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À la recherche du temple perdu : un sanctuaire gallo-romain à Valromey-sur-Séran

À la recherche du temple perdu

Un sanctuaire gallo-romain à Valromey-sur-Séran

Durant les rudes mois d’hiver 2024-2025, au coeur du Bugey, une équipe de la société Archeodunum a exploré un temple d’époque romaine jusqu’ici inconnu (fig. 1). Cette découverte totalement inattendue a été faite à Valromey-sur-Séran, à côté de l’église du village. La fouille a eu lieu avant la construction d’une maison particulière, sur une surface d’environ 550 m². Prescrite par le Service régional de l’archéologie, l’opération a été entièrement financée par l’État (Fonds national pour l’archéologie préventive).

Fig.1 : Les archéologues à l’œuvre dans le sanctuaire d’époque romaine.
Fig. 2 : Vus du ciel, les deux carrés concentriques du temple sont parfaitement visibles.
Fig. 3 : Evocation d’un fanum semblable à celui de Valromey (© J.-C. Golvin).

Une découverte aussi belle que surprenante

Lorsque les archéologues ont démarré l’opération, ils ne s’attendaient pas à trouver des vestiges en si grand nombre, ni d’une telle nature. Le coeur des découvertes est un temple gallo-romain (fig. 2). Ce type d’édifice, appelé fanum par les spécialistes, se caractérise par un plan centré constitué de deux carrés concentriques. Seules les fondations sont conservées, mais elles permettent d’identifier avec certitude une pièce centrale (cella), qui accueillait la statue de la divinité, et une galerie périphérique, fréquentée par les fidèles (fig. 3). Si ce genre d’édifice est bien connu dans le monde gallo-romain, les nouvelles découvertes demeurent exceptionnelles.

Organisation et fonction de l’espace sacré

Le temple prend place au sein d’une cour empierrée, fermée par un mur d’enceinte dont seule la partie nord nous est parvenue. De très nombreuses fosses ont  été recensées dans cet espace ouvert (fig. 4), mais rares sont celles liées à l’activité du sanctuaire. L’une d’entre elles contenait des ossements animaux pouvant résulter d’un sacrifice. D’autres fosses pourraient signaler la présence de plantations, témoignant d’un aménagement paysager. L’ensemble suggère une occupation structurée de l’espace.

Fig. 4 : Plan général des vestiges.
Fig. 5 : Les murs du bassin sont en pierre de taille.
Fig. 6 : Les pierres de calage indiquent l’emplacement d’un poteau disparu.

Un bassin énigmatique

À la périphérie orientale de l’emprise, un aménagement maçonné de 7,15 x 4,70 m, et encaissé d’environ un mètre dans le substrat, a été partiellement dégagé (fig. 5). Il est construit à l’aide d’imposants blocs de taille en calcaire (certains atteignent 90 cm de longueur !) ; le fond n’est pas aménagé. L’hypothèse d’un bassin d’agrément est envisagée, bien que certains arguments s’y opposent. Des analyses chimiques sont en cours pour préciser la nature et la fonction de cette construction.

Réoccupations postérieures du site

Après l’abandon du sanctuaire, des aménagements plus modestes sont venus s’implanter dans les ruines du temple. Des trous de poteau et un petit foyer (constitué de fragments de tuiles) signalent la présence de constructions légères à usage probablement artisanal (fig. 6 et 7). Une canalisation maçonnée traversant le site atteste par ailleurs une activité de gestion hydraulique postérieure à l’occupation cultuelle (fig. 8).

Fig. 7 : Foyer en pierres et fragments de tuiles.
Fig. 8 : Canalisation.
Fig. 9 : Pied d’une statue d’époque romaine.

Recyclages et dépotoirs

Les bâtiments laissés à l’abandon offrent de belles opportunités pour récupérer des matériaux de choix et construire de nouveaux édifices. C’est ce que l’on observe dans les bâtiments environnants, parfois même dans les maison modernes. Les éléments non valorisables ont été évacués dans de grandes fosses. C’est dans l’une d’elles qu’a été retrouvé un pied de statue en pierre (fig. 9). D’autres fosses, ont pu servir à l’extraction de matériaux naturels.

Et ensuite ?

Le terrain a été restitué au propriétaire. Le mobilier archéologique est en cours d’étude par des spécialistes, tandis que des analyses radiocarbone ou physico-chimiques sont programmées pour affiner les datations et les interprétations fonctionnelles. Le tout sera synthétisé dans un rapport scientifique remis au Service régional de l’archéologie.

Opération d’archéologie préventive conduite durant l’hiver 2024-2025 sur la commune de Valromey-sur-Séran (Vieu) « rue du Boule », en préalable à une construction d’habitat privé.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’oeuvre : MocaBois

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Camille Nouet

Équipe de terrain

  • Camille Nouet  (RO)
  • Kilian Blanc (RA)
  • Elio Polo
  • Clément Chavot
  • Christina Popova
  • Lara Perez-Blanc,
  • Gillian Filiz
  • Thomas Eydaleine,
  • Thierry Repellin
  • Stephane Marchand

Aux portes de la Bretagne, le châtelet d’Ancenis se révèle

Aux portes de la Bretagne, le châtelet d’Ancenis se révèle

En 2024, la mairie d’Ancenis Saint-Géréon (Loire-Atlantique) s’est engagée dans la restauration et la réhabilitation du châtelet, ancienne porte d’entrée du château constituée d’un couloir voûté flanqué de deux tours. À terme, l’objectif est de rendre l’édifice accessible au public. Avant de bâtir son projet de restauration, l’architecte du patrimoine avait besoin des premières clés de compréhension de l’histoire architecturale du monument. Cette mission de quelques jours, confiée à Archeodunum, a permis d’éclairer les grandes phases qui ont ponctué la vie de l’édifice. 

Fig. 1 : Le châtelet d’Ancenis vu depuis le sud-est. On distingue la terrasse de tir au sommet de la tour sud.
Fig. 2 : Plan d’Ancenis vers 1811. Le châtelet est en jaune, et on devine l’emprise du château disparu. Extrait du cadastre napoléonien.
Fig. 3 : Vue du château d’Ancenis au bord de la Loire. Turner, vers 1830, The Fitzwilliam Museum.

Ancenis au Moyen Âge : une place-forte des marches de Bretagne

À l’époque médiévale, la Bretagne est un duché autonome, rival du royaume de France. Les zones frontalières cristallisent alors les conflits : du nord au sud, sur environ 250 km, des châteaux sont édifiés sur des points stratégiques. Située le long de la Loire, axe commercial important et avant-poste de Nantes, la ville d’Ancenis joue un rôle crucial dans la défense des frontières tout au long du Moyen-Âge. Son château y apparaît comme un indispensable pivot du dispositif défensif mis en place le long de la frontière bretonne (Fig. 2 et 3).

Avant le châtelet : une première tour

Si le secteur du châtelet avait déjà fait l’objet d’investigations archéologiques (un diagnostic en 2004, une fouille aux abords en 2015), l’édifice proprement dit restait à étudier (fig. 4). Et c’est une riche histoire que révèlent ses maçonneries ! Nos archéologues ont pu montrer qu’à cet emplacement existait une première tour, qui a ensuite servi de base à la partie sud du châtelet. Ce premier édifice, qui reste à dater, est aujourd’hui conservé en plan sur une moitié seulement, et sur deux niveaux. Le sous-sol accueillait une salle de stockage voûtée, et une fosse à latrines. Au-dessus, deux pièces à vivre équipées de cheminées, éclairées par une baie, témoignent de la fonction résidentielle de l’ensemble (fig. 5).

Fig. 4 : Plan du châtelet avec ses dispositifs de défense. Les maçonneries de la tour primitive sont en rouge.
Fig. 5 : Une des cheminées de la tour primitive.
Fig. 6 : Porte charretière et porte piétonne équipées de pont-levis.

Le châtelet (fin du XVe siècle) : une construction innovante en période troublée

C’est sans doute au cours de l’un des épisodes de conflit entre la France et la Bretagne que la tour d’origine est partiellement détruite. La moitié restante, toujours fonctionnelle, est intégrée dans un châtelet, construit entre 1488 et 1503. Ce nouveau dispositif sert de défense avancée et d’accès au château. Le passage d’entrée adopte un plan en chicane, une configuration qui apparaît comme innovante – ou singulière – pour l’époque. Il est défendu par un double pont-levis et par une herse (fig. 6-7 ; voir fig. 4). Au sommet des tours, les adaptations les plus récentes à l’artillerie sont également déployées, notamment grâce à des terrasses dotées de canonnières typiques de la dernière décennie du XVe siècle (voir fig. 1).

Une topographie transformée

L’histoire récente du château est marquée par de nombreuses destructions, et le châtelet est un des derniers bâtiments qui matérialisent l’ancienne puissance du lieu. En contrebas des anciennes fortifications, le comblement du fossé (autrefois large de 20 m et profond d’au moins 10 m !) a fortement transformé la physionomie du site et de ses abords. Du fait de ces remblaiements, seule la partie supérieure du châtelet demeure visible, alors que ses tours s’enfoncent encore de plusieurs mètres sous le sol d’aujourd’hui (fig. 8).

Fig. 7 : Entre les voûtes, la rainure de la herse rappelle la défense du lieu, tandis que les culots sculptés témoignent du soin apporté à l’ornementation.
Fig. 8 a : Vue du châtelet en 1842, avant le comblement du fossé (Touchard-Lafosse, La Loire historique pittoresque et biographique de la source de ce fleuve à son embouchure dans l’océan, 1851, p. 296). Les tours et l’entrée sont encore intégralement visibles.
8 b : Le châtelet aujourd’hui. La comparaison des deux images met en évidence le changement de topographie.

Des données précieuses pour guider la restauration

Les résultats archéologiques vont désormais nourrir le projet de restauration de l’architecte du patrimoine. Selon les orientations et les interventions qui seront décidées, de nouvelles investigations archéologiques pourraient être menées, notamment depuis des échafaudages, pour être au plus près des maçonneries et enrichir davantage la compréhension du châtelet d’Ancenis.

Fig. 9 : Les archéologues se sont également rendus dans les fondations de la tour sud.

Opération d’archéologie programmée conduite en octobre 2024, sur la commune d’Ancenis Saint-Géréon, en préalable au projet d’aménagement du châtelet.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie des Pays-de-la-Loire

Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Ancenis Saint-Géréon
Architecte du patrimoine : Claire Dukers, cabinet Post

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Margaux Lainé

Une occupation rurale du premier Moyen Âge à Bavois (Vaud)

Une occupation rurale du premier Moyen Âge à Bavois (Vaud)

Les résultats issus du diagnostic mené en novembre 2020 sur la parcelle 243, au lieu-dit En Martherey, ont donné lieu à un avis favorable de l’Archéologie Cantonale de l’état de Vaud pour qu’une fouille soit entreprise les mois suivants. L’opération, conduite en janvier-février 2021 puis en juin de la même année, a concerné une superficie d’un peu plus de 2000 m² et a livré près de 245 structures en creux, principalement des trous de poteau. Les traces diffuses d’une fréquentation protohistorique puis antique et plusieurs phases d’occupation, allant du haut Moyen Âge au XIIIe s., ont pu être reconnues.

Un site fréquenté depuis la protohistoire

Le site se trouve à l’emplacement actuel d’un verger, au cœur du village de Bavois, sur un terrain accusant un léger dénivelé en direction de la plaine de l’Orbe s’étendant plus à l’ouest. Les structures apparaissent à une cote comprise entre 456,49 m et 460,84 m. L’extension maximale du gisement archéologique n’a pu être appréhendée, les vestiges de ces occupations se prolongeant en dehors de l’emprise de fouille, en direction du nord et du sud-est notamment.

Une quinzaine de tessons de céramique pouvant être associés à la Protohistoire au sens large ont pu être collectés, sur le toit du substrat géologique ou dans le comblement de certaines structures en creux. Ce matériel a aussi été découvert en position secondaire dans le remplissage d’aménagements assurément médiévaux.

Une vingtaine de fragments de céramique, dont les termini post quem se situent entre les IIe et Ve s., ont pu être collectés dans le comblement de structures en creux. Peu abondants, les éléments identifiables sont plutôt caractéristiques de l’Antiquité tardive. La plupart de ces fragments semble donc avoir été découverte en position résiduelle et ces quelques éléments ne suffisent pas à attester l’existence de vestiges du Haut-Empire romain sur ou à proximité immédiate du site.

Parcelle en cours de fouille.
Le fond de cabane St 102 en cours de fouille.
Le fond de cabane St 102 recoupé par la structure en creux St 15.

Une occupation principale du premier Moyen Âge,

La majorité des creusements mis au jour se rattachent au premier Moyen Âge (époques mérovingienne et carolingienne). Un fond de cabane muni de quatre poteaux corniers, d’un trou de poteau central et d’une tranchée d’implantation des parois a par exemple été mis au jour à l’est de l’emprise investiguée. Son comblement a livré une quinzaine de tessons de céramique bistre et quelques charbons pour lesquels une analyse radiocarbone a été réalisée et dont les résultats ont donné un âge calibré situé entre 410 (95.4%) et 550 cal. AD. Quelques plans de bâtiments ont pu être proposés, parmi lesquels celui d’un édifice à deux nefs et pignon en abside dont l’abandon pourrait se situer au cours du IXe s.

La structure semi-enterrée St 52.
La structure semi-enterrée St 52, vue en coupe.
La structure semi-enterrée St 52 - détails des couches de charbons et rubéfaction.

Qui se poursuit jusqu’au XIIIe siècle.

 Au cours du second Moyen Âge, le site est toujours occupé mais semble l’être de façon plus sporadique. Une structure semi-enterrée, conservée jusqu’à 1,30 m de profondeur, est installée dans la partie orientale du site. Son fond est percé de plusieurs trous de poteau implantés peu profondément et d’un semis de trous de piquet interprétés comme les vestiges d’un ou de deux métier à tisser. Son abandon intervient aux alentours du XIIe s. Plus au nord-ouest, un cellier muni de quatre poteaux corniers a également été découvert. Un important niveau charbonneux déposé sur le fond de la structure a permis de le dater du XIIIe s. Il pourrait, en cela, être contemporain des quelques trous de poteau situés en limite sud-est d’emprise et rattachables à un vaste bâtiment de plan probablement quadrangulaire.

Opération d’archéologie préventive conduite en 2021 sur la commune de Bavois en amont d’un projet immobilier.

Prescription et contrôle scientifique :
Archéologie cantonale du canton de Vaud

Maîtrise d’ouvrage : Particulier

Opérateur archéologique : Archeodunum SA

Responsable : Xavier PETIT

Équipe de fouille

    • Xavier Petit (RO)
    • Yann Buzi
    • Benoît Pittet
    • François Menna
    •  Sandrine Oesterlé
    •  Christophe Henny
    •  Pascal Ducret

Les secrets du théâtre antique de Moingt

Les secrets du théâtre antique de Moingt

Comprendre la construction d’un monument public

Les archéologues ont pu profiter des beaux jours du printemps 2025 pour étudier le théâtre antique de Moingt (fig.1 et 2). Cette étude s’inscrit dans un projet de préservation de l’édifice financé par la mairie de Montbrison. Grâce à la mise en place d’un échafaudage et aux méthodes de l’archéologie du bâti, une analyse approfondie des vestiges a pu être menée sur l’ensemble du monument. Archéologues, architectes et maçons travaillent ainsi de concert pour mener à bien un projet qui bénéficiera à tous.

Fig. 1. Vue aérienne du théâtre.
Fig. 2. Enregistrement des informations dans une base de données.
Fig. 3. Carte postale noir et blanc. ©Édition Girard à Moingt. Vers 1910.

Un monument étudié depuis plusieurs siècles

Le théâtre a toujours fait partie du paysage Montbrisonnais. Les érudits locaux s’y sont intéressés très tôt et les premières études sérieuses sont réalisées à partir du XIXe siècle. Des dessins d’époque, des photographies (fig. 3), des notes voire des rapports détaillés sont accessibles aux archives de la Diana.

La place du théâtre dans Aquae Segetae

Durant l’Antiquité, la ville romaine, nommée Aquae Segetae (fig. 4), se développe essentiellement au niveau de l’ancienne commune de Moingt. Le centre public se situe autour des thermes de Saint-Eugénie et des vestiges de quartiers résidentiels et artisanaux ont été mis au jour à proximité. Le théâtre est installé traditionnellement aux marges de la ville (fig. 5). Un tel édifice nécessite de la place et il est plus simple de l’installer en dehors du centre urbain. Une pente naturelle est également la bienvenue pour faciliter la construction.

Fig. 4. Table de Peutinger.
Fig. 5. Représentation du théâtre de Moingt. ©J.-C. Golvin.
Fig. 6. Exemple de trou de boulin.

Une première construction…

Le théâtre est donc construit à flanc de colline, mais un décaissement de la roche naturelle s’est tout de même révélé nécessaire. Afin de faciliter le travail, les artisans se sont servis de la roche extraite sur place pour en faire des moellons. À l’extérieur de l’édifice, des petits contreforts viennent stabiliser l’ensemble. Certains indices du chantier sont visibles dans les murs, comme les nombreuses petites cavités (trous de boulin) qui témoignent de l’ancrage de l’échafaudage (fig. 6).

… puis un agrandissement

Plus tard, le théâtre est agrandi, repris en partie haute et renforcé. La roche naturelle sur place n’est plus accessible et il faudra donc aller chercher les matériaux un peu plus loin, mais à quelques kilomètres seulement. Par ailleurs, les maçons de l’époque retraçaient leurs joints.  Une partie de ces derniers est assez bien conservée pour que l’on puisse encore observer aujourd’hui cette habitude de travail (fig. 7).

Fig. 7. Joints retracés.
Fig. 8. Maisonnette construite entre les murs du théâtre.
Fig. 9. Exemple de relevé photogrammétrique.

Une carrière de pierres idéale

Lorsque le théâtre a été abandonné, il a été utilisé au fil des siècles comme carrière de pierres. On le remarque au niveau des contreforts, où les angles des parties basses sont détériorés. Ce sont effectivement les zones les plus accessibles. Le théâtre a également été réinvesti par une maisonnette construite il y a quelques siècles (fig. 8) : trois murs de très bonne facture étaient déjà construits, pratique !

Et après ?

L’étude du site n’est pas encore terminée et quelques interventions archéologiques sont prévues tout au long du chantier. Les archéologues ont déjà réalisé des relevés photogrammétriques (fig. 9), des photographies, des prélèvements de matériaux et de nombreuses notes détaillées. L’ensemble des données recueillies fera l’objet d’un rapport rendu public.

Opération d’archéologie préventive conduite depuis avril 2025 sur la commune de Montbrison, dans le cadre des travaux de préservation et de confortement des vestiges

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Montbrison

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Camille Nouet

Équipe

  •  Camille Nouet (RO)*
  • David Baldassari
  • Camille Collomb
  • Jean-Baptiste Kowalski

* fouille et post-fouille

Vivre et mourir à Cournon-d’Auvergne

Vivre et mourir à Cournon-d’Auvergne

2000 ans d’aménagements protohistoriques sous la place Joseph Gardet

C’est dans le cadre du réaménagement de la place Joseph Gardet et de ses abords, mené par la mairie de Cournon-d’Auvergne, que plusieurs phases d’investigations archéologiques se sont déroulées entre 2023 et 2025. Une équipe d’une dizaine d’archéologues a exploré une surface de 5400 m², mettant en évidence une occupation continue du site depuis l’âge du Bronze (2300-800 avant notre ère) jusqu’au Ier siècle avant notre ère. Cette occupation est matérialisée par des vestiges d’habitats ruraux (fig. 1) et par plusieurs sépultures.

Fig.1 : Silo destiné à la conservation du grain.
Fig. 2 : Trou de poteau en cours de fouille.
Fig. 3 : Plan général des vestiges (fond © Google Earth).

Une zone d’habitat bien définie

Différentes concentrations de trous de poteau, identifiables notamment grâce aux blocs de calcaire utilisés en calage (fig. 2), témoignent de l’aménagement d’une zone d’habitat au centre-ouest de l’emprise de fouille. Les bâtiments étaient constitués d’une ossature de bois garnie de torchis. L’étude de la céramique permet de dater ces structures entre l’âge du Bronze ancien (2200-1600 avant notre ère) et le début du second âge du Fer (450-300 avant notre ère). Durant cette dernière période, un enclos quadrangulaire d’au moins 900 m² est aménagé (fig. 3). Les activités agropastorales de ces populations sont révélées par plusieurs dizaines de silos (fig. 1), des fosses en forme de poires utilisées pour la conservation du grain, et par des ossements issus de cheptels ovins, bovins et porcins.

Des niveaux de circulation préservés

À l’est du chantier, des chemins (fig. 4) sont aménagés dès le Bronze final (1400-800 avant notre ère). Constitués d’un cailloutis mis à plat et damé, ils longent les versants méridionaux du massif de Bane. Cette situation en bas de pente, propice à l’accumulation de colluvions, a contraint les habitants à continuellement rehausser leur voirie, et cela jusqu’à la fin de l’âge du Fer (Ier siècle avant notre ère). C’est ainsi une superposition d’une douzaine de niveaux de circulation qui a pu être observée.

Fig. 4: Niveaux de circulation en cours de fouille.
Fig. 5 : Sépulture en cours de fouille.
Fig. 6 : Sépulture double datée du Bronze ancien.

Un ensemble funéraire homogène

Les archéologues ont mis au jour une quinzaine de sépultures, pour la plupart datées du Bronze ancien. Les squelettes sont installés en position foetale, tournés vers le sud (fig. 5 et 6). Certaines tombes présentent des aménagements de surface prenant la forme de monticule ou de couronne de blocs calcaires (fig. 7). Deux tombes plus récentes ont également été découvertes. Aménagée au cours du second âge du Fer, l’une d’elle s’installe au sein d’un enclos sur poteau tandis que l’autre semble associée à un fossé bordier.

Fig. 7 : Blocs calcaires en couronne autour d’une inhumation.
Fig. 8 : Visite guidée par un archéologue lors de journées portes ouvertes.

Après la fouille

La requalification de la place Joseph Gardet s’est déroulée de concert et en parallèle de nos interventions, et s’est poursuivie après le départ des archéologues pour aboutir à la nouvelle place de la République. Côté archéologie, nos experts ont étudié l’ensemble des données recueillies (photos, dessins, objets, etc.) afin de comprendre au mieux comment l’implantation humaine s’est pérennisée dans cette partie du bassin clermontois. Tous les résultats seront synthétisés dans un rapport de fouille abondamment documenté.

Opération d’archéologie préventive conduite entre octobre 2023 et mars 2025 sur la commune de Cournon-d’Auvergne, en préalable au réaménagement de la place Joseph Gardet.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Cournon-d’Auvergne

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Kevin Dixon

Équipe de terrain

  •  Kevin Dixon (RO)*
  • Jérôme Besson (RA)
  • Laurent Vallée (RA)*
  • Gaëlle Morillon*
  • Thierry Repellin*
  • Elsa Dias*
  • Stéphane Marchand*
  • Killian Blanc
  • Laura Darmon*
  • Lucile Pomes*
  • Miguel Rodriguez
  • Lucile Catté*
  • Aurélie Courtot
  • Audrey Baradat-Joly*
  • Kathleen Dupinay*

* fouille et post-fouille

Équipe de Post-Fouille

  •  Katinka Zipper
  • Gauthier Tavernier
  • Amaury Collet
  • Amandine Réaud
  • François Corbeau
  • Clément Chavot
  • Audrey Baradat-Joly
  • David Gandia
  • Géraldine Camagne
  • Pierre Cargouet
  • Laurie Flottes
  • Guillaume Lépine
  • Geoffrey Leblé
  • Sébastien Laratte

Des occupations du néolithique à l’antiquité à Lonay (Vaud)

Des occupations du néolithique à l’antiquité à Lonay 

Dans la zone industrielle de Lonay (Vaud), un projet de construction d’un ensemble d’activité avec parking souterrain du nom d’Ideal Park a été précédé d’une intervention d’archéologie préventive qui a conduit à la découverte d’un site multi-phasé.Sur un total de plus de 1500 m2, des vestiges du Néolithique moyen I jusqu’à la période antique ont pu être mis au jour. 

Des vestiges depuis le néolithique …

Les vestiges les plus anciens correspondent à une phase de défrichement durant le Néolithique moyen I avec des traces disséminées évoquant une installation humaine au Néolithique moyen II. Cette dernière, mal définie spatialement, semble malgré tout présente sur la grande majorité de l’aire investiguée. L’âge du Bronze représente toutefois la plus grande partie des indices archéologiques découverts sur ce site. Un corpus de céramique protohistorique riche de plus de 750 tessons a pu être étudié. La mise en commun de ce mobilier avec les vestiges de deux habitats brûlés a permis de caractériser une installation de l’âge du Bronze moyen/récent puis, directement adjacent, un aménagement au Bronze final. Le premier est matérialisé par un plancher carbonisé sur place lié à une petite quantité de mobilier tandis que le second est visible sous la forme d’une couche de démolition dense et riche en céramique. Les vestiges de l’âge du Fer, représentant la phase la moins fournie du site, ne permettent pas de qualifier l’extension ou le type d’aménagement lié mais témoignent d’une pérennisation de l’occupation du site malgré une forte dynamique fluviatile. Cette dernière, probablement intrinsèquement liée à l’attrait des communautés humaines pour cet espace, est aussi la raison du mauvais état de conservation des structures et du mobilier.

Solin de l'Age du Bronze.
Fosse de l'Age du Bronze en coupe.
Structure d'habitat brûlé, Age du Bronze.

… jusqu’à l’antiquité

L’Antiquité, dernière période chronologique attestée, est notamment représentée par un réseau de fossés interconnectés pouvant évoquer une organisation parcellaire. La plupart de ces vestiges sont toutefois connexes avec les fouilles subséquentes menées sur la parcelle voisine de Lonay, Dessous le Motty et leur mise en commun permet une compréhension plus extensive des dynamiques d’occupation. Une continuité de l’occupation du site de Lonay, Ideal Park depuis le Néolithique moyen jusqu’à l’Antiquité est d’ores et déjà attestée par les trouvailles de cette campagne.

Vue zénithale d'un foyer d'époque romaine
Fosse d'époque romaine en coupe.
Coupe de référence

Opération d’archéologie préventive conduite en 2022 sur la commune de Lonay en amont de la  construction d’un ensemble d’activité avec parking souterrain.

Prescription et contrôle scientifique :
Archéologie cantonale du canton de Vaud

Maîtrise d’ouvrage : Particulier

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Guillaume NICOLET

Équipe de fouille

  • Guillaume Nicolet (RO),
  • Ryan Hughes,
  • Aurélie Dorthe,
  • Alain Steudler,
  • Bénédicte Oulevey,
  • Céline Mahé,
  • João Abreu,
  • Sandro Bolliger,
  • Yann Buzzi

Du terrain au laboratoire, une équipe d’archéologues au cœur de l’opération de Sainte-Hermine (Vendée)

Du terrain au laboratoire, une équipe d’archéologues au cœur de l’opération de Sainte-Hermine (Vendée)

Suivez en vidéo le travail de archéologues sur le site protohistorique et antique de Sainte-Hermine (Vendée). Au cours de l’année 2024, une équipe d’Archeodunum a mené une fouille archéologique sur 4,5 hectares au sud de la commune, en amont de l’extension du parc d’activités Vendéopôle Atlantique. Plus de 1200 vestiges ont été mis au jour, révélant des monuments circulaires datés entre la fin de l’âge du Bronze final et le premier âge du Fer, puis un vaste domaine rural de la fin de la période gauloise auquel succède rapidement un nouvel habitat au début de l’Antiquité.

Du terrain au laboratoire, une équipe d’archéologues au cœur de l’opération de Sainte-Hermine (Vendée) ’

Une opération archéologique dirigée en 2024 par Jimmy Ménager (Responsable d’opération – âge du Fer) à Sainte-Hermine « Les Rondais » (Vendée)

Remerciements : Les archéologues présents sur la fouille Suzon Boireau, Shannah Barbeau, Laetitia Cure, Florian Diochet, Rudy Jemin, Emilie Masson, Valentin Walter, Aurélien Beauvisage, Elodie Jadelot, Kevin Schaeffer, Julien Alleau, Jimmy Ménager Les archéologues spécialistes du mobilier archéologique Elodie Jadelot, Priscille Dhesse, Lola Trin-Lacombe, Chloé Poirier-Coutansais, Valentin Lehugeur, Clément Chavot, Aurélie Ducreux, Alexandre Polinski, Kevin Schaeffer, Mariane Alascia-Morado, Moussab Albesso, Gwendal Gueguen, Geoffrey Lebley et Rudy Jemin, François Meylan, Chloé Poirier-Coutansais , Jimmy Ménager.

Images : Niels Adde, PPID et l’équipe de fouille
Montage / Animations : Niels Adde
Musique Alex, INPLUSMUSIC, MadEars, NeoTunes, NewArtistMedia, Serjilio
© Archeodunum SAS, juillet 2025

Retrouvez la notice complète du site

Lausanne, des inhumations au collège Saint-Roch

Lausanne, des inhumations au collège Saint-Roch

La découverte fortuite d’ossements humains au pied de la façade sud du collège Saint-Roch de Lausanne au cours des travaux de rénovation a occasionné une intervention de sauvetage menée entre 2021 et 2022. Celle-ci s’est déroulée à l’extérieur (cour sud) et à l’intérieur (sous-sol) du bâtiment. Au final, l’opération a livré 117 structures funéraires et 13 aménagements antérieurs au cimetière : constructions semi-enterrées, trous de poteau, canalisations, etc. 

Avant le XVIIIe siècle, archéologie d’un site extra-muros

Localisée hors de l’enceinte médiévale, la parcelle apparaît pour la première fois sur un plan du 17s. Située entre l’hôpital Saint-Roch et sa chapelle au nord et la Tour de l’Ale au sud, elle a une fonction agricole (verger, champs) et semble exempte de construction jusqu’à la mise en fonction d’un cimetière à la fin du 18e s. Toutefois, le changement d’affectation du site intervient à une période antérieure, comme le montrent les données archéologiques. Dans l’emprise de la cour sud du collège, une portion de structure fossoyée (fond de cabane ?), associée à plusieurs trous de poteau englobe un système d’évacuation d’eau (Fig. 1). Le tracé d’une fosse similaire a été mis en évidence dans le prolongement, à l’intérieur d’un local en sous-sol du collège, mais elle n’a pas été fouillée. Dans l’hypothèse où ces deux entités n’en forment qu’une seule, elles dessinent un aménagement long de 13 m environ et large de 4 m. Complètement libre de sédiment et sans fond aménagé, la canalisation est constituée de deux piédroits en moellons équarris, surmontés d’une couverture de petites dalles et de blocs (Fig. 2). Le tout est recouvert d’un amas drainant de galets, qui a livré un récipient en céramique datant au plus tôt du 16e s. Encore inexpliquée, la fonction de ce dispositif est peut-être à rapprocher d’un lavoir.

Fig. 1 : Système d’évacuation d’eau implanté dans un fond de cabane.
Fig. 2 : Détail du système d’évacuation d’eau.

Un cimetière des XVIIIe-XIXe siècles

Connu par les archives, le cimetière est ouvert le 24 mai 1792 hors du périmètre habité. Totalement saturé en mars 1800 déjà et devant respecter le délai de 20 ans entre deux cycles d’inhumation, l’espace est étendu au terrain attenant acquis à cet usage. Trente ans plus tard, le problème se pose à nouveau. Progressivement englobé dans la trame urbaine, le cimetière est fermé vers 1830, des décrets stipulant qu’aucun cimetière ne peut être établi à l’intérieur d’une agglomération (1810-1812). Un nouveau cimetière est mis en fonction en janvier 1832 à moins de 500 m à l’ouest, à l’emplacement de l’actuel Parc de la Brouette.

Gestion de l’espace funéraire

Bien que l’intervention n’ait concerné que des portions restreintes du cimetière, elle a mis en évidence quelques aspects concernant la gestion de l’espace. Le secteur fouillé n’a connu que deux cycles d’inhumation. Les fosses sont disposées bout à bout en suivant des lignes axées nord-ouest/sud-est (Fig. 3 & 4). Cette organisation n’est pas sans rappeler le système de tranchées utilisé au Parc de la Brouette. Les défunts, qui reposent dans des cercueils cloués, ont la tête placée au nord-ouest. Certains sont enveloppés dans un linceul. Une seule sépulture se distingue par son orientation nord-est/sud-ouest et par la quantité de mobilier associé (50 boutons métalliques, 2 boucles de botte, 1 épingle et 1 éventuel briquet à percussion). Le problème récurrent de saturation de l’espace a été contourné en intercalant des tombes entre les lignes et en creusant des fosses plus profondes accueillant jusqu’à trois cercueils superposés.

Fig. 3 : La cour sud en cours de fouille.
Fig. 4 : Plan des vestiges.

Une occupation antique ?

Notons la découverte d’un fragment de céramique romaine brûlée (pied annulaire de sigillée) et de quelques esquilles d’os crémés (identification humaine non possible), disséminés dans les comblements de plusieurs sépultures, qui témoignent pour la première fois d’une possible présence à l’époque romaine dans le secteur.

Fouille de sauvetage menée d’octobre 2021 à aout 2022 à la suite de la découverte fortuite d’ossements dans le cadre de la rénovation du collège Saint-Roch.

Prescription et contrôle scientifique :
Archéologie cantonale du canton de Vaud

Opérateur archéologique : Archeodunum SA

Responsable : Sophie Thorimbert

Sous la place et sous le parvis : 5000 m2 d’archéologie à Clermont-Ferrand

Sous la place et sous le parvis : 5000 m2 d’archéologie à Clermont-Ferrand

L’essentiel des découvertes réalisées à la place des Carmes

Plusieurs années de recherches archéologiques sous l’égide de l’Etat

C’est depuis 2019 que les archéologues d’Archeodunum accompagnent le réaménagement de la place des Carmes, une opération d’urbanisme pilotée par Clermont Auvergne Métropole. Les fouilles ont été prescrites par le Service régional de l’archéologie (DRAC), qui contrôle également le bon déroulement du travail. Les découvertes sont remarquables et racontent l’évolution de ce secteur de Clermont-Ferrand entre l’époque romaine et aujourd’hui.

À l’époque romaine, dans les faubourgs d’Augustonemetum

Dans les premiers siècles après J.-C., nous sommes dans la marge nord-est de la ville d’Augustonemetum. Cette zone de faubourg est traversée par une voie d’axe nord-sud avec trottoirs et réseaux hydrauliques, et bordée par un long bâtiment. Plus loin vers l’ouest, d’autres bâtiments orientés différemment pourraient appartenir à un domaine agricole. Ces zones dé périphérie accueillent également des espaces funéraires. L’un d’entre eux offre une remarquable et émouvante association de jeunes enfants et de chiens.

Une modeste résurgence au début du Moyen Âge

À la fin de l’Antiquité, la ville se rétracte. Durant le haut Moyen Âge (vie – ixe siècles), de modestes constructions occupent l’ancienne rue romaine, signalant un changement d’usage. Des silos enterrés, fosses destinées à la conservation des céréales, complètent cet habitat. À l’ouest, quelques tombes sont installées dans les ruines des bâtiments romains.

Des bâtiments et des morts dans l’orbite de l’abbaye de Chantoin

Le Moyen Âge central (autour du xiie siècle) voit l’émergence de puissants bâtiments, souvent dotés de caves. Le stockage et la production agricole sont également attestés par 98 silos enterrés, que les archéologues ont retrouvés dans toutes les zones explorées. Mais la découverte majeure pour cette période a eu lieu au nord-est de la place actuelle, entre le parvis des Carmes et le viaduc de l’avenue G. Couthon : un vaste cimetière, abritant plusieurs centaines de tombes. Il est probable que tous ces éléments se rattachent à l’abbaye de Chantoin, un important établissement religieux fondé quelques siècles auparavant et encore mal localisé, mais que les découvertes de la place des Carmes incitent à situer dans un très proche voisinage.

08 – Inhumation d’un chien

Il y a 2000 ans, des chiens et des hommes

2019 : Place des Carmes 1 (ouest)

En été 2019, durant 18 semaines, une équipe d’Archeodunum sous la direction de Marco Zabeo a investi la partie occidentale de la place des Carmes. La fouille a vu la mise au jour d’une villa antique et de sépultures d’enfants associées à des inhumations de chiens. Des fosses médiévales, des sépultures et des sous-terrains contemporains complètent le tableau.

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Dans les profondeurs de la place des Carmes

2024 : Place des Carmes 2 (est)

De mai à décembre 2024, le quartier des Carmes à Clermont‑Ferrand a été le théâtre d’une nouvelle campagne de fouilles archéologiques sous la direction de Jérôme Besson. Les vestiges appartiennent à un quartier antique le long d’une voie de la ville, à un ensemble de bâtiments excavés du haut Moyen Âge, et à des bâtiments médiévaux maçonnés, probablement liés à l’abbaye de Chantoin.

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Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

2025 : Parvis des Carmes et rue du Souvenir Français

Une ultime phase d’investigations archéologiques s’est déroulée début 2025 sur le parvis de l’église ainsi que le long de la rue du Souvenir Français. Parmi de nombreux vestiges datant des époques romaine et médiévale, le résultat majeur est la découverte de plus d’une centaine de sépultures, appartenant probablement au cimetière de l’ancien monastère de Chantoin.

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A69, des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

A69 : des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

C’est une petite ferme, adossée à la colline

La création de l’autoroute reliant Castres à Toulouse n’est pas qu’un enjeu de nouvelle voie de circulation, puisqu’elle permet également de remonter le temps. Tout au long des 53 km du tracé, soit près de 350 hectares, des diagnostics archéologiques ont été réalisés avant la construction du tracé. À Lacroisille (Tarn), au lieu-dit « Le Gouty », c’est la découverte de fosses, de murs et d’objets datant des XIVe et XVe siècles qui a motivé des fouilles approfondies. Sous la future autoroute, les archéologues ont mis au jour des bâtiments et un chemin, témoins d’une occupation médiévale jusqu’ici inconnue.

Une fouille sur un terrain escarpé

À la fin de l’été 2024, les archéologues d’Archeodunum ont investi une surface de 1350 m2, située à l’extrême sud-ouest de la commune Lacroisille. La zone occupe le versant méridional d’une colline, avec une pente marquée de plus de 11 % (fig. 1). Le site repose sur un calcaire dur, caractéristique du « régime de Briatexte », qui a freiné l’érosion et préservé les vestiges. Ces conditions ont permis de révéler une richesse inattendue : près de 60 vestiges et une cinquantaine de strates archéologiques (fig. 2).

Fig.1 : L’équipe au travail. On devine des terrasses étagées sur un terrain en forte pente.
Fig. 2 : Plan simplifié des vestiges. Fond © Google Earth.

Une petite ferme médiévale

Deux bâtiments, dont l’implantation s’adapte à la topographie des lieux, ont été découverts au sud et à l’est de l’emprise (fig. 3). Le premier, orienté nord-sud, est largement démantelé, ne laissant que deux murs en partie debout et des niveaux de démolition (fig. 4). À l’est, un bâtiment en terrasses révèle une stratification complexe avec des traces de reprises et d’aménagements successifs (voir fig. 1). La terrasse haute pourrait avoir une vocation domestique (traces d’un foyer), tandis que la partie basse semble plutôt dédiée au stockage (fosses et éventuelle citerne).

Fig. 3 : Vue du chantier. Au centre, le chemin empierré ; de part et d’autre, les restes de murs des bâtiments.
Fig. 4 : Tuiles brisées d’une toiture effondrée.

Objets métalliques et autres trouvailles

Les remblais recouvrant les bâtiments ont livré un riche mobilier métallique : ciseaux, burins, couteau, dé à coudre, anneaux et éléments d’huisserie (fig. 5 à 7). Une petite clé trouvée près d’un seuil figure parmi les découvertes les plus plaisantes. Le site comprend également une canalisation, des silos et des structures en creux dont la fonction reste à définir (fig. 8). Ces éléments complètent le tableau d’une activité humaine variée.

Fig. 5 : Une paire de ciseaux.
Fig. 6 : Des burins en fer.
Fig. 7 : Un dé à coudre en bronze.

Après la ferme, un chemin

Après l’abandon de la ferme, une partie des matériaux de construction a été récupérée, et le site recouvert par des colluvions. Par la suite, un chemin empierré traverse la zone du nord-est au sud-ouest (voir fig. 2 et 3). Bordé à l’ouest par un mur, il pourrait fonctionner avec certaines structures bâties à l’est. Les quelques rares objets découverts à sa surface permettront peut-être de préciser la période durant laquelle il a été emprunté pour descendre vers le petit cours d’eau « Le Ruissel ».

Des énigmes à élucider

Cette notice esquisse les grands traits d’une occupation complexe et stratifiée que le travail d’analyse cherchera à éclairer. Le site a connu plusieurs occupations successives qui doivent encore être démêlées pour en préciser la nature et l’organisation. À noter : quelques siècles plus tard, le cadastre napoléonien datant de 1840 ne figure ni chemin ni constructions à cet endroit (fig. 9). L’analyse des données récoltées sera donc cruciale pour percer les mystères de ce lieu oublié…

Fig. 8 : Vestiges d’une canalisation longeant le bâtiment oriental.
Fig. 9 : Le cadastre napoléonien daté de 1840 ne montre ni construction ni chemin à l’emplacement de la fouille. Fond © francearchives.gouv.fr
Fig. 10 : Vue aérienne du chantier.

Opération d’archéologie préventive conduite en été 2024 sur la commune de Lacroisille au lieu-dit « Le Gouty », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Géraldine Camagne

Équipe de terrain

  • Géraldine Camagne* (RO)
  • Simon Peuch*
  • Florent Ruzzu
  • Lucile Guizard*
  • Jade Haddouche
    * Terrain & Post-Fouille

Équipe de Post-Fouille

  • Léa Perles
  • Nicolas Duthoit
  • Raphaëlle Algoud
  • Magali Gary
  • Émilie Merveilleux
  • Michaël Gourvennec
  • Clément Chavot
  • Margaux Laîné
  • Moussab Albesso
  • Bruno Bosc-Zanardo
  • Marianne Alascia-Morado
  • Geoffrey Leblé
  • Camille Hervy