, de chronologie et donc de méthodes.

La fouille d’un grand site gaulois

La première d’entre elle concerne la fouille d’un site d’habitat de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer à Saint-Marcel (Saône et Loire). Ici, le décapage mécanique concerne une très grande superficie (plus de 40 000 m²) et les pelles mécaniques enlèvent la terre végétale sur l’ensemble de la surface. Par la suite les archéologues fouillent à la main des centaines de structures en creux, vestiges d’un habitat en terre et bois aujourd’hui disparu. La minipelle vient par la suite aider à la fouille des structures plus importantes tels le fossé d’enclos gaulois et les puits profonds.

Téléchargez la plaquette de présentation du site

La fouille d’un cimetière dense médiéval et moderne

La seconde opération correspond à la fouille d’un enclos paroissial du XIVe siècle à Epagny-Metz-Tessy (Haute-Savoie). Ici, la surface concernée est beaucoup plus réduite (environ 1500 m²), mais son décapage a mis au jour quelques vestiges de l’église disparue et surtout plus de 400 sépultures provenant du cimetière médiéval et moderne attenant. La fouille de ces structures funéraires prend beaucoup de temps et on peut voir l’avancée des archéologues avec à nouveau l’aide d’une minipelle qui sert ici à redécaper certaines surfaces pour retrouver des sépultures plus profondes.

Téléchargez la plaquette de présentation du site

Fouille d’un monastère médiéval et moderne proche de Grenoble

Base de colonne du XIIe siècle marquant le passage au transept
Vue d'une grande salle de l'aile sud, interprétée en tant que réfectoire
Vue aérienne des niveaux de sols conservés des XVIIe et XVIIIe s. dans les ailes sud et est. Cliché F. Giraud
Caveau funéraire d'une des chapelles de l'église

L’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève (Isère) a été bâti au XIXe siècle sur les vestiges de l’ancien monastère Saint-Robert le Cornillon. D’importants travaux impactent l’ensemble du prieuré, qui fait l’objet d’une vaste fouille archéologique préventive.

 

Fondé dans les années 1070 par les premiers comtes du Dauphiné, le prieuré est placé sous la dépendance de l’abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu.

L’ensemble médiéval est organisé autour d’un cloître rectangulaire de 350 m², avec des galeries larges de 3 m. L’église est composée d’une large nef à bas-côtés divisée en 4 travées, délimitant 8 chapelles. Un transept asymétrique, au bras sud plus développé, relie l’église à l’aile orientale. Le chœur, visiblement reconstruit à la période gothique, est composé d’un chevet à pans coupés, en très grande partie récupéré.

L’aile orientale est agrandie à l’est par une série de bâtiments dont la nature n’a pas encore été identifiée. L’aile sud est composée d’une vaste salle qui pourrait correspondre au réfectoire et d’une pièce équipée d’un foyer central et d’une canalisation qui évoque des cuisines.

Un ensemble de bâtiments forme l’angle sud-ouest des bâtiments conventuels, alors que l’aile sud se prolonge à l’est, au-delà du carré claustral. Un simple mur de clôture ferme le cloitre entre ces constructions et l’angle sud-ouest de l’église.

Le flanc méridional du prieuré est longé par un important collecteur maçonné, plusieurs fois remanié.

 

Partiellement détruit lors des Guerres de Religion, le prieuré est entièrement reconstruit entre 1658 et 1660, à l’exception de l’église, sous l’impulsion réformatrice de la congrégation de Saint-Maur.

Les bâtiments conventuels reprennent en partie les fondations anciennes. Si la structure de l’église évolue peu, le cloitre est agrandi vers l’ouest et le sud et un nouveau collecteur est construit, toujours sur le flanc méridional du carré claustral. L’aile orientale concentre les fonctions liturgiques et administratives (sacristie, salle du Chapitre), l’aile sud les fonctions domestiques (réfectoire, cuisines) et l’aile occidentale les dépendances (celliers).

 

Quatre secteurs d’inhumation se distinguent :

  • Le cimetière paroissial, à l’ouest de l’église, concentre de très nombreuses inhumations.
  • Le cloître abrite des sépultures au fond des galeries.
  • L’église accueille quelques tombeaux, essentiellement dans les chapelles.
  • Le chevet de l’église polarise une aire sépulcrale dont l’étendue n’a pas encore été définie, qui pourrait correspondre au cimetière de la communauté monastique.

 

Après la Révolution, l’ensemble conventuel est acheté par le Département (1812), qui transforme le site en reste en dépôt de Mendicité puis en asile départemental d’aliéné à partir des années 1840. Les bâtiments sont alors profondément remaniés et intégrés à un ensemble pavillonnaire qui constituait l’hôpital jusqu’aux récents travaux.

Les bâtiments conventuels sont intégralement conservés. La nef de l’église est entièrement reconstruite entre 1840 et 1848, le chœur liturgique étant préservé pour servir de chapelle. Ce dernier est détruit entre 1860 et 1878 pour laisser place à un pavillon d’entrée, qui donnera à la blanchisserie de l’hôpital son aspect définitif.

Le cloitre est également détruit, une galerie étant maintenue au sud avec de nouvelles arcades. La moitié nord de l’aile ouest est détruite, afin d’aligner sa façade nord avec celle de l’aile orientale. Elle est reconstruite au XXe siècle pour se raccorder à une extension du bâtiment.

David Jouneau

Etude de l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime)

Fondée en 654 par Saint-Philibert, avec le soutien de la reine Bathilde, l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime) est l’un des plus vastes ensembles monastiques conservé en France. Monument phare de la Normandie orientale, ces ruines pittoresques ont autant inspiré les artistes romantiques de la deuxième moitié du XIXe siècle qu’elles ont suscité de débats au sein de plusieurs générations de chercheurs (historiens, historiens de l’art, archéologues, architectes…).

Dans la continuité des travaux menés sur l’église abbatiale Notre-Dame, le Département de Seine-Maritime, propriétaire de l’abbaye, a entrepris un vaste projet de restauration de l’église Saint-Pierre, située au sud de l’abbatiale, et du passage Charles VII qui relie les deux édifices. Dans ce cadre, une étude monumentale et sanitaire a été réalisée par un groupement d’entreprises (Archeodunum SAS pour l’étude archéologique des élévations, Studiolo pour l’étude des enduits peints, h2o pour l’étude sanitaire de l’édifice).

Ces études ont apporté des compléments notables à la restitution du plan de l’église carolingienne, essentiellement au niveau du massif occidental qui était peu étudié jusqu’alors. Ce massif était constitué de deux tourelles d’escalier encadrant un porche voûté, surmonté d’une tribune ouverte sur la nef par une large baie en plein cintre. Dans les tourelles d’escalier, des paliers éclairés par des baies géminées permettaient d’accéder à des tribunes aménagées au-dessus des bas-côtés. Les nouvelles datations 14C, et leur mise en perspective avec les datations déjà réalisées par nos prédécesseurs, permettent de faire remonter la construction à la fin du VIIIe siècle, ce qui ferait du massif occidental de Saint-Pierre l’un des plus anciens d’Europe.

L’étude a également révisé la totalité de la chronologie admise pour les reconstructions gothiques. Celles-ci, concentrées sur le XIVe siècle, suivent un plan cohérent qui semble respecter une volonté de conserver les volumes de l’édifice. Pour autant, les reconstructions n’offrent pas une image homogène, une asymétrie assumée distinguant les bas-côtés nord et sud. Cette mise en valeur différente des espaces (bas-côtés, travée occidentale de la nef) illustrent probablement des fonctions liturgiques qui nous échappent encore largement.

Cette étude constitue donc un renouvellement important des connaissances sur le site lui-même et offre plus largement de remarquables perspectives pour la compréhension des édifices carolingiens.

 

David Jouneau

Des fouilles au Puy-du-Fou

Avant d’accueillir un parc dont la renommée internationale ne se présente plus, le Puy du Fou était le siège d’une importante seigneurie. Dans le cadre de l’extension du parc, aux abords immédiats du château, un hameau déserté connu sous le nom de Bourg-Bérard a fait l’objet d’une fouille en deux tranches. La première, concernant la moitié nord de l’assiette du projet, a été réalisée pendant l’hiver 2014-2015. La seconde est reportée à une date non définie.

À l’exception d’un angle d’enclos gaulois, situé en limite nord-est de l’emprise de la fouille, les vestiges correspondent exclusivement à une occupation médiévale et moderne.

L’étude du mobilier céramique a permis de mettre en évidence une première occupation, entre le XIe et le XIIIe siècle, qui reste encore difficile à caractériser. Le site est essentiellement occupé par une vaste habitation du XVIe siècle, qui couvre une surface de 368 m² – espaces pavés compris.

La maison elle-même est composée de deux ailes en retour d’équerre. La présence d’une cheminée dans la pièce située au nord, associée à de nombreux fragments de céramiques liées à la préparation des repas, d’un évier en pierre monolithe aménagé dans l’épaisseur du mur de la pièce sud, et d’une annexe équipée d’un four et d’un point d’eau, nous laisse supposer des fonctions avant tout domestiques. L’épaisseur importante des fondations et la présence d’un massif extérieur, évoquant un soubassement d’escalier, suggèrent la présence d’au moins un étage, où seraient concentrées les pièces à vivre.

De nombreux aménagements ont été réalisés pour drainer l’espace habité : canalisations maçonnées, fondations drainantes et un important collecteur longeant l’habitation sur son côté occidental. L’ensemble des eaux de ruissellement était canalisé vers des aménagements hydrauliques, construits au sud, composés d’un puisard et de deux bassins. Le premier bassin, maçonné, était alimenté par une canalisation longeant le côté oriental de l’habitation et le trop-plein du puisard. Il était accessible par une pente relativement raide à l’ouest, suggérant une fonction de pédiluve. Il communiquait vraisemblablement avec le second bassin, de forme allongée, par un système de vanne. Ce bassin pouvait être aménagé avec des matériaux périssables et un alignement de bloc formait une sorte de margelle sur son côté est.

Ces aménagements hydrauliques avaient certainement une fonction agro-artisanale. Les études palynologiques réalisées sur les sédiments de leur comblement ont écarté la fonction de bassin de rouissage. Toutefois, le contexte agro-pastoral, la présence attestée de marchands dans le hameau et la similitude des ces bassins avec des aménagements destinés au lavage à froid de la laine de mouton pourraient orienter l’interprétation de ces structures comme faisant partie d’un complexe destiné à la production de la laine au XVIe siècle.

David Jouneau

Découverte d’une église paléochrétienne à Aoste (Isère)

Plan des vestiges (DAO Archeodunum)
Poteau en bois et son calage (Cliché Archeodunum)
Vue aérienne de l’église (Cliché F. Giraud)

Découverte d’une église paléochrétienne à Aoste (Isère)

Les fouilles menées sur le site de la ZAC PIDA à Aoste ont été motivées par la découverte, lors de l’opération de diagnostic, de vestiges interprétés alors comme un probable bâtiment antique, associé à des inhumations plus tardives. L’accent était également mis sur la problématique des nombreux paléochenaux qui traversent le site de toute part. Il s’est avéré à la suite du décapage extensif du site qu’il s’agissait en réalité d’une probable église paléochrétienne, effectivement associée à une vingtaine de sépultures à inhumation, mais également à un habitat vraisemblablement contemporain, ou du moins en partie.

Une double enceinte fossoyée, délimitant une surface d’environ 2700 m², accueille outre l’église, plusieurs bâtiments d’habitation (au moins une dizaine) matérialisés par environ 300 trous de poteau, diverses fosses (une douzaine), et un puits. L’organisation de l’espace interne semble se dessiner par quart, avec dans le quart nord-est l’église et les sépultures, dans le quart sud-est, un espace vide dont la fonction n’est pas encore déterminée (place, zone potagère…), dans le quart sud-ouest un puits, des fosses d’extraction et dépotoirs, et probablement deux ou trois bâtiments (vocation agricole ? greniers ?), et dans le quart nord-ouest les bâtiments d’habitation.

Les murs de l’église ont très largement été récupérés à une période encore non définie, ce qui a notamment entrainé des perturbations sur les inhumations. Ces dernières prennent place à l’extérieur et à l’intérieur de l’édifice, elles sont orientées soit nord/sud (tête au nord) soit est/ouest (tête à l’ouest).

En dehors de l’enceinte, quelques greniers sur poteaux ont été mis au jour, ainsi qu’un bâtiment imposant (à l’angle sud-ouest de l’enceinte), qui a livré des poteaux en bois conservés de 0,80 m à 1 m de haut pour une largeur d’environ 0,40 m. On dénombre également quelques fossés et un probable fond de cabane.

Le mobilier archéologique très rare sur ce site, n’a pas permis au moment de la fouille de préciser la chronologie des différents vestiges. La majorité de la céramique rappelle néanmoins le début du haut Moyen-Âge. Une datation 14C a été réalisée sur un charbon provenant d’un des fossés de l’enclos et donne une fourchette comprise entre 560 et 650 apr. J.-C.

Les études étant actuellement en cours, de nombreuses questions restent encore en suspens, notamment concernant la date de sa création et sa durée d’occupation.

Ce site, qui pourrait s’apparenter à un enclos ecclésial, s’avère exceptionnel car il est très rare de pouvoir associer une église à un habitat clairement délimité.

Marie-Josée Ancel