Archives de catégorie : Pays

Pays de réalisation de l’actualité

Fouille en cours sur le site d'Auneau

Découverte d’un habitat antique à Auneau (Eure-et-Loir)

Vue d'ensemble de la cave
Potentielle aire de battage
Potentielle aire de battage

Entre avril et juillet 2017, une opération archéologique a été réalisée sur la commune d’Auneau (Eure-et-Loir), en amont d’un projet de lotissement. Située au niveau de la confluence de l’Aunay et de la Voise, la commune d’Auneau est connue pour être occupée dès le Paléolithique. Cependant la rive droite de la vallée de l’Aunay est encore peu connue, une fouille a donc été prescrite sur une surface de 15 000 m² au lieu-dit des Nonains. Elle a permis la mise au jour de quelques éléments protohistoriques et d’un habitat rural antique.

Les vestiges protohistoriques sont matérialisés par un nombre restreint de structures en creux. Ces dernières, localisées dans l’est du site, ne permettent pas d’affirmer la présence d’une occupation à proprement parlé.

L’occupation antique est présente sur l’ensemble de l’emprise et est datée du Ier au IIe siècle de notre ère. Il s’agit d’un habitat rural constitué d’un enclos maçonné et de plusieurs bâtiments. L’un de ces bâtiments correspond à une habitation à galerie de façade dont plusieurs états ont été identifiés, dont l’un avec ajout d’une pièce chauffée sur hypocauste.

Les autres bâtiments, dont trois sont accolés à l’enclos maçonné, correspondent à des bâtiments d’exploitation. Un bâtiment situé en face du bâtiment principal peut être interprété comme un porche. Les bâtiments sont de structure simple (une pièce) à l’exception d’un. En effet, une grange a pu être mise en évidence au sud-est de l’emprise, près d’une petite voie. Le bâtiment est composé d’un espace principal rectangulaire, flanqué de deux pavillons à l’ouest de ce dernier.

A l’intérieur de cet habitat, d’autres structures ont pu être mises au jour, telles que des fours, des puits, une potentielle aire de battage et des structures de combustions dont la fonction n’est pas encore identifiée. Ces dernières sont localisées dans la partie est du site et sont réparties en deux ensembles, un de quatre structures et un de six. Ces batteries ont été mises au jour sous des bâtiments agricoles et n’ont livrées aucun mobilier ni aucun indice quant à leur fonction et leur datation.

La démolition du bâtiment résidentiel et de ses bâtiments d’exploitation signe l’abandon de l’occupation.

Adélaïde Hersant

Vue de deux structures de combustion en cours de fouille
Vue de deux structures de combustion en cours de fouille
Vue de l'un des puits
Vue de l'un des puits
Vue aérienne du site
Vue aérienne du site

Des berges antiques sous le siège du CIO à Lausanne

Aménagements de quai, époque romaine (Archeodunum SA)
Dépôt d’amphores, époque romaine (Archeodunum SA)

Entre février 2016 et avril 2017, les travaux d’agrandissement du siège du Comité International Olympique ont permis d’explorer le site de Lausanne-Vidy sur une surface de 8000 m2, dans un secteur connu depuis longtemps pour sa richesse patrimoniale et partiellement fouillé entre 1984 et 2006. L’intervention a été réalisée par l’entreprise Archeodunum SA, sur mandat de la section d’Archéologie cantonale vaudoise.

Les quais de la ville romaine, dégagés sur 130 m de longueur, sont entièrement consolidés par des enrochements et des centaines de pieux en chêne, derrière lesquels sont parfois conservés des madriers horizontaux. Des empreintes de poutres et de poteaux internes, avec divers éléments de fixation, suggèrent l’existence de plateformes planchéiées. Un long entrepôt occupe une partie des quais, à proximité d’un édifice muni de pièces chauffées et de latrines. Deux jetées, découvertes à 190 m de distance l’une de l’autre, devaient délimiter un espace de navigation protégé et fonctionner comme débarcadères en période de basses eaux. Ces différents aménagements offrent une vision unique des installations portuaires qui firent la prospérité de Lousonna. Les dizaines d’amphores retrouvées sur le site témoignent aussi de cette intense activité commerciale, contrôlée par des corporations de bateliers comme celle des Nautes du Léman (Nautae lacus Lemanni). Le secteur est vraisemblablement désaffecté au 3e ou au début du 4e siècle, alors que les rives du lac sont déjà en partie ensablées.

A partir de la fin du 7e ou au 8e siècle, un cimetière se développe autour d’une église paroissiale connue uniquement par des sources écrites. Les 317 tombes fouillées en 2016 suivent des orientations variables et comportent généralement des aménagements en bois et/ou en pierre, à l’exception de quelques défunts inhumés en « pleine terre ». Aux abords de la zone funéraire, plus de 400 fosses et trous de poteaux correspondent à une occupation datée de la fin du 8e au 13e siècle, avec des bâtiments présentant pour certains des indices d’activité artisanale. Ces constructions attestent pour la première fois l’existence d’un établissement médiéval sur les rives lausannoises du lac Léman, à 3 km du siège épiscopal installé sur la colline de la Cité.

Dans la partie sud du chantier, on retrouve des aménagements extérieurs (murs de clôture, canalisations, cours pavées, etc.) appartenant aux différentes propriétés privées qui se sont succédé sur le site depuis la Réforme, jusqu’à l’actuel « château » de Vidy (1771-1776).

Romain Guichon

Dépôt de vaisselle en céramique et en verre, époque romaine (Y. André, MCAH)
Cimetière d’époque médiévale (Archeodunum SA)

Fouille d’un monastère médiéval et moderne proche de Grenoble

Base de colonne du XIIe siècle marquant le passage au transept
Vue d'une grande salle de l'aile sud, interprétée en tant que réfectoire
Vue aérienne des niveaux de sols conservés des XVIIe et XVIIIe s. dans les ailes sud et est. Cliché F. Giraud
Caveau funéraire d'une des chapelles de l'église

L’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève (Isère) a été bâti au XIXe siècle sur les vestiges de l’ancien monastère Saint-Robert le Cornillon. D’importants travaux impactent l’ensemble du prieuré, qui fait l’objet d’une vaste fouille archéologique préventive.

 

Fondé dans les années 1070 par les premiers comtes du Dauphiné, le prieuré est placé sous la dépendance de l’abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu.

L’ensemble médiéval est organisé autour d’un cloître rectangulaire de 350 m², avec des galeries larges de 3 m. L’église est composée d’une large nef à bas-côtés divisée en 4 travées, délimitant 8 chapelles. Un transept asymétrique, au bras sud plus développé, relie l’église à l’aile orientale. Le chœur, visiblement reconstruit à la période gothique, est composé d’un chevet à pans coupés, en très grande partie récupéré.

L’aile orientale est agrandie à l’est par une série de bâtiments dont la nature n’a pas encore été identifiée. L’aile sud est composée d’une vaste salle qui pourrait correspondre au réfectoire et d’une pièce équipée d’un foyer central et d’une canalisation qui évoque des cuisines.

Un ensemble de bâtiments forme l’angle sud-ouest des bâtiments conventuels, alors que l’aile sud se prolonge à l’est, au-delà du carré claustral. Un simple mur de clôture ferme le cloitre entre ces constructions et l’angle sud-ouest de l’église.

Le flanc méridional du prieuré est longé par un important collecteur maçonné, plusieurs fois remanié.

 

Partiellement détruit lors des Guerres de Religion, le prieuré est entièrement reconstruit entre 1658 et 1660, à l’exception de l’église, sous l’impulsion réformatrice de la congrégation de Saint-Maur.

Les bâtiments conventuels reprennent en partie les fondations anciennes. Si la structure de l’église évolue peu, le cloitre est agrandi vers l’ouest et le sud et un nouveau collecteur est construit, toujours sur le flanc méridional du carré claustral. L’aile orientale concentre les fonctions liturgiques et administratives (sacristie, salle du Chapitre), l’aile sud les fonctions domestiques (réfectoire, cuisines) et l’aile occidentale les dépendances (celliers).

 

Quatre secteurs d’inhumation se distinguent :

  • Le cimetière paroissial, à l’ouest de l’église, concentre de très nombreuses inhumations.
  • Le cloître abrite des sépultures au fond des galeries.
  • L’église accueille quelques tombeaux, essentiellement dans les chapelles.
  • Le chevet de l’église polarise une aire sépulcrale dont l’étendue n’a pas encore été définie, qui pourrait correspondre au cimetière de la communauté monastique.

 

Après la Révolution, l’ensemble conventuel est acheté par le Département (1812), qui transforme le site en reste en dépôt de Mendicité puis en asile départemental d’aliéné à partir des années 1840. Les bâtiments sont alors profondément remaniés et intégrés à un ensemble pavillonnaire qui constituait l’hôpital jusqu’aux récents travaux.

Les bâtiments conventuels sont intégralement conservés. La nef de l’église est entièrement reconstruite entre 1840 et 1848, le chœur liturgique étant préservé pour servir de chapelle. Ce dernier est détruit entre 1860 et 1878 pour laisser place à un pavillon d’entrée, qui donnera à la blanchisserie de l’hôpital son aspect définitif.

Le cloitre est également détruit, une galerie étant maintenue au sud avec de nouvelles arcades. La moitié nord de l’aile ouest est détruite, afin d’aligner sa façade nord avec celle de l’aile orientale. Elle est reconstruite au XXe siècle pour se raccorder à une extension du bâtiment.

David Jouneau

Un site archéologique exceptionnel à Sainte-Colombe, le Bourg (Rhône)

Dans les faubourgs de la ville antique de Vienne se déroule actuellement une fouille archéologique préventive sur une parcelle de 5500 m², en préalable à la construction de quatre immeubles de logements. La commune de Sainte Colombe est connue depuis le XIXe siècle pour sa sensibilité archéologique, notamment après la découverte de plusieurs mosaïques témoignant de la présence de riches demeures appartenant à la colonie romaine de Vienna.

Un vaste espace public au bord du fleuve

A la suite du diagnostic réalisé par Michel Goy (Inrap), les premières investigations conduites par  Archeodunum, sous la responsabilité de Benjamin Clément, ont révélé un secteur public à l’est, en bordure des quais du Rhône, qui correspond à une vaste place dotée d’une fontaine monumentale et bordée de portiques soutenus par trois rangées de colonnes. Cet aménagement d’envergure correspond sans doute à un vaste gymnase en lien avec les Thermes du Sud qui bordent l’emprise de fouille. Il est implanté au début du IIe siècle et se développe sur une surface restituée de prés de 1350 m².
Il vient supplanter un premier espace public du Ier siècle qui prend la forme de séries de boutiques (tabernae) dédiées à la production artisanale (métallurgie, vente de denrées alimentaires, etc…) et entourant une vaste place dotée d’un bassin d’agrément. Un entrepôt vient compléter ces aménagements qui sont sans doute liés à la présence toute proche des quais du Rhône. Au IVe siècle, le gymnase est abandonné et un grenier sur plancher et vide sanitaire est implanté dans la partie nord-ouest du secteur. Enfin, une nécropole du haut Moyen-Âge comprenant une quarantaine de sépultures constitue la dernière trace d’occupation du site.

La voie de Narbonnaise et ses abords

La voie de Narbonnaise, édifiée par Agrippa autour des années 10 av. J.-C., limite cette opération à l’ouest. Elle est pavée de larges dalles de granite et longée par un portique monumental ouvrant sur des espaces à destination économique et artisanale. En fond de parcelle, une première domus organisée autour d’un petit jardin de 70 m² a été reconnue dans son intégralité. Sa décoration est soignée comme en témoigne la découverte d’un cubiculum (bureau) de 16 m² dotée d’une mosaïque dont le médaillon central représente l’enlèvement de Thalie, la muse de la comédie, par Pan, une divinité de la suite bachique.
Une seconde domus organisée autour d’un vaste jardin est en cours d’exploration plus au nord. Elle a été détruite par un incendie dans la seconde moitié du IIe siècle, préservant sa riche décoration ainsi que ses étages effondrés sur les sols du rez-de-chaussée. Cet état de conservation exceptionnel laisse présager de nombreuses et riches découvertes et permettra d’appréhender avec une grande précision la vie quotidienne dans la ville antique de Vienne.

Découvertes néolithiques et protohistoriques autour de Pontivy

Vue du fossé palissadé de Kernaud 1
Vue aérienne de l'épandage à Kernaud 2
Vue d'un des bâtiments néolithiques de Neulliac
Vue aérienne d'un des enclos de l'âge du Bronze de Neulliac

Entre le mois d’octobre 2016 et le mois de juillet 2017, pas moins de trois fouilles ont été réalisées aux abords de l’agglomération de Pontivy (Morbihan) : deux dans le cadre du contournement nord de la ville, et une actuellement en cours pour l’aménagement d’un futur parc d’activités. Ces fouilles réalisées par les équipes d’Audrey Blanchard et Mohamed Sassi ont permis de mettre au jour des occupations du Néolithique, de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.

Sur la commune même de Pontivy, à Kernaud 1, la fouille d’une surface de 3800 m² en novembre 2016 a permis la mise au jour d’un réseau de fossés daté de la fin du second âge du Fer. Sous la responsabilité de Mohamed Sassi, les archéologues ont identifié la présence d’au moins un système d’enclos fossoyés avec une entrée et sans doute une partition interne de l’espace. En parallèle, au moins quatre bâtiments de petites surfaces (fondations comprises entre 5 et 9 m2) évoquent la présence de greniers et deux structures de combustion complètent cette occupation comprise entre le IIe et le début du Ier siècle av. J.-C d’après l’étude de la céramique. [Accès à la notice complète]

À proximité immédiate, mais sur le territoire de la commune de Cléguérec, le site de Kernaud 2 occupe une surface de 5600 m². Audrey Blanchard et son équipe ont alors repéré 70 structures et un épandage de mobilier datés de l’âge du Bronze final. Des aménagements de pierres ont également été distingués en limite d’emprise et pourraient correspondre aux restes d’un habitat. Un second décapage a permis de repérer une vingtaine de structures supplémentaires, aux abords et sous l’épandage, mais malheureusement le mobilier ne permet pas de les raccorder clairement à une occupation antérieure distincte. [Accès à la notice complète]

Enfin, à cinq kilomètres plus au nord-est, près de cinq hectares sont en cours de fouille avant l’implantation du Parc d’Activités de Saint-Caradec à Neulliac. Cette grande emprise décapée permet la découverte de multiples structures en creux, vestiges d’occupations du Néolithique et de l’âge du Bronze. Audrey Blanchard et Jimmy Ménager y dirigent la fouille de plusieurs bâtiments du Néolithique et d’enclos funéraires de l’âge du Bronze, entre autres témoignages de la Protohistoire. Ces vestiges présagent un apport d’informations importantes pour la connaissance de ces périodes en Bretagne, les bâtiments du Néolithique étant encore largement méconnus. [Accès à la notice complète]

Notons que ces dernières fouilles sont toujours en cours, mais les archéologues font déjà parler d’eux ! [Extrait de l’émission de France Inter : La Récréation du 22 mai 2017]

Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux

Vue du site au drone depuis l'ouest
Branche sud de l'enclos Second âge du Fer niveau
Enclos funéraire âge du Bronze avec au centre une sépulture secondaire à crémation
Petit bâtiment circulaire du Néolithique moyen
Grand bâtiment circulaire du Néolithique moyen

Etablissement rural du Second âge du Fer et habitat du Néolithique moyen aux Mureaux (Yvelines)

Aux Mureaux, préalablement aux travaux d’extension de la station d’épuration de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, une équipe d’archéologue de la société Archeodunum a réalisé une fouille archéologique préventive du 27 février au 5 mai 2017. Cette opération portait sur une surface de 15000 m² prescrite par le Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France) suite à un diagnostic mené par le Service Archéologique Départemental des Yvelines en 2015, ce dernier ayant notamment révélé la présence de structures et d’artefacts en rapport avec un probable établissement rural du Second âge du Fer. Le décapage extensif du site a permis de découvrir, outre ces vestiges, les traces d’une occupation du début du Néolithique moyen caractérisée par la présence exceptionnelle de deux bâtiments circulaires.

Le Néolithique

C’est dans la partie centrale de l’emprise, localisée sur la bordure de la plaine de Flins en surplomb de la rive gauche de la Seine, que s’installe l’habitat du début du Néolithique moyen (vers 4500 avant notre ère) matérialisé par les vestiges des deux bâtiments circulaires à proximité desquels se développent des fosses, plusieurs palissades ainsi qu’un four à pierres chauffées probablement contemporain. Le premier bâtiment, qui mesure 7 m de diamètre, est constitué sur son flanc ouest d’un demi-cercle formé de 16 petits trous de poteaux auquel répond en symétrie un trou de poteau de dimensions plus importantes, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne en deux aires inégales d’environ deux tiers et un tiers de la surface. Le second bâtiment est bien plus imposant puisqu’il atteint près de 15 m de diamètre : la construction fait ici intervenir d’une part une tranchée hémicirculaire recevant des poteaux qui délimite la partie ouest du bâtiment, et d’autre part un demi-cercle formé de 6 trous de poteaux qui ferment l’espace à l’est, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne suivant le même principe que pour le premier bâtiment. Moins d’une vingtaine de constructions de ce type sont connues en France, essentiellement dans le Bassin parisien. L’identification de deux habitations circulaires sur le site de la station d’épuration des Mureaux s’avère donc précieuse pour l’analyse de cette forme d’habitat du milieu du Vᵉ millénaire avant notre ère qui semble succéder aux grandes habitations de modèle danubien du Néolithique ancien.

S’ajoute à cet ensemble une série importante de fosses se développant dans la partie septentrionale de l’emprise, à proximité de la Seine, qui pourrait correspondre à une fréquentation des rives du fleuve durant le Néolithique final (entre 3500 et 2200 avant notre ère), datation à confirmer par carbone 14.

La Protohistoire

D’après le mobilier céramique recueilli dans plusieurs structures, la fréquentation du site semble se poursuivre durant l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère), notamment au cours du Bronze final. C’est probablement à cette période que se situe l’édification d’un petit enclos funéraire ovoïde de 5,5 x 4,5 m de diamètre, localisé à l’extrémité méridionale de l’emprise, qui abritait en son centre une sépulture secondaire à crémation en pleine terre. Une datation carbone 14 sur les ossements brûlés recueillis permettra de caler avec plus de précision la période d’édification de ce monument funéraire isolé.

Les vestiges protohistoriques les plus significatifs datent du Second âge du Fer (entre 500 et 50 avant notre ère) et se développent sur l’ensemble de la partie méridionale du site. Les différents aménagements repérés (trous de poteaux, fosses, foyers, fossés) semblent se rattacher à un établissement rural fréquenté d’après le mobilier recueilli entre La Tène ancienne et le début de La Tène finale. Un grand enclos rectangulaire d’orientation nord-est/sud-ouest (partiellement hors emprise) est délimité par un fossé mesurant plus de 50 m de long d’est en ouest pour 45 m de long du nord au sud. Ce fossé est interrompu sur ses côtés nord et sud afin de ménager des entrées de 3,5 m de large, et il présente la particularité d’être resté ouvert au nord et au sud tandis que son segment oriental, plus modeste, semble avoir été palissadé. Plusieurs exemples de recoupements de structures fossoyés par le fossé de l’enclos pourraient témoigner de la création de ce dernier lors d’une restructuration de l’établissement rural, tandis que le mobilier recueilli dans son remplissage suggère qu’il a été comblé avant l’abandon définitif du site, probablement durant La Tène moyenne. L’espace interne de l’enclos est occupé par au moins six bâtiments sur poteaux qui appartiennent à au moins deux phases de construction successives d’après les recoupements observés. On distingue notamment deux grands bâtiments de plan quadrangulaire complexe occupant 30 et 64 m² de surface au sol, interprétés comme des unités domestiques, tandis que les autres bâtiments pourraient correspondre à des annexes agraires. Quatre autres bâtiments ont été mis au jour au nord de l’enclos, parmi lesquels deux greniers sur six poteaux ainsi qu’un grand bâtiment de plan quadrangulaire complexe. Ce dernier, qui a livré du mobilier céramique de La Tène finale (dont un fragment d’amphore), constitue à ce jour l’élément le plus tardif de l’occupation protohistorique du site.

Par la suite, seul un fossé isolé témoigne d’une fréquentation sporadique du site durant l’antiquité, avant qu’à l’époque moderne le terrain ne fasse l’objet d’une mise en culture avec le creusement de fosses de plantations et de fossés parcellaires.

Les découvertes effectuées sur le site de la station d’épuration des Mureaux permettent d’apporter nombre de données inédites concernant les occupations néolithiques et protohistoriques des rives de la Seine dans le département des Yvelines. Les études actuellement en cours permettront notamment de déterminer avec plus de précision les différentes périodes d’occupation du site et le phasage de l’établissement rural du Second âge du Fer.

Amaury Collet

JNA 2017

JNA 2017 : Visite du chantier de Sainte Colombe (69)

À l’occasion des Journées nationales de l’Archéologie, nous invitons le public à découvrir le site archéologique de Sainte-Colombe (69).

Date et horaires :
Samedi 17 juin de 10h à 18h

Adresse :
Rue des Petits Jardins
69560 Sainte-Colombe
Visite gratuite.

Située dans les faubourgs de la ville antique de Vienne, cette fouille en cours se déroule sur une parcelle de 5500 m². Les premières investigations ont révélé un secteur public à l’est, en bordure des quais du Rhône, qui correspond à une vaste place dotée d’une fontaine monumentale et bordée de portiques soutenus par trois rangées de colonnes. Cet aménagement d’envergure correspond sans doute à un vaste gymnase en lien avec les Thermes du Sud qui bordent l’emprise de fouille.
La voie de Narbonnaise limite cette opération à l’ouest. Elle est longée par un portique monumental ouvrant sur des espaces à destination économique et artisanale, ainsi que sur de grandes maisons dotées de mosaïques à décor géométrique ou figuratif et de sols en marbre décorant des pièces organisées autour de jardins.

 

Rejoignez-nous sur le site des JNA17 :

http://journees-archeologie.fr/fru-1210/c-2017/fiche-initiative/4082/Fouilles-archeologiques-de-Sainte-Colombe

Etude de l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime)

Fondée en 654 par Saint-Philibert, avec le soutien de la reine Bathilde, l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime) est l’un des plus vastes ensembles monastiques conservé en France. Monument phare de la Normandie orientale, ces ruines pittoresques ont autant inspiré les artistes romantiques de la deuxième moitié du XIXe siècle qu’elles ont suscité de débats au sein de plusieurs générations de chercheurs (historiens, historiens de l’art, archéologues, architectes…).

Dans la continuité des travaux menés sur l’église abbatiale Notre-Dame, le Département de Seine-Maritime, propriétaire de l’abbaye, a entrepris un vaste projet de restauration de l’église Saint-Pierre, située au sud de l’abbatiale, et du passage Charles VII qui relie les deux édifices. Dans ce cadre, une étude monumentale et sanitaire a été réalisée par un groupement d’entreprises (Archeodunum SAS pour l’étude archéologique des élévations, Studiolo pour l’étude des enduits peints, h2o pour l’étude sanitaire de l’édifice).

Ces études ont apporté des compléments notables à la restitution du plan de l’église carolingienne, essentiellement au niveau du massif occidental qui était peu étudié jusqu’alors. Ce massif était constitué de deux tourelles d’escalier encadrant un porche voûté, surmonté d’une tribune ouverte sur la nef par une large baie en plein cintre. Dans les tourelles d’escalier, des paliers éclairés par des baies géminées permettaient d’accéder à des tribunes aménagées au-dessus des bas-côtés. Les nouvelles datations 14C, et leur mise en perspective avec les datations déjà réalisées par nos prédécesseurs, permettent de faire remonter la construction à la fin du VIIIe siècle, ce qui ferait du massif occidental de Saint-Pierre l’un des plus anciens d’Europe.

L’étude a également révisé la totalité de la chronologie admise pour les reconstructions gothiques. Celles-ci, concentrées sur le XIVe siècle, suivent un plan cohérent qui semble respecter une volonté de conserver les volumes de l’édifice. Pour autant, les reconstructions n’offrent pas une image homogène, une asymétrie assumée distinguant les bas-côtés nord et sud. Cette mise en valeur différente des espaces (bas-côtés, travée occidentale de la nef) illustrent probablement des fonctions liturgiques qui nous échappent encore largement.

Cette étude constitue donc un renouvellement important des connaissances sur le site lui-même et offre plus largement de remarquables perspectives pour la compréhension des édifices carolingiens.

 

David Jouneau

Des fouilles au Puy-du-Fou

Avant d’accueillir un parc dont la renommée internationale ne se présente plus, le Puy du Fou était le siège d’une importante seigneurie. Dans le cadre de l’extension du parc, aux abords immédiats du château, un hameau déserté connu sous le nom de Bourg-Bérard a fait l’objet d’une fouille en deux tranches. La première, concernant la moitié nord de l’assiette du projet, a été réalisée pendant l’hiver 2014-2015. La seconde est reportée à une date non définie.

À l’exception d’un angle d’enclos gaulois, situé en limite nord-est de l’emprise de la fouille, les vestiges correspondent exclusivement à une occupation médiévale et moderne.

L’étude du mobilier céramique a permis de mettre en évidence une première occupation, entre le XIe et le XIIIe siècle, qui reste encore difficile à caractériser. Le site est essentiellement occupé par une vaste habitation du XVIe siècle, qui couvre une surface de 368 m² – espaces pavés compris.

La maison elle-même est composée de deux ailes en retour d’équerre. La présence d’une cheminée dans la pièce située au nord, associée à de nombreux fragments de céramiques liées à la préparation des repas, d’un évier en pierre monolithe aménagé dans l’épaisseur du mur de la pièce sud, et d’une annexe équipée d’un four et d’un point d’eau, nous laisse supposer des fonctions avant tout domestiques. L’épaisseur importante des fondations et la présence d’un massif extérieur, évoquant un soubassement d’escalier, suggèrent la présence d’au moins un étage, où seraient concentrées les pièces à vivre.

De nombreux aménagements ont été réalisés pour drainer l’espace habité : canalisations maçonnées, fondations drainantes et un important collecteur longeant l’habitation sur son côté occidental. L’ensemble des eaux de ruissellement était canalisé vers des aménagements hydrauliques, construits au sud, composés d’un puisard et de deux bassins. Le premier bassin, maçonné, était alimenté par une canalisation longeant le côté oriental de l’habitation et le trop-plein du puisard. Il était accessible par une pente relativement raide à l’ouest, suggérant une fonction de pédiluve. Il communiquait vraisemblablement avec le second bassin, de forme allongée, par un système de vanne. Ce bassin pouvait être aménagé avec des matériaux périssables et un alignement de bloc formait une sorte de margelle sur son côté est.

Ces aménagements hydrauliques avaient certainement une fonction agro-artisanale. Les études palynologiques réalisées sur les sédiments de leur comblement ont écarté la fonction de bassin de rouissage. Toutefois, le contexte agro-pastoral, la présence attestée de marchands dans le hameau et la similitude des ces bassins avec des aménagements destinés au lavage à froid de la laine de mouton pourraient orienter l’interprétation de ces structures comme faisant partie d’un complexe destiné à la production de la laine au XVIe siècle.

David Jouneau

De la Préhistoire à l’époque romaine au nord de l’Yonne

Cache de lames du Paléolithique supérieur
Grenier à quatre poteaux (La Tène finale ?) recoupé par un fossé gallo-romain
Four de potier gallo-romain
Four de tuilier gallo-romain
Bâtiment sur poteaux gallo-romain
Fond de puits gallo-romain avec cadre en bois de soutènement
Fouille d'un dépôt monétaire gallo-romain

Appoigny – Les Bries

L’opération d’archéologie préventive a porté sur une surface d’environ vingt-cinq hectares à l’emplacement du futur parc d’activités de la Communauté de l’Auxerrois, à quelques kilomètres au nord d’Auxerre à la jonction entre la RN6 et l’A6. Elle s’est déroulée sur deux périodes, en 2015 et en 2016, 11 mois de fouille au total, sur six secteurs de travail distincts.

Les vestiges mis au jour s’échelonnent chronologiquement de la Préhistoire à l’époque romaine, d’environ ‑100 000 ans au IVe siècle après J.-C. Ces millénaires de fréquentation et d’occupation ne sont pas véritablement étonnants puisque la vallée de l’Yonne constitue un axe majeur de circulation entre la vallée du Rhône et le bassin parisien, mais il est exceptionnel qu’ils soient aussi bien attestés archéologiquement.

Toutefois, toutes les périodes ne sont pas également représentées. Les occupations du Paléolithique moyen et supérieur et celles de l’Antiquité sont les plus remarquables, tandis que des phénomènes d’érosion/arasement ont dû détruire en grande partie les vestiges des autres périodes chronologiques.

La Préhistoire

  • Le Paléolithique moyen

Plusieurs concentrations lithiques moustériennes ont été mises au jour, toutes dans le secteur 3. Le débitage des pièces est particulièrement soigné, notamment avec un facettage systématique des talons des produits et sous-produits Levallois. La finesse et la régularité de la retouche des outils, des racloirs et des pointes moustériennes surtout, est également remarquable.

Cette série lithique, quoique géographiquement isolée, représente un jalon supplémentaire dans la reconnaissance de l’occupation moustérienne régionale, bien moins documentée dans cette partie sud de la vallée de l’Yonne que dans sa partie nord.

  • Paléolithique supérieur

Le Paléolithique supérieur est représenté, uniquement en secteur 5, par une concentration de plusieurs centaines d’outils en silex, essentiellement des lames. Si beaucoup d’entre elles ont été retrouvées réparties sur plusieurs mètres carrés, d’autres étaient encore concentrées, rassemblées sous la forme d’un fagot qui laisse croire qu’il pourrait s’agir d’une cache d’outils : les silex auraient été placés dans une petite fosse.

  • Le Néolithique

Une occupation néolithique est attestée mais, certainement en raison de phénomènes d’érosion, les vestiges en sont rares. Les quelques structures néolithiques mises au jour (fosses et trous de poteau) sont localisées dans les secteurs 2 (partie sud) et 3, tandis que les autres secteurs n’ont livré que des silex épars en faible quantité. Les premières observations du mobilier laissent penser qu’il pourrait y avoir une différence chronologique entre les vestiges des deux secteurs : Néolithique ancien (BVSG) en secteur 3 et Néolithique moyen en secteur 2.

La Protohistoire

  • L’âge du Bronze final

Les vestiges de l’âge du Bronze se répartissent en trois pôles principaux. L’un, situé dans la partie sud du secteur 2 et dans le secteur 3, pourrait être interprété comme une nécropole. On n’y trouve quelques vases écrasés en place qui semblent en position fonctionnelle. Cette disposition et la typologie des céramiques incitent à y voir les restes d’urnes cinéraires. Une deuxième concentration, dans la moitié sud du secteur 7, pourrait correspondre à l’emplacement d’un habitat. Il comprend essentiellement quelques fosses et, sur quelques mètres carrés, un paléosol riche en céramiques. La troisième, au nord du secteur 2, ne compte que deux fosses polylobées. Tous ces vestiges ont subi une érosion importante.

  • Le premier âge du Fer

Seules quelques fosses localisées dans la partie nord du secteur 2, ainsi que d’autres peut-être dans le secteur 5, peuvent être datées du premier âge du Fer.

  • La fin du deuxième âge du Fer : La Tène finale

Les vestiges de La Tène finale sont présents dans quatre secteurs. Le mobilier céramique du second âge du Fer découvert dans les secteurs 1 et 2 présente un faciès homogène de La Tène D2. Il provient de quelques fosses et de fossés situés à l’extrême nord du secteur 2, tandis qu’il a été découvert dans des fosses et surtout dans des puits, non cuvelés, dans le secteur 1.

Il est vraisemblable qu’un certain nombre de fosses et de trous de poteau très arasés des secteurs 4 et 5 doit être rattaché à cette période. Seul le plan de plusieurs greniers est lisible.

L’Antiquité

L’époque romaine est largement représentée dans tous les secteurs de fouille. L’occupation antique doit être mise en relation avec la voie d’Agrippa, dite voie de l’Océan, qui reliait Lyon à Boulogne-sur-Mer en passant dans la région par Chalon, Autun, Auxerre et Sens. Cette voie doit se situer immédiatement en bordure est de l’emprise des secteurs 4 et 5 puisque l’on considère que la route N6 est implantée ici sur le tracé de l’itinéraire antique. Par cette voie, le site n’était distant que de 5-6 km de la ville romaine d’Auxerre – Autessiodurum.

  • Augustéen-IIe siècle ap. J.-C.

Les lieux sont exploités de deux manières : agricole et artisanale.

Des vestiges d’occupations agro-pastorales se répartissent dans le secteur 1, au nord du secteur 2 et dans les secteurs 4, 5 et 7.

Il s’agit, dans les secteurs 1 et 2, de fossés, de quelques fosses et de deux puits, l’un possédant un cuvelage en pierre et l’autre non. En secteur 7, des séries de trous de poteau permettent de restituer un ou deux bâtiments, construits de terre et de bois, probablement liés au travail agricole. Tandis que deux fossés encadrent un chemin menant aux constructions, d’autres fossés laissent percevoir l’organisation des parcelles. De la même manière en secteurs 4 et 5, le terrain est divisé par un grand nombre de fossés et par deux chemins, dont seuls les fossés bordiers sont conservés. Ces chemins doivent rejoindre plus l’est la voie d’Agrippa.

Plusieurs ateliers de terre cuite antiques ont été mis au jour dans le secteur 4 : trois ateliers de potier et une tuilerie. Si les vestiges conservés des premiers se limitent souvent aux fours et à quelques fosses, nous disposons en revanche de l’ensemble des structures de production des tuiliers romains. La répartition de ces structures rend compte de l’organisation du travail. Ainsi deux bassins quadrangulaires servaient à la préparation de la pâte argileuse, un grand bâtiment construit sur poteaux, une halle, servait au séchage et au stockage des tuiles et des briques après moulage, enfin deux fours assuraient la cuisson des productions.

L’extraction d’argile, pour les potiers et/ou les tuiliers, peut être à l’origine de grandes fosses localisées entre les ateliers. Un autre four de potier très arasé et isolé au sud du secteur 2 se rattache également au début du premier siècle d’après les quelques céramiques présentes dans son comblement.

Dans le secteur 4, quelques bâtiments maçonnés ont été découverts à proximité de la tuilerie. Leur fonction et leur datation restent à déterminer. La plupart de leurs matériaux de construction ont fait l’objet de récupération dans l’Antiquité. L’un d’entre eux au moins serait postérieur à la tuilerie puisque de nombreuses tuiles réemployées (issues de la tuilerie ?) sont utilisées dans la maçonnerie.

  • Fin IIIe – IVe siècle ap. J.-C.

Un grand nombre de vestiges de l’Antiquité tardive correspondant à une occupation agro-pastorale ont été mis au jour. Ils se répartissent très inégalement selon les secteurs.

Seules deux fosses contiguës, dont une grande fosse d’extraction, sont datées du IVe siècle dans le nord du secteur 2. De même datation, le secteur 7 a livré un grand bâtiment sur poteaux plantés, un fond de cabane et peut-être des fossés.

L’ensemble le plus riche se développe à l’extrémité nord du secteur 1 sur une surface rectangulaire de 4500 m² (environ 130 m de long pour 35 m de large) orientée sud-ouest/nord-est. À l’ouest, deux fossés parallèles bordent l’occupation.

Ce site est composé pour l’essentiel de structures en creux (fossés, fosses, trous de poteau, puits…) correspondant à une occupation dont la chronologie a été établie entre la fin du IIIe siècle et le IVe siècle. Si aucun niveau de sol n’a été conservé, plusieurs niveaux d’épandage de mobilier ont été identifiés. Une douzaine de puits ont pu être fouillés en intégralité. Profonds en moyenne de 2,50 m, ils sont pour la plupart pourvus d’un cuvelage en pierres sèches et pour quatre d’entre eux d’un cadre en bois sur le fond. Ils ont livré une quantité importante d’un mobilier varié (céramiques, tuiles, faune, verre, métal…) mais également des artefacts plus rarement conservés (objets en bois ou en cuir) ainsi que de nombreux restes végétaux (feuilles, branchages…). Plusieurs concentrations de trous de poteau permettent d’ors et déjà d’identifier au moins une palissade et deux bâtiments rectangulaires, construits en terre et bois et probablement couverts par des toitures en tuiles.

L’ensemble des vestiges dégagés parait correspondre à une occupation rurale bien structurée et délimitée dans l’espace. Les éléments mobiliers découverts (notamment la céramique et le mobilier métallique) correspondent à un secteur d’habitat mais illustrent également des activités agro-pastorales (sonnailles, outillage agricole, outils…). Deux dépôts monétaires de la fin du IIIe siècle ont également été mis au jour. La qualité du mobilier exhumé illustre un site au statut particulier.

Plus au sud, deux autres concentrations plus réduites de vestiges (trous de poteau, fosses et puits) sont localisées de part et d’autre des deux grands fossés qui longent le site tardo-antique nord. Leur chronologie est identique à ce site, fin IIIe-IVe siècle.

Des fossés, datés également de la fin IIIe et du IVe siècle se développent selon des orientations perpendiculaires dans la partie centrale et septentrionale du secteur 1. Certains d’entre eux forment un enclos approximativement carré d’une cinquantaine de mètre de côté, dans lequel se trouve un puits cuvelé en pierre attribué à la même période.

En l’état actuel des études, rien n’interdit de croire que la série de vestiges datés de la fin IIIe et du IVe siècle dans le secteur 1 faisait partie d’un même et vaste ensemble dont la nature précise reste à déterminer. La quantité et la qualité des objets métalliques ainsi que celles des amphores découvertes sur le site tardo-antique nord (beaucoup d’amphores Dr. 20, présence d’amphores africaines, etc.) surprend pour un site rural, même situé à quelques dizaines de mètre de la voie d’Agrippa. Le contexte local est peut-être à même de fournir une explication. La tradition place la résidence des parents de saint Germain d’Auxerre sur le territoire d’Appoigny, dans une boucle de l’Yonne, à quelques centaines de mètre au nord-est du hameau des Bries. Germain serait né à Appoigny ou à Auxerre vers 378 (mort à Ravenne en 448). Sachant que ses parents étaient des aristocrates et riches propriétaires fonciers, il est plausible que ce site constitue une dépendance de leur domaine.

Jérôme Grasso (responsable d’opération – Archeodunum), Fabrice Charlier (responsable d’opération – Archeodunum), Alexis Taylor (responsable de secteur – Paléotime) et Laetitia Fénéon (responsable de secteur – Paléotime)