Archives de catégorie : Néolithique

Des occupations du néolithique à l’antiquité à Lonay (Vaud)

Des occupations du néolithique à l’antiquité à Lonay 

Dans la zone industrielle de Lonay (Vaud), un projet de construction d’un ensemble d’activité avec parking souterrain du nom d’Ideal Park a été précédé d’une intervention d’archéologie préventive qui a conduit à la découverte d’un site multi-phasé.Sur un total de plus de 1500 m2, des vestiges du Néolithique moyen I jusqu’à la période antique ont pu être mis au jour. 

Des vestiges depuis le néolithique …

Les vestiges les plus anciens correspondent à une phase de défrichement durant le Néolithique moyen I avec des traces disséminées évoquant une installation humaine au Néolithique moyen II. Cette dernière, mal définie spatialement, semble malgré tout présente sur la grande majorité de l’aire investiguée. L’âge du Bronze représente toutefois la plus grande partie des indices archéologiques découverts sur ce site. Un corpus de céramique protohistorique riche de plus de 750 tessons a pu être étudié. La mise en commun de ce mobilier avec les vestiges de deux habitats brûlés a permis de caractériser une installation de l’âge du Bronze moyen/récent puis, directement adjacent, un aménagement au Bronze final. Le premier est matérialisé par un plancher carbonisé sur place lié à une petite quantité de mobilier tandis que le second est visible sous la forme d’une couche de démolition dense et riche en céramique. Les vestiges de l’âge du Fer, représentant la phase la moins fournie du site, ne permettent pas de qualifier l’extension ou le type d’aménagement lié mais témoignent d’une pérennisation de l’occupation du site malgré une forte dynamique fluviatile. Cette dernière, probablement intrinsèquement liée à l’attrait des communautés humaines pour cet espace, est aussi la raison du mauvais état de conservation des structures et du mobilier.

Solin de l'Age du Bronze.
Fosse de l'Age du Bronze en coupe.
Structure d'habitat brûlé, Age du Bronze.

… jusqu’à l’antiquité

L’Antiquité, dernière période chronologique attestée, est notamment représentée par un réseau de fossés interconnectés pouvant évoquer une organisation parcellaire. La plupart de ces vestiges sont toutefois connexes avec les fouilles subséquentes menées sur la parcelle voisine de Lonay, Dessous le Motty et leur mise en commun permet une compréhension plus extensive des dynamiques d’occupation. Une continuité de l’occupation du site de Lonay, Ideal Park depuis le Néolithique moyen jusqu’à l’Antiquité est d’ores et déjà attestée par les trouvailles de cette campagne.

Vue zénithale d'un foyer d'époque romaine
Fosse d'époque romaine en coupe.
Coupe de référence

Opération d’archéologie préventive conduite en 2022 sur la commune de Lonay en amont de la  construction d’un ensemble d’activité avec parking souterrain.

Prescription et contrôle scientifique :
Archéologie cantonale du canton de Vaud

Maîtrise d’ouvrage : Particulier

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Guillaume NICOLET

Équipe de fouille

  • Guillaume Nicolet (RO),
  • Ryan Hughes,
  • Aurélie Dorthe,
  • Alain Steudler,
  • Bénédicte Oulevey,
  • Céline Mahé,
  • João Abreu,
  • Sandro Bolliger,
  • Yann Buzzi

Des cercles protohistoriques à Challans (Vendée)

Des cercles protohistoriques à Challans

Exploration d’un monument de l’Âge du bronze

À Challans (Vendée), au cœur du bocage, les archéologues ont mis au jour un monument circulaire fossoyé datant de l’Âge du Bronze, accompagné de structures et d’indices d’occupation parfois plus anciens (fig. 1). Menée entre septembre et octobre 2021 avant l’extension d’une carrière par les Sablières Palvadeau, l’exploration a permis d’en savoir plus sur les pratiques funéraires, cultuelles, rituelles et sociales des communautés anciennes.

Fig.1 : Vue verticale du monument circulaire de l’âge du Bronze (© Ukko Cartographie).
Fig. 2 : Les six poteaux du bâtiment attribué au Néolithique (© Ukko Cartographie).

Une présence néolithique discrète, mais singulière

La première occupation du site, très discrète, a pu être datée du Néolithique moyen II, vers le 4e millénaire av. J.-C., grâce à des analyses au radiocarbone (14C). La fouille a mis au jour un potentiel foyer et une petite construction rectangulaire sur poteaux, d’une superficie d’environ 7 m² (fig. 2 et 3). Rare pour l’époque, cette structure à nef unique intrigue par sa taille modeste et invite à la prudence quant à sa datation précise.

Un monument circulaire de l’Âge du Bronze ancien

Le cœur des découvertes consiste en un enclos circulaire à double fossé, déjà repéré dans les années 1980 par photographie aérienne (fig. 4). Daté de l’âge du Bronze ancien, entre 2200 et 1800 av. J.-C., c’est un type de structure encore peu documenté dans le centre-ouest de la France. L’enceinte externe, d’un diamètre de 17 m, est continue. Quant à l’enclos interne, d’un
diamètre de 9,50 m, il présente un fossé en forme de fer à cheval, complété à l’est par deux fosses oblongues (fig. 1 et 3-5).

Fig. 4 : Le monument de l’âge du Bronze. Diamètre extérieur 17 m (© Ukko Cartographie).
Fig. 5 : Exploration d’un fossé.

Une fosse centrale qui laisse sceptique

Au centre des monuments de ce type, une fosse quadrangulaire est souvent creusée pour accueillir une ou plusieurs sépultures. À Challans, la morphologie de la fosse est singulière, avec une plateforme à l’est et un surcreusement circulaire à l’ouest (fig. 6). Pourrait-il s’agir du logement d’un poteau ou d’une pierre dressée ? Aucun reste osseux n’était conservé, mais cela peut s’expliquer par la nature du terrain. Les indices sont donc minces et n’apportent pas de réponse claire sur ce point, ni sur les fonctions du monument.

Fig. 6 : La fosse centrale du monument circulaire.
Fig. 7 : Un bâtiment sur quatre poteaux (© Ukko Cartographie).

Des bâtiments et structures annexes

À proximité de l’enclos, un petit bâtiment quadrangulaire sur quatre poteaux est également attribué à la période de l’âge du Bronze ancien (fig. 7). Sa forme évoque une structure de stockage, de type grenier, mais sa proximité avec l’enclos laisse planer le doute sur sa fonction réelle. D’autres bâtiments ont été découverts sur le site, mais leur datation reste incertaine. Ces structures témoignent d’une occupation humaine riche et diversifiée, bien que les indices soient
insuffisants pour établir un cadre précis.

Et après ?

Après la fouille, les travaux de la carrière ont pu se poursuivre. En parallèle, les archéologues ont achevé l’étude de leurs découvertes. Données, analyses et résultats ont été rassemblés dans un copieux rapport. Ce document est remis au Service régional de l’archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture. Une fois validé, il est mis à disposition sur la plateforme scientifique HAL. Au total, ces investigations auront permis d’éclairer une partie des zones d’ombre sur les fonctions de l’enclos et des structures associées, tout en enrichissant notre compréhension des sociétés de l’âge du Bronze ancien.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2021 sur la commune de Challans au lieu-dit Les Chênes, en préalable à l’extension d’une carrière.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Sablières Palvadeau

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Valentin Lehugeur

Équipe de terrain

  • Valentin LEHUGEUR (RO)*
  • Laetitia CURE*
  • Fabien MONTASSIER*
  • Shannah BARBEAU
  • Geoffroy LEBLE*
    * fouille et post-fouille
Vue générale de la fouille (© Ukko Cartographie)

Équipe de post-fouille

  • Audrey BLANCHARD
  • Paul DERMOUCHERE
  • Lucie LE DORE
  • Chloé POIRIER COUTANSAIS
  • Laurie FLOTTES
  • Sandrine SWAL
  • Marianne ALASCIA MORADO
  • Rudy JEMIN

Traces du Néolithique et des âges des métaux à Algans

Traces du Néolithique et des âges
des métaux à Algans

Archéologie sur la future autoroute A69

 

L’archéologie avant l’autoroute

L’opération d’Algans « Le Riat » a pris place dans le contexte du projet autoroutier reliant Toulouse à Castres. Le tracé se développe sur 53 km, le long de la vallée du Girou, et traverse trois communes de la Haute-Garonne et 17 communes du Tarn. En 2023, l’ensemble du tracé autoroutier a fait l’objet de diagnostics archéologiques, par le biais de tranchées creusées sur 10% d’un terrain d’une superficie d’environ 350 hectares (fig. 1).

Au lieu-dit « Le Riat » à Algans, des anomalies ont été interprétées comme des fosses et des trous de poteau, alors qu’une « nappe » (strate de sédiments) comprenant de nombreux objets, tessons de céramique et outillage en silex, a été attribuée au Néolithique. Ce sont ces vestiges qui ont motivé la prescription d’une fouille archéologique, réalisée par Archeodunum au printemps 2024, avec une équipe comprenant jusqu’à onze personnes (fig. 2). L’emprise explorée, sur une surface de 2,3 hectares, occupe le versant méridional d’un petit plateau formant un point haut dans le paysage

Fig. 1 : Les tranchées de diagnostic révèlent le tracé routier dans le secteur d’Algans. En rouge, la fouille d’Algans « Le Riat » (fond : © Google Earth).

Des structures archéologiques… ou pas

Environ 150 anomalies et plusieurs fossés ont été identifiés sur le terrain. La fouille a montré que la plupart de ces anomalies sont des dépressions naturelles, remplies par des colluvions venant du haut du plateau. Ces phénomènes ont pu déplacer et « piéger » du mobilier archéologique. C’est notamment le cas pour la nappe de mobilier repérée lors du diagnostic, et alors supposée être un sol ancien. En réalité, cette couche contenait un assemblage disparate
d’objets de plusieurs époques – néolithique, protohistorique, antique et moderne – comprenant entre autre de la céramique, du verre et du métal.

Fig. 2 : Le terrassement initial se fait sous la surveillance d’un archéologue.
Fig. 3 : Foyer (1) circulaires vieux de près de 5000 ans.

Des foyers vieux de près de 5000 ans

Deux structures de combustion ont été identifiées sur les parcelles fouillées. Il s’agit de foyers, installés dans des fosses plus ou moins circulaires soigneusement tapissées de couches de pierres, et destinés à la cuisson des aliments (fig. 3 et 4). L’un des deux montre une utilisation sur un temps long, avec plusieurs niveaux superposés de combustion. Grâce à des analyses radiocarbones, ces foyers ont pu être datés du début du IIIe millénaire (entre 2900 et 2600 avant notre ère), durant la période dite du Néolithique final. Le mobilier est rare et comprend de la céramique et du silex.

Quelques structures protohistoriques

Plusieurs vestiges ont livré du mobilier (céramique) et des charbons datés de la protohistoire. Un grand fossé orienté nordouest/sud-est (secteur 2) ainsi qu’une fosse recoupant un foyer néolithique (secteur 1) sont datés de la transition entre l’âge du Bronze final et le premier âge du Fer, entre 1000 et 800 avant notre ère. Un bâtiment sur poteaux est daté un peu plus  tardivement, entre 750 et 400 avant notre ère (fig. 5).

Fig. 4 : Foyer (2) circulaires vieux de près de 5000 ans.
Fig. 5 : Quatre petites fosses (ultimes traces des poteaux) dessinent le plan d’un bâtiment de l’âge du Fer, d’environ 2,40 x 2,15 m.

Traces agraires récentes

En comparant le plan des vestiges avec des photos aériennes, on peut reconnaître des traces d’aménagements récents liés à l’agriculture (fosses de plantation d’arbres ou fossés parcellaires), disparus il y a quelques dizaines d’années (fig. 6).

Et après ?

Le terrain a été rendu à l’aménageur pour la suite des travaux. Côté archéologie, nos spécialistes vont analyser les données recueillies sur le terrain. Les résultats seront compilés dans un rapport final d’opération, qui sera remis au Service régional de l’archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture.

Fig. 6 : Une probable fosse de plantation.
Fig. 7 : Vue générale de la fouille archéologique.

Opération d’archéologie préventive conduite au printemps 2024 sur la commune d’Algans au lieu-dit « Le Riat », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsables : Bruno Bosc-Zanardo)

Équipe de terrain

  • Brno Bosc-Zanardo* (RO)
  • Wilfried Labarthe* (RA)
  • Amandine Réaud (RS)
  • Marine Patelout* (RS)
  • Morgane Agliardi
  • Florian Balestro
  • Arthur Gaultier*
  • Lucile Guizard
  • Léa Launoy*
  • Éva Nony-Rohfritsch
  • Benjamin Carrère (stagiaire)
    * Terrain et Post-Fouille
équipe de fouille (partielle, une partie de l'effectif étant alors partie en renfort sur le chantier de Cambon-les-lavaur)

Équipe de post-fouille

  • Rafaëlle Algoud
  • Géraldine Camagne
  • Lucile Guizard
  • Geoffrey Leblé
  • Amandine Réaud
  • Gaultier Tavernier

Familles, pierres et feux. Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

Familles, pierres et feux

Un habitat de bâtisseurs de mégalithes à Locmariaquer ?

C’est à l’automne 2023 qu’une équipe d’Archeodunum a réalisé une fouille archéologique sur la commune de Locmariaquer (Morbihan ; Fig. 1). Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, était motivée par la création d’un lotissement au sud de la rue Er Hastel. Les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une vaste et complexe occupation datée du Ve millénaire avant notre ère, qui pourrait bien avoir abrité des bâtisseurs de mégalithes.

 

Fig.1 : Les archéologues fouillent et documentent des foyers dits "à pierres chauffées".
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Au cœur du Morbihan néolithique

Le site prend place dans le bourg de Locmariaquer, à seulement 250 m du port s’ouvrant sur le golfe du Morbihan. Le contexte archéologique est riche, puisque de nombreux sites mégalithiques datés du Néolithique sont recensés dans le secteur, dont le célèbre ensemble du Grand Menhir et de la Table des Marchands, situé à seulement 700 m au nord.

La fouille s’est déroulée sur une surface de près de 8 000 m² (Fig. 2). L’équipe, sous la direction d’Audrey Blanchard, a exploré plus de 450 aménagements, appartenant pour leur grande majorité au Néolithique moyen (Fig. 3).

Fig. 3 : Outils en silex (g.) et fragments de poteries (d.)
Fig. 4 : Retrait des terres de recouvrement à l'aide d'une pelle mécanique. Une fois repérés, les vestiges archéologiques sont balisés à l'aide d'une peinture fluorescente.

Un habitat à l’abri d’une enceinte

La fouille a tout d’abord révélé l’existence d’un habitat, regroupant au moins sept bâtiments quadrangulaires de dimensions variables (Fig. 2). Au sud, quatre constructions s’organisent autour d’un espace central de 600 m², occupé par une quinzaine de grands foyers (Fig. 1, 4). Ces derniers sont constitués de nombreuses pierres rougies par la chaleur installées dans des fosses, sur des lits de charbons. Ces dispositifs dits « à pierres chauffées » sont utilisés pour des cuissons alimentaires. D’autres fosses contiennent de nombreux fragments de céramiques, du silex taillé et des fragments de meule, qui confortent l’idée d’une occupation domestique (Fig. 5). Ce probable village est limité au sud par une enceinte composée d’un double fossé et d’une palissade. Une interruption au sud-est permet d’accéder à l’habitat via un chemin empierré.

Des stèles et des foyers par dizaines

À l’est de l’habitat, les archéologues ont identifié une dizaine de fosses contenant des dispositifs de calage de stèles, ou menhirs (Fig. 2, 6). Des trous de poteau (pour aider à la mise en place des blocs ?) et une impressionnante série d’une trentaine de foyers à pierres chauffées semblent associés à ces aménagements. Un peu comme pour le site du Grand Menhir, ultime témoin d’une ligne de 18 pierres dressées dont ne subsistent que les fosses d’installation, les stèles d’Er Hastel ont aujourd’hui disparu (prélevées pour d’autres constructions au Néolithique ou plus récemment ?), mais un ou plusieurs alignements (nord/sud notamment) peuvent être envisagés.

Fig. 5 : Quelques-uns des foyers à pierres chauffées.
Fig. 6 : Fosse contenant des pierres de calage pour une stèle aujourd'hui disparue. La zone sans pierre marque son emplacement.

Il y a 6 000 ans, au temps de la Table des Marchands

Les premiers éléments de datation sont principalement issus de la production céramique. Ils renvoient tous à la période du Néolithique moyen, autour de 4 200 à 4 000 avant notre ère. En particulier, des coupes-à-socle (Fig. 7), vases typiques de cette période, sont analogues à celles découvertes à la Table des Marchands et au Grand Menhir. Cette proximité chronologique et géographique est tout à fait remarquable. Sommes-nous en présence d’un lieu où habitaient les populations qui ont bâti ces mégalithes ? Le cas échéant, une telle association serait une première, ce qui confère un intérêt majeur à ces découvertes.

Et après ?

Sur le terrain, le site a été rebouché et restitué pour la création du lotissement. Côté archéologie, nos experts vont analyser les données et étudier l’ensemble des éléments recueillis (objets en céramique, en pierre, etc.). Les nombreux charbons de bois prélevés lors de la fouille seront soumis à des datations par le radiocarbone, ce qui permettra d’affiner la chronologie des vestiges et de préciser les relations entre les différents aménagements : bâtiments, enceinte, foyers, calages de stèle. S’agit-il des composantes d’une même occupation, ou des témoins d’une fréquentation étalée sur plusieurs siècles ? Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra d’enrichir encore la longue histoire de Locmariaquer et de sa région.

7 : Coupe-à-socle, fragment et restitution graphique.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’automne 2023
sur la commune de Locmariaquer, au lieu-dit “Er Hastel”,
en préalable à la création d’un lotissement.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bretagne

Maîtrise d’ouvrage : SAS Acanthe

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

Pully - coffres néolithiques

Des tombes en coffre néolithiques à Pully (Vaud)

Découverte de huit nouvelles tombes en coffres sur la nécropole néolithique de Pully (Vaud)

La nécropole de Pully-Chamblandes est un haut-lieu pour la recherche néolithique dans le canton de Vaud. A l’été 2021, Morgan Millet et son équipe ont effectué un suivi archéologique lors lors de travaux menés par les services industriels de la ville de Pully, au Chemin de Verney. Ces fouilles ont permis de reconnaître huit tombes en coffre sur une surface d’à peine 10 m².

Pully - Vue générale de quatre tombes
Vue générale de quatre tombes
Pully - Vue des dalles latérales de deux coffres
Vue des dalles latérales de deux coffres

Un peu d’histoire

L’intervention archéologique a eu lieu au niveau d’une importante nécropole qui avait été identifiée à la fin du XIXe siècle par Albert Naef, le premier archéologue cantonal vaudois. L’ensemble est resté célèbre et le terme «cistes de type Chamblandes» désigne depuis lors les tombes aménagées en petits coffres de dalles, durant le Néolithique moyen, entre 4500 et 3500 av. J.-C. Les premières fouilles s’y sont déroulées en 1880, et depuis une douzaine d’interventions se sont succédées. La nécropole est installée sur une terrasse surplombant d’une trentaine de mètres le lac Léman. Pour l’heure, son emprise maximale reconnue est d’environ 90 x 35 m. Au vu de l’absence de documentation pour certaines investigations anciennes, le nombre total de tombes fouillées n’est pas connu avec précision, mais peut être estimé à plus de 80.

Chamblandes
Relevé d’Albert Naef en 1901 d'une inhumation double d’un homme et d’une femme avec un pectoral en défenses de suidés ( Archives cantonles vaudoises - GALLAY (A.) (dir.), Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire, Gollion, Infolio, 2006).
Chamblandes 2
Reconstitution d'une scène d’inhumation néolithique à Corseaux. Dessin : André Houot ; mise en couleur : Jocelyne Charrance (GALLAY (A.) (dir.), Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire, Gollion, Infolio, 2006)

Découvertes de huit nouvelles tombes néolithiques

Les vestiges découverts lors de cette campagne apparaissent sous un faible recouvrement compris entre à peine 0,5 et 0,7 m.

Les tombes se composent d’un coffre formé de quatre dalles de molasse de chant, une cinquième faisant office de couvercle. Elles sont majoritairement orientées est-ouest. Le niveau d’ouverture des fosses d’implantation de ces tombes n’est pas conservé, et certaines dalles de couvertures sont mêmes absentes.

Sur ces huit tombes, seules deux se développent entièrement dans l’emprise de la tranchée. Les six autres se développent partiellement hors emprise ou ont été perturbées par des creusements postérieurs en lien avec les réseaux urbains . La dalle de couverture est absente sur deux tombes et n’est que très partiellement conservée pour les trois autres.

Pully - Trois tombes en cours de fouille
Trois tombes en cours de fouille
Pully - Détail de la dalle de couverture effondrée d'une tombe
Détail de la dalle de couverture effondrée d'une tombe

Des coffres peu fournis

Seules trois tombes ont livré des restes osseux : il s’agit à chaque fois d’éléments crâniens.  Une autre tombe n’a pu être observée qu’en stratigraphie, en bord de fouille, mais on pouvait noter la présence de restes osseux et d’éléments de parure (perles en lignite) qui ont été récoltés pour étude. Aucun autre mobilier n’a été découvert hors des tombes.

La taille réduite des différents coffres, ainsi que la très faible quantité de restes osseux conservés nous donnent tout de même des informations, dans le sens ou ces éléments semblent indiquer qu’il s’agit de tombes d’individus a minima immatures, voire très jeunes.

Pully - Tombe avec fragments de crâne
Tombe avec fragments de crâne

Opération d’archéologie préventive conduite à l’été 2021 sur la commune de Pully (Vaud), en préalable à des travaux de réseaux.

Prescription et contrôle scientifique : Service archéologique du canton de Vaud

Maîtrise d’ouvrage : Services industriels de la ville de Pully

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Morgan Millet)

Plouharnel-fouille du Plasker

Plouharnel, le Plasker : fenêtre ouverte sur le Néolithique

Plouharnel, le Plasker : Fenêtre ouverte sur le Néolithique

C’est en automne 2020 qu’une équipe d’Archeodunum a procédé à une fouille archéologique sur la commune de Plouharnel (Morbihan). Cette opération, prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, était motivée par l’extension du parc d’activités du « Plasker » commandée par la communauté de communes d’Auray Quiberon Terre-Atlantique. Conformément aux attentes, divers vestiges vieux de plusieurs millénaires ont été découverts : cairn, menhirs et foyers.

Au cœur du Morbihan néolithique

Le site est localisé à l’entrée nord de la commune de Plouharnel, sur le littoral sud du Morbihan. Le contexte archéologique est riche, avec de nombreux sites mégalithiques datés du Néolithique, dont les célèbres alignements de Carnac situés à 3 km au sud-est.
L’opération s’est déroulée entre octobre et décembre 2020, sur une surface de 7 100 m². L’équipe, sous la direction d’Audrey Blanchard, a exploré des vestiges de plusieurs natures. Tous appartiennent au Néolithique (du 6e au 3e millénaire av. J.-C.), sans qu’on puisse pour l’instant connaître leur répartition durant cette longue période.

La fouille et son environnement.
La fouille et son environnement.
Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)
Plan général des vestiges sur vue aérienne (fond © Google Earth)

Une tombe monumentale

La fouille a tout d’abord révélé un site à vocation funéraire (au sud-ouest), conservé sur à peine 15 cm d’épaisseur. Il s’agit d’un cairn (masse de pierres couvrant une sépulture) de forme subcirculaire et de 5 mètres de diamètre. Cette architecture de pierre était délimitée par des blocs verticaux fichés dans un petit fossé périphérique. Au centre, un coffre funéraire quadrangulaire était aménagé pour recueillir le ou les défunts. Hélas, comme il est très arasé, aucun vestige mobilier ou osseux n’a été retrouvé ! L’ensemble était recouvert de petits moellons de granite. Tout autour, des pierres (dressées ou couchées), des empierrements et de possibles calages de menhirs devaient contribuer à renforcer son aspect monumental

Le cairn : forme générale et négatif du coffre central.
Le cairn : forme générale et négatif du coffre central.
Fouille du cairn.
Fouille du cairn.

Vingt-huit foyers à pierres chauffées bien conservés

Audrey et son équipe ont découvert pas moins de vingt-huit structures de combustion. Ces foyers sont installés dans des fosses creusées dans le sol. Ils sont tapissés d’une couche charbonneuse et remplis de nombreuses pierres rougies par la chaleur. Leur fonction demeure pour l’heure énigmatique : cuire des aliments pour des repas collectifs ? ou fournir de l’éclairage ? Nos archéologues comptent sur des analyses pour obtenir des éléments de réponse.
Ces foyers s’organisent en différents ensembles (dont deux batteries de quatre) et se répartissent sur toute la moitié orientale de la zone de fouille. Bien que situés loin des habitations, ces aménagements sont fréquents sur les sites de cette époque, notamment en association avec des mégalithes.

Une ligne de menhirs ?

Dernier élément remarquable, trois grandes fosses s’organisent selon un alignement nord/sud. De forme circulaire, d’un diamètre d’environ 2 mètres, ces fosses sont remplies de blocs pouvant dépasser les 40 kg. On pense que ces structures ont pu accueillir de grandes stèles (menhirs), aujourd’hui disparues.
Les pierres dressées devaient être de dimensions importantes. Elles ont probablement été réutilisées pour la construction de monuments mégalithiques (dolmens notamment). Ce phénomène est fréquent et ces réemplois sont constatés dès le Néolithique, ainsi que l’illustre par exemple le site de La Table des Marchands à Locmariaquer.

Fouille des foyers(cliché J.-N. Guyodo).
Fouille des foyers (cliché J.-N. Guyodo).
Batterie de foyers.
Batterie de foyers.
Fosse contenant les pierres de calage d’un menhir.
Fosse contenant les pierres de calage d’un menhir.

Et après ?

La Communauté de communes a désormais récupéré son terrain et poursuit son aménagement. Côté archéologie, nos experts vont étudier l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.). Des analyses par le radiocarbone permettront d’affiner la datation de tous ces aménagements. Tous les résultats seront rassemblés dans un rapport de fouille abondamment documenté, qui permettra de mieux comprendre la longue histoire de Plouharnel et de sa région.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2020 sur la commune de Plouharnel (Morbihan), en préalable à l’extension du parc d’activités du Plasker

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie de Bretagne.

Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes Auray Quiberon Terre-Atlantique

Opérateur archéologique : Archeodunum (Responsable : Audrey Blanchard)

Portes ouvertes à Segonzac (Charente)

Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Vue d’ensemble de la zone en cours de fouille. © 3DR View pour Archeodunum
Fouille en cours
Fouille en cours
Fouille d’un trou de poteau.
Fouille d’un trou de poteau.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.
Vase de stockage en place au fond d’une fosse.

Venez rencontrer une équipe de fouille en cours de découverte d’un village du Néolithique et de l’âge du Bronze

Les visites guidées auront lieu le mercredi 22 janvier 2020 de 14h à 17h.

Rendez-vous au lieu-dit “les Marcioux” à la sortie nord-ouest de Segonzac (16), au sud de la D24 (Localisation)

Entrée libre, visites commentées par les archéologues de l’équipe de fouille

Prévoir de bonnes chaussures et une tenue adaptée à la météorologie 😉

Segonzac « Les Marcioux » (16)

Un village du 2e millénaire avant J.-C.

Une opération d’archéologie préventive conduite par Archeodunum s’est déroulée entre novembre 2019 et janvier 2020 sur la commune de Segonzac (Charente), au lieu-dit « Les Marcioux ». Prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Nouvelle Aquitaine, cette fouille de 30 000 m2 visait à étudier des vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze, en préalable à l’installation du lotissement « Nouveau Quartier », réalisé par la commune.

Près de 1000 vestiges de l’âge du Bronze

Le décapage mécanique a permis d’ôter 0,30 à 0,70 m de terre végétale. Environ 1000 structures sont apparues. Elles se distinguent sur le calcaire blanc par un comblement sombre. Pour l’essentiel, elles correspondent à des fosses d’ancrage de poteau, initialement destinées à recevoir des pieux de bois. Plusieurs alignements de ces trous de poteau permettent de restituer différents plans de bâtiments, tous à ossature de bois.

Le mobilier recueilli (poterie et silex) renvoie à deux grandes phases d’occupation : un habitat de l’âge du Bronze ancien au sud-est de l’emprise, et un habitat de l’âge du Bronze final au nord-ouest. Après la période du Néolithique, qui a vu la sédentarisation des sociétés humaines et le développement de l’agriculture, l’âge du Bronze correspond à la découverte et à la maîtrise des alliages à base de cuivre. Il est suivi par l’âge du Fer.

Un habitat ouvert de l’âge du Bronze ancien (2200-1600 avant J.-C.)

Plusieurs plans de bâtiments peuvent être attribués à l’âge du Bronze ancien. Deux édifices à 4 poteaux ont été identifiés à l’est de l’emprise. Leur forme carrée et leurs dimensions modestes incitent à y voir des greniers surélevés. La fonction des deux bâtiments rectangulaires à une nef, constitués de 6 ou 8 poteaux, est plus difficile à cerner : habitation, stockage, lieu d’activité agricole, artisanale ? Au sud-est, un édifice quadrangulaire à 2 nefs, de 6 x 5,40 m, pourrait être une habitation. Cet habitat de l’âge du Bronze ancien semble donc ouvert et structuré, avec des zones liées aux activités (sans doute agropastorales) et des zones domestiques.

Des aménagements de l’âge du Bronze final (1400-800 avant J.-C.)

Au nord de l’emprise, plusieurs aménagements marquent l’emplacement d’un habitat de l’âge du Bronze final. Il s’agit notamment d’une palissade sur poteau, orientée est/ouest, et de plusieurs fosses ayant servi de dépotoir. Ces dernières contenaient de grandes quantités de poterie, dont certaines ornées de décors typiques de la fin de l’âge du Bronze.

Dans le même secteur, un bâtiment à 4 poteaux peut être interprété comme un grenier, mais aucun élément ne permet à ce stade de le dater. Il en va de même d’un long fossé curviligne tout proche. Conservé sur seulement 0,05 à 0,15 m d’épaisseur, ce fossé n’a livré que de rares fragments de poterie peu caractéristiques. Sa position, son orientation et sa courbure nous incitent néanmoins à l’associer aux structures précédemment évoquées.

Après la fouille …

Au terme de l’intervention de terrain, les investigations se poursuivront. Un important travail d’étude sera réalisé par les archéologues et les spécialistes de manière à obtenir le maximum d’information. Des datations par le radiocarbone permettront d’affiner la chronologie des différents contextes. Un rapport sera finalement rédigé pour synthétiser l’ensemble des résultats de cette opération.

Audrey Blanchard

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Une maison néolithique et des vestiges gallo-romains à Ars-en-Saintonge (Charente)

Photo du site par drone. Au second plan, le château de la Maison Ferrand (© 3DRView / Archeodunum)
Bâtiment « naviforme » néolithique, vue par drone depuis le sud (© 3DRView / Archeodunum)
Bâtiment carré de l’angle sud-est de l’enclos principal, vue par drone depuis le sud (© 3DRView / Archeodunum)
Bâtiment rectangulaire sur tranchées plantées de poteaux, vue par drone depuis le sud (© 3DRView / Archeodunum)

La fouille de Ars, en Charente, près de Cognac, a été conduite à la fin de l’année 2016 par Alexandre Lemaire. Préalable à la construction d’un chai par la maison Ferrand, productrice de spiritueux, elle a permis d’ouvrir une fenêtre de 7000 m². Après la phase nécessaire d’étude, nous sommes heureux de pouvoir présenter les premiers résultats de cette fouille fructueuse, qui a notamment mis au jour une maison néolithique et un enclos rural du début du Haut-Empire (Ier s. p.C.), présentant deux états successifs associé à deux bâtiments.

La maison néolithique se situe au centre de l’emprise de fouille. Il s’agit d’un bâtiment « naviforme » de 13,90 m de longueur et 5,80 m de largeur maximale. Ce type d’édifice « naviforme » fondé sur poteaux et tranchées n’est pas sans évoquer les bâtiments « en amande » ou « piriformes » du Néolithique final et du Bronze ancien mis au jour ces dernières années en Bretagne et dans le Calvados . La datation radiocarbone d’un charbon prélevé dans l’un des deux poteaux de l’entrée du bâtiment tend à valider l’attribution au Néolithique final. Enfin, le matériel lithique collecté sur le site, majoritairement en position résiduelle au sein des structures plus récentes, présente une homogénéité forte et correspond à une industrie lithique de la fin du Néolithique Centre-Ouest (néolithique récent peu richardien ou néolithique final artenacien) qui détermine un contexte favorable à l’attribution chronologique de notre bâtiment.

L’occupation du Haut-Empire se signale par un enclos fossoyé quadrangulaire, presque carré, dont le fossé occidental se poursuit en direction du nord, au-delà de la limite d’emprise. La partie enclose s’inscrit dans un espace de 60 à 70 mètres de côté, fossés compris, délimitant une surface totale de 4043 m² et une surface utile d’environ 3685 m². Les tessons collectés au sein des fossés orientent une datation centrée sur la première moitié du Ier s. p.C.. Une partition interne, matérialisée par un tronçon de fossé d’à peine 10 m de longueur, orienté nord-sud et déconnecté des fossés de ceinture, marque une limite dans l’axe médian de l’enclos.

Dans l’angle sud-est de l’enclos, un premier bâtiment correspond à un ensemble presque carré de 7,5 m par 7,65 m, délimité par des tranchées de fondation probablement destinées à accueillir des séries de poteaux. Aucun mobilier n’y a été mis au jour, à l’exception d’un anneau en fer de datation ubiquiste. Les façades orientale et occidentale du bâtiment paraissent interrompues et peuvent déterminer des points d’accès ou, plus probablement, correspondre à des sections de cloisons non porteuses, fondées plus légèrement, dans une architecture à double pans. Cinq structures en creux de petit module ont été relevées à l’intérieur du bâtiment. Le lien entre cet espace bâti et des vidanges de foyers observées à son aplomb, dans les fossés de ceinture, témoigne d’une activité culinaire liée à une consommation de coquillages et tend à inscrire le bâtiment carré dans une activité domestique.

Un second aménagement pouvant servir à enclore un espace se superpose ensuite partiellement au premier. Il s’agit d’un ensemble de structures fossoyées, essentiellement linéaires, localisé au niveau de la moitié orientale de l’enclos principal, reprenant l’axe de l’ancien fossé de partition comme limite occidentale. Identifiées comme une série de tranchées ou de sections peu profondes de fossés, ces structures paraissent dessiner un fossé discontinu délimitant un espace de forme peu ou prou trapézoïdale d’environ 1800 m². Un lot de céramiques permet une datation assez précise de l’ensemble dès le milieu du Ier s. p.C.. La mise en place du système fossoyé secondaire marque l’abandon du premier, sans que l’on puisse déterminer s’il s’agit d’une simple rétractation de l’espace originel ou d’un changement de fonction du site, par exemple au profit d’une activité agro-pastorale dénuée d’occupation domestique.

Enfin, un dernier ensemble bâti longe à la fois le fossé de partition du premier enclos et la limite occidentale du deuxième système fossoyé. Très mal conservé, il ne subsiste que par des fonds de tranchées de sablières associés à quelques ancrages de poteaux. En l’état, ce bâtiment reste non daté, mais sa bonne insertion dans les plans des deux enclos du Haut-Empire peut plaider pour leur association.

L’espace doublement enclos contenait encore deux fosses de bonnes dimensions qui se rapportent à la période gallo-romaine. L’une d’entre elles a livré de nombreux restes de malacofaune, quelques restes de céramique et amphores, ainsi qu’une petite herminette en fer assez bien conservée. Enfin, un puits, profond de 2,80 m, occupe également l’espace deux fois enclos ; son comblement terminal peut être situé dans la deuxième moitié du Ier s. p.C. et il est probable que ce puits ait alimenté en eau les deux occupations successives du Haut-Empire.

Le développement de petits établissements inscrits dans le giron agro-pastoral au début du Haut-Empire ainsi que leur abandon assez rapide, avant le Bas-empire, est un phénomène courant qui a par exemple été observé en Picardie, dans le Berry ou encore en Beauce. C’est le cas à Ars, où l’abandon ou la restructuration du premier enclos intervient dès le milieu du Ier s. p.C. et où l’occupation du site ne semble pas perdurer dans le IIème s. p.C.. Les données sur le secteur sont encore trop lacunaires pour permettre d’intégrer le site à un schéma de développement des campagnes susceptible, par exemple, de relier l’abandon de petites fermes à la mise en place de plus grands établissements. Mais avec cinq autres enclos fossoyés repérés en prospection aérienne, la mention d’une « villa », et la proximité de la voie qui reliait Saintes à Périgueux, le territoire de la commune offre de bonnes perspectives pour l’exploitation de ces problématiques.

Alexandre Lemaire (coll. Bruno Bioul)

Découvertes néolithiques et protohistoriques autour de Pontivy

Vue du fossé palissadé de Kernaud 1
Vue aérienne de l'épandage à Kernaud 2
Vue d'un des bâtiments néolithiques de Neulliac
Vue aérienne d'un des enclos de l'âge du Bronze de Neulliac

Entre le mois d’octobre 2016 et le mois de juillet 2017, pas moins de trois fouilles ont été réalisées aux abords de l’agglomération de Pontivy (Morbihan) : deux dans le cadre du contournement nord de la ville, et une actuellement en cours pour l’aménagement d’un futur parc d’activités. Ces fouilles réalisées par les équipes d’Audrey Blanchard et Mohamed Sassi ont permis de mettre au jour des occupations du Néolithique, de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.

Sur la commune même de Pontivy, à Kernaud 1, la fouille d’une surface de 3800 m² en novembre 2016 a permis la mise au jour d’un réseau de fossés daté de la fin du second âge du Fer. Sous la responsabilité de Mohamed Sassi, les archéologues ont identifié la présence d’au moins un système d’enclos fossoyés avec une entrée et sans doute une partition interne de l’espace. En parallèle, au moins quatre bâtiments de petites surfaces (fondations comprises entre 5 et 9 m2) évoquent la présence de greniers et deux structures de combustion complètent cette occupation comprise entre le IIe et le début du Ier siècle av. J.-C d’après l’étude de la céramique. [Accès à la notice complète]

À proximité immédiate, mais sur le territoire de la commune de Cléguérec, le site de Kernaud 2 occupe une surface de 5600 m². Audrey Blanchard et son équipe ont alors repéré 70 structures et un épandage de mobilier datés de l’âge du Bronze final. Des aménagements de pierres ont également été distingués en limite d’emprise et pourraient correspondre aux restes d’un habitat. Un second décapage a permis de repérer une vingtaine de structures supplémentaires, aux abords et sous l’épandage, mais malheureusement le mobilier ne permet pas de les raccorder clairement à une occupation antérieure distincte. [Accès à la notice complète]

Enfin, à cinq kilomètres plus au nord-est, près de cinq hectares sont en cours de fouille avant l’implantation du Parc d’Activités de Saint-Caradec à Neulliac. Cette grande emprise décapée permet la découverte de multiples structures en creux, vestiges d’occupations du Néolithique et de l’âge du Bronze. Audrey Blanchard et Jimmy Ménager y dirigent la fouille de plusieurs bâtiments du Néolithique et d’enclos funéraires de l’âge du Bronze, entre autres témoignages de la Protohistoire. Ces vestiges présagent un apport d’informations importantes pour la connaissance de ces périodes en Bretagne, les bâtiments du Néolithique étant encore largement méconnus. [Accès à la notice complète]

Notons que ces dernières fouilles sont toujours en cours, mais les archéologues font déjà parler d’eux ! [Extrait de l’émission de France Inter : La Récréation du 22 mai 2017]

Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux

Vue du site au drone depuis l'ouest
Branche sud de l'enclos Second âge du Fer niveau
Enclos funéraire âge du Bronze avec au centre une sépulture secondaire à crémation
Petit bâtiment circulaire du Néolithique moyen
Grand bâtiment circulaire du Néolithique moyen

Etablissement rural du Second âge du Fer et habitat du Néolithique moyen aux Mureaux (Yvelines)

Aux Mureaux, préalablement aux travaux d’extension de la station d’épuration de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, une équipe d’archéologue de la société Archeodunum a réalisé une fouille archéologique préventive du 27 février au 5 mai 2017. Cette opération portait sur une surface de 15000 m² prescrite par le Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France) suite à un diagnostic mené par le Service Archéologique Départemental des Yvelines en 2015, ce dernier ayant notamment révélé la présence de structures et d’artefacts en rapport avec un probable établissement rural du Second âge du Fer. Le décapage extensif du site a permis de découvrir, outre ces vestiges, les traces d’une occupation du début du Néolithique moyen caractérisée par la présence exceptionnelle de deux bâtiments circulaires.

Le Néolithique

C’est dans la partie centrale de l’emprise, localisée sur la bordure de la plaine de Flins en surplomb de la rive gauche de la Seine, que s’installe l’habitat du début du Néolithique moyen (vers 4500 avant notre ère) matérialisé par les vestiges des deux bâtiments circulaires à proximité desquels se développent des fosses, plusieurs palissades ainsi qu’un four à pierres chauffées probablement contemporain. Le premier bâtiment, qui mesure 7 m de diamètre, est constitué sur son flanc ouest d’un demi-cercle formé de 16 petits trous de poteaux auquel répond en symétrie un trou de poteau de dimensions plus importantes, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne en deux aires inégales d’environ deux tiers et un tiers de la surface. Le second bâtiment est bien plus imposant puisqu’il atteint près de 15 m de diamètre : la construction fait ici intervenir d’une part une tranchée hémicirculaire recevant des poteaux qui délimite la partie ouest du bâtiment, et d’autre part un demi-cercle formé de 6 trous de poteaux qui ferment l’espace à l’est, tandis que deux tranchées alignées recevant des poteaux scindent l’espace interne suivant le même principe que pour le premier bâtiment. Moins d’une vingtaine de constructions de ce type sont connues en France, essentiellement dans le Bassin parisien. L’identification de deux habitations circulaires sur le site de la station d’épuration des Mureaux s’avère donc précieuse pour l’analyse de cette forme d’habitat du milieu du Vᵉ millénaire avant notre ère qui semble succéder aux grandes habitations de modèle danubien du Néolithique ancien.

S’ajoute à cet ensemble une série importante de fosses se développant dans la partie septentrionale de l’emprise, à proximité de la Seine, qui pourrait correspondre à une fréquentation des rives du fleuve durant le Néolithique final (entre 3500 et 2200 avant notre ère), datation à confirmer par carbone 14.

La Protohistoire

D’après le mobilier céramique recueilli dans plusieurs structures, la fréquentation du site semble se poursuivre durant l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère), notamment au cours du Bronze final. C’est probablement à cette période que se situe l’édification d’un petit enclos funéraire ovoïde de 5,5 x 4,5 m de diamètre, localisé à l’extrémité méridionale de l’emprise, qui abritait en son centre une sépulture secondaire à crémation en pleine terre. Une datation carbone 14 sur les ossements brûlés recueillis permettra de caler avec plus de précision la période d’édification de ce monument funéraire isolé.

Les vestiges protohistoriques les plus significatifs datent du Second âge du Fer (entre 500 et 50 avant notre ère) et se développent sur l’ensemble de la partie méridionale du site. Les différents aménagements repérés (trous de poteaux, fosses, foyers, fossés) semblent se rattacher à un établissement rural fréquenté d’après le mobilier recueilli entre La Tène ancienne et le début de La Tène finale. Un grand enclos rectangulaire d’orientation nord-est/sud-ouest (partiellement hors emprise) est délimité par un fossé mesurant plus de 50 m de long d’est en ouest pour 45 m de long du nord au sud. Ce fossé est interrompu sur ses côtés nord et sud afin de ménager des entrées de 3,5 m de large, et il présente la particularité d’être resté ouvert au nord et au sud tandis que son segment oriental, plus modeste, semble avoir été palissadé. Plusieurs exemples de recoupements de structures fossoyés par le fossé de l’enclos pourraient témoigner de la création de ce dernier lors d’une restructuration de l’établissement rural, tandis que le mobilier recueilli dans son remplissage suggère qu’il a été comblé avant l’abandon définitif du site, probablement durant La Tène moyenne. L’espace interne de l’enclos est occupé par au moins six bâtiments sur poteaux qui appartiennent à au moins deux phases de construction successives d’après les recoupements observés. On distingue notamment deux grands bâtiments de plan quadrangulaire complexe occupant 30 et 64 m² de surface au sol, interprétés comme des unités domestiques, tandis que les autres bâtiments pourraient correspondre à des annexes agraires. Quatre autres bâtiments ont été mis au jour au nord de l’enclos, parmi lesquels deux greniers sur six poteaux ainsi qu’un grand bâtiment de plan quadrangulaire complexe. Ce dernier, qui a livré du mobilier céramique de La Tène finale (dont un fragment d’amphore), constitue à ce jour l’élément le plus tardif de l’occupation protohistorique du site.

Par la suite, seul un fossé isolé témoigne d’une fréquentation sporadique du site durant l’antiquité, avant qu’à l’époque moderne le terrain ne fasse l’objet d’une mise en culture avec le creusement de fosses de plantations et de fossés parcellaires.

Les découvertes effectuées sur le site de la station d’épuration des Mureaux permettent d’apporter nombre de données inédites concernant les occupations néolithiques et protohistoriques des rives de la Seine dans le département des Yvelines. Les études actuellement en cours permettront notamment de déterminer avec plus de précision les différentes périodes d’occupation du site et le phasage de l’établissement rural du Second âge du Fer.

Amaury Collet