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Pays de réalisation de l’actualité

Sous la place et sous le parvis : 5000 m2 d’archéologie à Clermont-Ferrand

Sous la place et sous le parvis : 5000 m2 d’archéologie à Clermont-Ferrand

L’essentiel des découvertes réalisées à la place des Carmes

Plusieurs années de recherches archéologiques sous l’égide de l’Etat

C’est depuis 2019 que les archéologues d’Archeodunum accompagnent le réaménagement de la place des Carmes, une opération d’urbanisme pilotée par Clermont Auvergne Métropole. Les fouilles ont été prescrites par le Service régional de l’archéologie (DRAC), qui contrôle également le bon déroulement du travail. Les découvertes sont remarquables et racontent l’évolution de ce secteur de Clermont-Ferrand entre l’époque romaine et aujourd’hui.

À l’époque romaine, dans les faubourgs d’Augustonemetum

Dans les premiers siècles après J.-C., nous sommes dans la marge nord-est de la ville d’Augustonemetum. Cette zone de faubourg est traversée par une voie d’axe nord-sud avec trottoirs et réseaux hydrauliques, et bordée par un long bâtiment. Plus loin vers l’ouest, d’autres bâtiments orientés différemment pourraient appartenir à un domaine agricole. Ces zones dé périphérie accueillent également des espaces funéraires. L’un d’entre eux offre une remarquable et émouvante association de jeunes enfants et de chiens.

Une modeste résurgence au début du Moyen Âge

À la fin de l’Antiquité, la ville se rétracte. Durant le haut Moyen Âge (vie – ixe siècles), de modestes constructions occupent l’ancienne rue romaine, signalant un changement d’usage. Des silos enterrés, fosses destinées à la conservation des céréales, complètent cet habitat. À l’ouest, quelques tombes sont installées dans les ruines des bâtiments romains.

Des bâtiments et des morts dans l’orbite de l’abbaye de Chantoin

Le Moyen Âge central (autour du xiie siècle) voit l’émergence de puissants bâtiments, souvent dotés de caves. Le stockage et la production agricole sont également attestés par 98 silos enterrés, que les archéologues ont retrouvés dans toutes les zones explorées. Mais la découverte majeure pour cette période a eu lieu au nord-est de la place actuelle, entre le parvis des Carmes et le viaduc de l’avenue G. Couthon : un vaste cimetière, abritant plusieurs centaines de tombes. Il est probable que tous ces éléments se rattachent à l’abbaye de Chantoin, un important établissement religieux fondé quelques siècles auparavant et encore mal localisé, mais que les découvertes de la place des Carmes incitent à situer dans un très proche voisinage.

08 – Inhumation d’un chien

Il y a 2000 ans, des chiens et des hommes

2019 : Place des Carmes 1 (ouest)

En été 2019, durant 18 semaines, une équipe d’Archeodunum sous la direction de Marco Zabeo a investi la partie occidentale de la place des Carmes. La fouille a vu la mise au jour d’une villa antique et de sépultures d’enfants associées à des inhumations de chiens. Des fosses médiévales, des sépultures et des sous-terrains contemporains complètent le tableau.

Découvrez les résultats de cette opération !

Dans les profondeurs de la place des Carmes

2024 : Place des Carmes 2 (est)

De mai à décembre 2024, le quartier des Carmes à Clermont‑Ferrand a été le théâtre d’une nouvelle campagne de fouilles archéologiques sous la direction de Jérôme Besson. Les vestiges appartiennent à un quartier antique le long d’une voie de la ville, à un ensemble de bâtiments excavés du haut Moyen Âge, et à des bâtiments médiévaux maçonnés, probablement liés à l’abbaye de Chantoin.

Découvrez les résultats de cette opération !

Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

2025 : Parvis des Carmes et rue du Souvenir Français

Une ultime phase d’investigations archéologiques s’est déroulée début 2025 sur le parvis de l’église ainsi que le long de la rue du Souvenir Français. Parmi de nombreux vestiges datant des époques romaine et médiévale, le résultat majeur est la découverte de plus d’une centaine de sépultures, appartenant probablement au cimetière de l’ancien monastère de Chantoin.

Découvrez les résultats de cette opération !

A69, des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

A69 : des vestiges du Moyen Âge à Lacroisille

C’est une petite ferme, adossée à la colline

La création de l’autoroute reliant Castres à Toulouse n’est pas qu’un enjeu de nouvelle voie de circulation, puisqu’elle permet également de remonter le temps. Tout au long des 53 km du tracé, soit près de 350 hectares, des diagnostics archéologiques ont été réalisés avant la construction du tracé. À Lacroisille (Tarn), au lieu-dit « Le Gouty », c’est la découverte de fosses, de murs et d’objets datant des XIVe et XVe siècles qui a motivé des fouilles approfondies. Sous la future autoroute, les archéologues ont mis au jour des bâtiments et un chemin, témoins d’une occupation médiévale jusqu’ici inconnue.

Une fouille sur un terrain escarpé

À la fin de l’été 2024, les archéologues d’Archeodunum ont investi une surface de 1350 m2, située à l’extrême sud-ouest de la commune Lacroisille. La zone occupe le versant méridional d’une colline, avec une pente marquée de plus de 11 % (fig. 1). Le site repose sur un calcaire dur, caractéristique du « régime de Briatexte », qui a freiné l’érosion et préservé les vestiges. Ces conditions ont permis de révéler une richesse inattendue : près de 60 vestiges et une cinquantaine de strates archéologiques (fig. 2).

Fig.1 : L’équipe au travail. On devine des terrasses étagées sur un terrain en forte pente.
Fig. 2 : Plan simplifié des vestiges. Fond © Google Earth.

Une petite ferme médiévale

Deux bâtiments, dont l’implantation s’adapte à la topographie des lieux, ont été découverts au sud et à l’est de l’emprise (fig. 3). Le premier, orienté nord-sud, est largement démantelé, ne laissant que deux murs en partie debout et des niveaux de démolition (fig. 4). À l’est, un bâtiment en terrasses révèle une stratification complexe avec des traces de reprises et d’aménagements successifs (voir fig. 1). La terrasse haute pourrait avoir une vocation domestique (traces d’un foyer), tandis que la partie basse semble plutôt dédiée au stockage (fosses et éventuelle citerne).

Fig. 3 : Vue du chantier. Au centre, le chemin empierré ; de part et d’autre, les restes de murs des bâtiments.
Fig. 4 : Tuiles brisées d’une toiture effondrée.

Objets métalliques et autres trouvailles

Les remblais recouvrant les bâtiments ont livré un riche mobilier métallique : ciseaux, burins, couteau, dé à coudre, anneaux et éléments d’huisserie (fig. 5 à 7). Une petite clé trouvée près d’un seuil figure parmi les découvertes les plus plaisantes. Le site comprend également une canalisation, des silos et des structures en creux dont la fonction reste à définir (fig. 8). Ces éléments complètent le tableau d’une activité humaine variée.

Fig. 5 : Une paire de ciseaux.
Fig. 6 : Des burins en fer.
Fig. 7 : Un dé à coudre en bronze.

Après la ferme, un chemin

Après l’abandon de la ferme, une partie des matériaux de construction a été récupérée, et le site recouvert par des colluvions. Par la suite, un chemin empierré traverse la zone du nord-est au sud-ouest (voir fig. 2 et 3). Bordé à l’ouest par un mur, il pourrait fonctionner avec certaines structures bâties à l’est. Les quelques rares objets découverts à sa surface permettront peut-être de préciser la période durant laquelle il a été emprunté pour descendre vers le petit cours d’eau « Le Ruissel ».

Des énigmes à élucider

Cette notice esquisse les grands traits d’une occupation complexe et stratifiée que le travail d’analyse cherchera à éclairer. Le site a connu plusieurs occupations successives qui doivent encore être démêlées pour en préciser la nature et l’organisation. À noter : quelques siècles plus tard, le cadastre napoléonien datant de 1840 ne figure ni chemin ni constructions à cet endroit (fig. 9). L’analyse des données récoltées sera donc cruciale pour percer les mystères de ce lieu oublié…

Fig. 8 : Vestiges d’une canalisation longeant le bâtiment oriental.
Fig. 9 : Le cadastre napoléonien daté de 1840 ne montre ni construction ni chemin à l’emplacement de la fouille. Fond © francearchives.gouv.fr
Fig. 10 : Vue aérienne du chantier.

Opération d’archéologie préventive conduite en été 2024 sur la commune de Lacroisille au lieu-dit « Le Gouty », en préalable à la création de la liaison autoroutière 2×2 voies entre Verfeil et Castres.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Occitanie

Maîtrise d’ouvrage : Atosca

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Géraldine Camagne

Équipe de terrain

  • Géraldine Camagne* (RO)
  • Simon Peuch*
  • Florent Ruzzu
  • Lucile Guizard*
  • Jade Haddouche
    * Terrain & Post-Fouille

Équipe de Post-Fouille

  • Léa Perles
  • Nicolas Duthoit
  • Raphaëlle Algoud
  • Magali Gary
  • Émilie Merveilleux
  • Michaël Gourvennec
  • Clément Chavot
  • Margaux Laîné
  • Moussab Albesso
  • Bruno Bosc-Zanardo
  • Marianne Alascia-Morado
  • Geoffrey Leblé
  • Camille Hervy

C’est un jardin (de Cybèle) extraordinaire

C’est un jardin (de Cybèle) extraordinaire

Découvertes archéologiques au cœur de Vienne

Entre septembre 2023 et mars 2025, une opération d’archéologie préventive au long cours s’est déroulée dans un cadre exceptionnel : le jardin de Cybèle, à Vienne, inscrit au titre des Monuments historiques. Sous la supervision de la DRAC, une équipe Archeodunum a alterné des phases de fouilles approfondies et le suivi des travaux d’aménagement. Le site a livré une moisson de vestiges inédits – preuve que ce lieu exploré depuis longtemps recèle encore bien des richesses patrimoniales (fig. 1).

Fig.1 : Dégagement d’un bloc portant une inscription.
Fig. 2 : Plan des vestiges.
Fig. 3 : Amphores du ier s. av. J.-C.

Un quartier antique au tissu urbain dense

L’opération s’est inscrite dans un secteur majeur de la Vienne romaine, à deux pas du forum et de la basilique civile dont les arcades monumentales sont encore visibles (fig. 2, n° 1). Au centre de l’actuel jardin se trouve un édifice interprété comme la curie, lieu de réunion du conseil municipal dans l’Antiquité (n° 2). Au sud, des terrasses successives accueillent aussi bien des
édifices publics (n° 3) que des maisons privées, notamment la domus dite « aux oscilla » (n° 4).

Des artisans allobroges aux prémices de la ville romaine

Sous moins de 50 cm de recouvrement, les archéologues ont mis au jour des traces d’un quartier artisanal actif aux IIe et Ier siècles av. J.-C. — époque où la cité allobroge se romanise. On y observe des sols brûlés, des murs en pierre sèche, des fosses remplies de ratés de cuisson de céramiques et d’amphores à vin italiennes (fig. 3). Certaines portent la marque de fabricants
originaires de Cosa, colonie romaine d’Italie réputée pour sa production d’amphores (fig. 4).

Fig. 4 : Marque de fabricant sur une amphore, indiquant une provenance d’Etrurie.
Fig. 5 : Le vestibule d’accès à la domus aux oscilla, en cours d’exploration.
Fig. 6 : Une nouvelle mosaïque a été découverte au sud de la domus aux oscilla.

Une transformation urbaine progressive

À l’époque augustéenne, le quartier se restructure et les anciens aménagements gaulois cèdent la place à une architecture plus monumentale. De nouvelles constructions sont érigées, puis remplacées à l’époque claudienne (vers 50 ap. J.-C.) par l’imposante curie. Au sud, les fouilles ont mis au jour plusieurs états d’un bâtiment qui subit deux incendies avant de laisser place à la domus aux oscilla, reconstruite et embellie jusqu’au IIIe siècle (fig. 5). À côté, un fragment de mosaïque indique l’existence d’une autre maison (fig. 6 et fig. 2, n° 5).

Le portique et sa fontaine disparue

Devant la domus, un portique monumental longeait l’ancienne rue. Composé de bases calcaires supportant des colonnes, il servait d’appui à une fontaine aujourd’hui disparue (fig. 7 et fig. 2, n° 6 ). Seuls subsistent une conduite en plomb et un égout d’évacuation, ainsi que la fondation soutenant cette fontaine. Fait remarquable, ce massif était formé de blocs de remploi, certains ornés d’inscriptions gravées : des fragments de piédestaux ayant autrefois porté des statues honorifiques.

Une élite antique gravée dans la pierre

Parmi les inscriptions, plusieurs noms de notables émergent. Sextus Julius Italicus et Lucius Julius Fronto sont cités, mais ce sont Titus Decidius Domitianus et sa femme Licinia Optatina qui retiennent l’attention (fig. 8 et fig. 9). Lui fut quattuorvir1, magistrat influent ; elle, prêtresse du culte impérial, officiant au temple tout proche d’Auguste et de Livie. À noter : leurs statues ont été offertes non par les habitants de Vienne, mais par ceux du vicus Boutidurum — l’actuelle Annecy — attestant de forts liens régionaux.

Fig. 7 : Les fondations de la fontaine en grands blocs de taille.
Fig. 8 : Bloc avec une inscription mentionnant Titus Decidius Domitianus
Fig. 9 : L’inscription de Titus Decidius Domitianus.

Ce n’est qu’un début

Les recherches menées au jardin de Cybèle offrent une nouvelle lecture de ce haut lieu de l’histoire viennoise. L’analyse fine des vestiges, en cours, par plusieurs spécialistes, permettra de mieux comprendre les dynamiques urbaines, artisanales et politiques de la cité entre le IIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère.

Notes.

1 – Les quattuorviri sont un groupe de quatre magistrats les plus importants de la cité.

Opération d’archéologie préventive conduite de septembre 2023 à mars 2025 sur la commune de Vienne, dans le cadre de la requalification du parc archéologique du Jardin de Cybèle.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Vienne

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Elio Polo

Équipe de terrain & de Post-Fouille

  • Elio Polo (RO)
  • Kilian Blanc
  • Christina Popova
  • Jerome Grasso
  • David Baldassari
  • Camille Nouet
  • David Gandia

     

Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

Sous le parvis des carmes, des centaines de tombes du Moyen Âge

À Clermont-Ferrand, une ultime phase d’investigations archéologiques s’est déroulée début 2025 sur le parvis de l’église des Carmes (fig. 1), ainsi que le long de la rue du Souvenir Français. Cette opération, qui prolonge la fouille menée en 2024, a été réalisée lors de l’enfouissement de nouveaux réseaux (fig. 2). Parmi de nombreux vestiges datant des époques romaine et médiévale, le résultat majeur est la découverte de plus d’une centaine de sépultures, appartenant probablement au cimetière de l’ancien monastère de Chantoin.

Fig.1 : Une impressionnante concentration de squelettes.
Fig. 2 : Les archéologues ont travaillé parallèlement à l’installation de nouveaux réseaux.
Fig. 3 : Sépulture aménagée à l’aide d’un coffrage en pierre.

Une multitude de tombes

La découverte la plus marquante est une aire funéraire dont la densité dépasse largement les attentes. Au centre du parvis, une tranchée a révélé une concentration exceptionnelle d’ossements (fig. 3 et 4) : au moins 80 squelettes sur une surface restreinte de 57 m², soit plus d’un individu par mètre carré. D’autres inhumations identifiées autour du parvis portent le total à 115. Certaines d’entre elles sont regroupées en sépultures collectives, des dispositifs très rarement documentés. Sur l’ensemble du cimetière, on peut envisager la présence de plusieurs centaines de squelettes. Une datation par radiocarbone pointe le XIIe siècle, une période qui correspond probablement à l’utilisation la plus récente du cimetière.

La nécropole de l’abbaye de Chantoin ?

Bien que l’analyse en soit encore à ses débuts, il existe probablement un lien entre cette aire funéraire et l’ancienne abbaye de Chantoin, mentionnée dès le haut Moyen Âge. La nécropole pourrait ainsi être destinée à des individus souhaitant être inhumés ad sanctos, c’est-à-dire « auprès des saints », pour bénéficier d’une protection spirituelle renforcée. Dans ce contexte, les constructions médiévales mises au jour lors des fouilles précédentes pourraient bien être liées à l’ancien monastère (fig. 5).

Fig. 4 : C’est dans les tranchées d’enfouissement des réseaux que les archéologues ont découvert les vestiges.
Fig. 5 : Plan général des vestiges. Le cimetière se situe à côté de plusieurs bâtiments appartenant probablement à l’abbaye de Chantoin.
Fig. 6 : Outils de dentiste et apirateurs de chantier se sont révélés indispensables pour la fouille méticuleuse de ces inhumations.

Une mémoire à sauvegarder

Seules les sépultures directement menacées par les travaux d’enfouissement de réseaux ont fait l’objet d’une fouille exhaustive. Il faut noter que les tombes se trouvent directement sous les remblais de la voirie actuelle. Toutes les dispositions ont aujourd’hui été prises afin d’assurer la sauvegarde scientifique de ce site patrimonial d’importance majeure.

Opération d’archéologie préventive conduite de mai à décembre 2024 sur la place des Carmes-Déchaux à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), en préalable à la création d’un jardin arboré, d’une aire de jeux et à la requalification du parvis de l’église.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Clermont Auvergne Métropole

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Jérôme Besson

Équipe de terrain

    • Jérôme Besson* (RO)
    • Stéphane Bas*
    • Suzon Boireau*

Équipe de Post-Fouille

  • Géraldine Camagne
  • Geoffrey Leblé
  • Guillaume Lépine

Dans les profondeurs de la place des Carmes

Dans les profondeurs de la place des Carmes

2000 ans d’histoire révélés par l’archéologie à Clermont-Ferrand

De mai à décembre 2024, le quartier des Carmes à Clermont‑Ferrand a été le théâtre d’une nouvelle campagne de fouilles archéologiques. Cette seconde intervention, menée en amont du réaménagement de la place, prolonge une première exploration réalisée en 2019 devant le siège de l’entreprise Michelin. Ensemble, ces chantiers ont permis d’étudier près de 4600 m², révélant l’histoire multimillénaire de ce secteur, depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge (fig.1).

Fig.1 : Vue du chantier archéologique depuis l’avenue Georges Couthon.
Fig. 2 : Plan des vestiges. a : époque romaine
b : Haut Moyen Âge
c : Moyen Âge

Aux portes de la ville romaine d’Augustonemetum

L’une des découvertes majeures concerne une rue romaine, d’axe nord-sud, située dans la continuité d’un des axes déjà reconnus au sein de la ville d’Augustonemetum (fig. 2a). Elle est bordée de trottoirs, de réseaux hydrauliques et d’un long bâtiment sur caves (fig. 3 et 4). Ces aménagements, datant du début du Ier siècle après J.-C., témoignent de l’urbanisation rapide du secteur, aux portes de la ville antique. Au fil du temps, le quartier se densifie, évoluant jusqu’au IIIe siècle avec des constructions s’éloignant peu à peu des axes orthonormés caractéristiques de l’urbanisme de la ville.

Fig. 3 : Au coeur d’une cave romaine.
Fig. 4 : Conduite en terre cuite romaine (diamètre tuyau : 7 cm).
Fig. 5 : Lampe à huile intacte.

Une résurgence au haut Moyen Âge

Durant l’Antiquité tardive, la ville se rétracte et le secteur est délaissé. Le haut Moyen Âge (VIe – IXe siècles) marque une réoccupation (fig. 2b). De modestes bâtiments excavés, installés sur les anciennes rues romaines, suggèrent un changement d’usage (fig. 6). Des analyses portant sur les sols en terre battue, remarquablement conservés, pourraient livrer des indices sur leur fonction : habitat, artisanat ou autre activité.
Plus au nord, une aire funéraire a été mise au jour près de l’actuel parvis de l’église des Carmes. Les sépultures, dépourvues d’objets, restent difficiles à dater, mais des analyses au radiocarbone sont en cours pour en apprendre davantage sur ces quinze individus anonymes (fig. 7).

Fig. 6 : Les modestes traces d’un habitat partiellement enterré.
Fig. 7 : Deux squelettes, endommagés par des conduites modernes.

Dans l’orbite de l’abbaye de Chantoin

Le Moyen Âge central (autour du XIIe siècle) voit l’émergence de bâtiments maçonnés, probablement liés à l’abbaye de Chantoin voisine (fig. 2c). Les constructions sont souvent puissantes, avec des murs larges de près d’un mètre. Des espaces excavés suggèrent une vocation de stockage. Cette hypothèse est renforcée par la découverte de près de 60 silos enterrés – des fosses en forme de poire destinées à conserver des céréales (fig. 8). Cette aire d’ensilage, complétée par les 22 silos identifiés en 2019, pourrait témoigner d’une activité agricole ou artisanale, peut-être en lien avec les moulins longeant le ruisseau de la Tiretaine.

Fig. 8 : Au premier plan, un silo à la forme ventrue.
Fig. 9 : Décapage quelques centimètres sous le tablier du viaduc.

Une ville qui se raconte

Ces fouilles, réalisées malgré les défis d’un contexte urbain (en partie sous un viaduc ! fig. 9), offrent une vision précieuse de l’évolution de Clermont-Ferrand. Elles retracent les dynamiques de croissance et de repli de la ville antique, tout en éclairant le rôle de cette zone périurbaine à l’époque médiévale. Les analyses lors de la post-fouille permettront bientôt de valider ou de nuancer les hypothèses avancées, poursuivant ainsi le dialogue entre passé et présent.

Opération d’archéologie préventive conduite de mai à décembre 2024 sur la place des Carmes-Déchaux à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), en préalable à la création d’un jardin arboré, d’une aire de jeux et à la requalification du parvis de l’église.

Prescription et contrôle scientifique :
Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes

Maîtrise d’ouvrage : Clermont Auvergne Métropole

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Jérôme Besson

Équipe de terrain

    • Jérôme Besson* (RO)
    • Stéphane Bas*
    • Suzon Boireau*

Équipe de Post-Fouille

  • Géraldine Camagne
  • Geoffrey Leblé
  • Guillaume Lépine

Des cercles protohistoriques à Challans (Vendée)

Des cercles protohistoriques à Challans

Exploration d’un monument de l’Âge du bronze

À Challans (Vendée), au cœur du bocage, les archéologues ont mis au jour un monument circulaire fossoyé datant de l’Âge du Bronze, accompagné de structures et d’indices d’occupation parfois plus anciens (fig. 1). Menée entre septembre et octobre 2021 avant l’extension d’une carrière par les Sablières Palvadeau, l’exploration a permis d’en savoir plus sur les pratiques funéraires, cultuelles, rituelles et sociales des communautés anciennes.

Fig.1 : Vue verticale du monument circulaire de l’âge du Bronze (© Ukko Cartographie).
Fig. 2 : Les six poteaux du bâtiment attribué au Néolithique (© Ukko Cartographie).

Une présence néolithique discrète, mais singulière

La première occupation du site, très discrète, a pu être datée du Néolithique moyen II, vers le 4e millénaire av. J.-C., grâce à des analyses au radiocarbone (14C). La fouille a mis au jour un potentiel foyer et une petite construction rectangulaire sur poteaux, d’une superficie d’environ 7 m² (fig. 2 et 3). Rare pour l’époque, cette structure à nef unique intrigue par sa taille modeste et invite à la prudence quant à sa datation précise.

Un monument circulaire de l’Âge du Bronze ancien

Le cœur des découvertes consiste en un enclos circulaire à double fossé, déjà repéré dans les années 1980 par photographie aérienne (fig. 4). Daté de l’âge du Bronze ancien, entre 2200 et 1800 av. J.-C., c’est un type de structure encore peu documenté dans le centre-ouest de la France. L’enceinte externe, d’un diamètre de 17 m, est continue. Quant à l’enclos interne, d’un
diamètre de 9,50 m, il présente un fossé en forme de fer à cheval, complété à l’est par deux fosses oblongues (fig. 1 et 3-5).

Fig. 4 : Le monument de l’âge du Bronze. Diamètre extérieur 17 m (© Ukko Cartographie).
Fig. 5 : Exploration d’un fossé.

Une fosse centrale qui laisse sceptique

Au centre des monuments de ce type, une fosse quadrangulaire est souvent creusée pour accueillir une ou plusieurs sépultures. À Challans, la morphologie de la fosse est singulière, avec une plateforme à l’est et un surcreusement circulaire à l’ouest (fig. 6). Pourrait-il s’agir du logement d’un poteau ou d’une pierre dressée ? Aucun reste osseux n’était conservé, mais cela peut s’expliquer par la nature du terrain. Les indices sont donc minces et n’apportent pas de réponse claire sur ce point, ni sur les fonctions du monument.

Fig. 6 : La fosse centrale du monument circulaire.
Fig. 7 : Un bâtiment sur quatre poteaux (© Ukko Cartographie).

Des bâtiments et structures annexes

À proximité de l’enclos, un petit bâtiment quadrangulaire sur quatre poteaux est également attribué à la période de l’âge du Bronze ancien (fig. 7). Sa forme évoque une structure de stockage, de type grenier, mais sa proximité avec l’enclos laisse planer le doute sur sa fonction réelle. D’autres bâtiments ont été découverts sur le site, mais leur datation reste incertaine. Ces structures témoignent d’une occupation humaine riche et diversifiée, bien que les indices soient
insuffisants pour établir un cadre précis.

Et après ?

Après la fouille, les travaux de la carrière ont pu se poursuivre. En parallèle, les archéologues ont achevé l’étude de leurs découvertes. Données, analyses et résultats ont été rassemblés dans un copieux rapport. Ce document est remis au Service régional de l’archéologie, puis examiné par des experts mandatés par le ministère de la Culture. Une fois validé, il est mis à disposition sur la plateforme scientifique HAL. Au total, ces investigations auront permis d’éclairer une partie des zones d’ombre sur les fonctions de l’enclos et des structures associées, tout en enrichissant notre compréhension des sociétés de l’âge du Bronze ancien.

Opération d’archéologie préventive conduite en automne 2021 sur la commune de Challans au lieu-dit Les Chênes, en préalable à l’extension d’une carrière.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire

Maîtrise d’ouvrage : Sablières Palvadeau

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Valentin Lehugeur

Équipe de terrain

  • Valentin LEHUGEUR (RO)*
  • Laetitia CURE*
  • Fabien MONTASSIER*
  • Shannah BARBEAU
  • Geoffroy LEBLE*
    * fouille et post-fouille
Vue générale de la fouille (© Ukko Cartographie)

Équipe de post-fouille

  • Audrey BLANCHARD
  • Paul DERMOUCHERE
  • Lucie LE DORE
  • Chloé POIRIER COUTANSAIS
  • Laurie FLOTTES
  • Sandrine SWAL
  • Marianne ALASCIA MORADO
  • Rudy JEMIN

Un vaisseau de pierre, de bois et de métal

Un vaisseau de pierre, de bois et de métal

Enquête archéologique dans le transept de Notre-Dame de Chartres

En 2021, la DRAC Centre-Val de Loire, via la Conservation régionale des monuments historiques, a lancé un vaste chantier de restauration du transept de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, sous la maîtrise d’œuvre de l’ACMH1 Marie-Suzanne de Ponthaud. Durant 20 semaines réparties tout au long des travaux, les archéologues d’Archeodunum ont mené des investigations pour décrypter les secrets du chantier de construction du transept, et remonter ainsi le temps jusqu’au début du XIIIe siècle (fig. 1)

Fig.1 : À 30 m de haut, étude du bras nord du transept avant sa restauration.
Fig. 2 : Plan de la cathédrale de Chartres avec le transept en orange, d’après B. Kurmann-Schwarz et P. Kurmann, Chartres. La cathédrale, 2001, p. 28.

Une architecture de pierre et de chaux

L’étude a porté sur les deux bras du transept, dont chacun est organisé en trois travées qui culminent à 33 mètres de hauteur sous voûte (fig. 2). Les archéologues se sont intéressées aux natures géologiques des pierres, confirmant le recours à trois types de calcaire qui avaient déjà été identifiés dans la nef de la cathédrale : pierre de Berchères, calcaire lutécien et calcaire crayeux. Ces matériaux, choisis pour leur disponibilité et leurs qualités constructives, sont  assemblés à l’aide de mortier de chaux.

Deux recettes principales de mortier ont été identifiées : l’une à base de sable orange, donnant une teinte beige-orangé, l’autre plus blanche avec un granulat sablo-gravillonneux. L’identification de ces variations apporte un éclairage nouveau sur l’organisation du chantier médiéval. De même, à travers l’analyse des assises et des découpes des pierres, les archéologues ont mis en lumière les techniques adoptées par les bâtisseurs pour s’adapter aux contraintes liées aux échafaudages et à l’approvisionnement du chantier (fig. 3).

Fig. 3 : Intérieur du transept sud, relevé archéologique d’une partie du mur sud.
Fig. 4 : Tirants en bois dans la voûte près de la croisée du transept (sud).

Le bois, élément de stabilité et pourvoyeur de datations

Les archéologues ont examiné de puissants tirants en chêne pris dans les voûtes des travées situées contre la croisée (fig. 4). Ces imposantes pièces de bois servent à assurer la stabilité des voûtes. L’étude archéologique a montré qu’elles ont été prévues et installées dès la  construction. C’est une information inédite, puisqu’on pensait jusque-là que ces tirants étaient venus consolider l’ouvrage dans un second temps. L’analyse dendrochronologique a daté  l’abattage de ces bois entre 1210 et 1237, confirmant leur appartenance au chantier d’origine. Cela éclaire le rôle fondamental du bois dans l’édification de la cathédrale.

Le métal, un renfort invisible mais essentiel

L’étude des maçonneries a révélé l’usage discret, mais omniprésent, du métal. Des tiges et agrafes en fer, scellées au plomb, assurent la cohésion des colonnes, des garde-corps et des remplages. En plus de ces éléments constructifs, de nombreuses réparations employant du métal ont été réalisées pendant le chantier, indiquant que des pierres ayant été cassées sont tout de même utilisées dans les murs (fig. 5). Cette particularité témoigne de la rapidité du chantier de construction du transept. Par ailleurs, le métal était aussi fiché dans les murs pour accrocher le mobilier liturgique ou, tout en haut des murs, pour fixer des protections temporaires devant les vitraux (fig. 6a et 6b).

Fig. 5 : Réparation d’un chapiteau à l’aide d’une pièce métallique.
Fig. 6A : Rose entourée de petits crochets métalliques.
Fig. 6B : Rose entourée de petits crochets métalliques, détail d’un crochet.

Des décors peints, touche finale du chantier

Les analyses des enduits révèlent l’ampleur du chantier de mise en décor qui a marqué l’achèvement du transept de la cathédrale, rapidement après le début de sa construction au XIIIe siècle. Chaque bras du transept était recouvert d’un enduit beige agrémenté d’un décor de faux-appareil peint en blanc (fig. 7). Moins d’un siècle plus tard, un nouveau motif de faux-appareil, cette fois sur fond rose-orangé, a recouvert le premier, tandis que les clefs de voûte recevaient un décor héraldique (fig. 8 et 9). Ce dernier n’a jamais été masqué, malgré les badigeons appliqués aux XVIIIe et XIXe siècles.

Fig. 7 : Décor de faux-appareil tracé en blanc sur le mortier beige.
Fig. 8 : Décor polychrome héraldique de fleur de lys dorée sur une clef de voûte
Fig. 9 : Étude d’une clef de voûte ornée de motifs héraldiques. La voûte et son décor de faux-appareil sont restaurés.

Un pan de l’histoire dévoilé

Grâce à ces investigations, le chantier de construction et de mise en décor du transept de Notre-Dame de Chartres se révèle avec une précision inédite. Ces découvertes permettent non seulement de mieux comprendre les techniques médiévales, mais aussi d’accompagner la restauration actuelle en mettant en valeur les savoir-faire des bâtisseurs d’autrefois.

Opération d’archéologie préventive conduite de 2022 à 2025, en parallèle à la restauration des parements intérieurs du transept de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.

Prescription et contrôle scientifique : Conservation régionale des monuments historiques ; Service régional de l’archéologie

Maîtrise d’ouvrage : DRAC Centre-Val de Loire

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Camille COLLOMB

Équipe de terrain

  • Camille Collomb (RO)*
  • Alice Borel
  • Emilien Bouticourt
  • Jean-Baptiste Kowalski
  • Margaux Lainé
  • Mylèna Wasylyszyn
    * Terrain et Post-Fouille

Intervenants extérieurs

  • Christophe Perrault (C.E.D.R.E.)
  • Olivier Veissière (Patrimoine Numérique).

 

Retrouvez-nous aux Journées Européennes de l’Archéologie 2025 !

JOURNÉES EUROPÉENNES DE L’ARCHÉOLOGIE

 

Du 13 au 15 juin 2025, auront lieu les prochaines Journées Européennes de l’Archéologie.

A cette occasion, Archeodunum vous propose trois évènements pour  découvrir les résultats de chantiers récents et le métier d’archéologue.

Retrouvez-nous au Langon (Vendée), à Lyon (Rhône) et à Toulouse (Haute-Garonne)

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A VOS AGENDAS !

13 & 14 Juin : Le Langon (Vendée) – Du nouveau sur l’agglomération antique du Langon

Adélaïde Hersant présentera la fouille qu’elle a réalisée en 2021 à la rue de la Halle au Langon. Au programme, un voyage à l’époque romaine avec un atelier de potier et un sanctuaire. Cette conférence s’inscrit dans une série de conférences issues d’un Projet Collectif de Recherche, associant l’Inrap, l’université de La Rochelle, Archeodunum et l’association Alter Ego.

Conférence gratuite – Salle polyvalent du Langon

  • le vendredi 13 juin de 18:30 à 19:30 et de 19 :30 à 20 :30,
  • le samedi 14 juin de 14:30 à 15:30 et de 15 :30 à 16 :30

Retrouvez tous les détails de cet évènement

14 & 15 Juin : Musée Saint-Raymond à Toulouse – Village de l’Archéologie

À l’invitation du musée Saint-Raymond de Toulouse, notre agence Sud-Ouest participe une nouvelle fois au Village de l’Archéologie, avec l’ensemble des acteurs de l’archéologie régionale. Venez à la rencontre de nos archéologues et de leurs dernières découvertes, à Toulouse et ailleurs !

Tous publics, gratuit – 1 ter Place Saint Sernin, 31000 Toulouse

  • Le samedi 14 juin de 10 :00 à 18 :00 et le dimanche 15 juin de 10 :00 à 18 :00

Retrouvez tous les détails de cet évènement

14 Juin : Musée Lugdunum de Lyon – De l’intelligence artificielle et des aqueducs

Archeodunum se mobilise sur la colline de Fourvière, au cœur du vaste programme concocté par Lugdunum – Musée et théâtres romains. On y découvrira comment l’intelligence artificielle peut aider les archéologues dans le décryptage de fouilles complexes (avec Guilhem Turgis et Abdelhafid Ammari), et comment on fouille des aqueducs (avec David Baldassari).

Tout public, gratuit – 17 rue Cléberg, 69005 Lyon

  • Le samedi 14 juin de 10 :00 à 17 :30 (pause méridienne)

Retrouvez tous les détails de cet évènement

Flashes d’Anse, des bâtiments romains et un grand cimetière médiéval

Flashes d’Anse

Des bâtiments romains et un grand cimetière médiéval

De juin à octobre 2024, une équipe d’archéologues d’Archeodunum a exploré une parcelle de 2000 m² à Anse (Rhône), avant la construction d’un ensemble résidentiel par la société Katrimmo. Ce secteur, situé dans le quartier Saint-Romain, se trouve à proximité d’une importante aire funéraire, utilisée entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge, et dans les parages d’une église disparue, mentionnée dès le Xe siècle. La fouille a permis de mettre en lumière de très riches occupations romaines et médiévales, dont un cimetière de la fin du 1er millénaire (fig. 1).

Fig.1 : Au cœur du cimetière médiéval.
Fig. 2 : Plan général des vestiges.

Du temps D’Asa Paulini

Les vestiges romains sont à rattacher à la petite ville d’Asa Paulini, mentionnée sur un document de voyage du IIIe siècle. Ils couvrent une période allant du IIe au IIIe siècle de notre ère (fig. 2). On distingue une cave en blocs de calcaire, comblée dans un second temps et recouverte par un foyer maçonné en tuiles plates, ce qui atteste d’un réaménagement (fig. 3). Plus loin, un autre bâtiment abrite des traces de travail des métaux, sous la forme de petits foyers et de déchets de plomb et de bronze. Un troisième édifice, au nord-est du site, est associé à une puissante canalisation en béton de tuileau, un matériau réputé pour son étanchéité (fig. 4). L’ensemble est traversé du nord au sud par une voie de belle facture qui, dans son état tardif, menait directement à l’entrée nord-ouest du castrum du IIIe siècle (aujourd’hui la rue Pont-Chollet).

Fig. 3 : La cave romaine et sa belle élévation.
Fig. 4 : Canalisation romaine en béton de tuileau.

À La recherche de la basilique perdue

L’église Saint-Romain, connue depuis le Xe siècle et mentionnée comme basilique dès le Ve siècle, reste introuvable et attise depuis longtemps la curiosité des chercheurs. La fouille a révélé deux ensembles de bâtiments dont la fonction demeure incertaine (voir fig. 2). Pourraient-ils être liés à l’église disparue, à son hôpital ou à une chapelle attenante, ainsi que le suggèrent les tombes à proximité ?

Anse macabre : un cimetière du moyen Âge

Au cœur du site, les archéologues ont en effet eu la surprise de découvrir un espace funéraire daté entre le viiie et le xie siècle (fig. 5 à 7). Près de 170 sépultures ont été mises au jour, la plupart des défunts sont orientés tête à l’ouest, en position dorsale. Ce cimetière colonise l’ancienne voie romaine ainsi que les bâtiments adjacents. Plus largement, il s’inscrit dans le quartier Saint-Romain, dont la limite pourrait bien être marquée par un fossé identifié à l’est de la fouille.

Fig. 5 : Deux tombes du cimetière médiéval.
Fig. 6 : Détail d’un squelette.
Fig. 7 : Tombes installées dans la voie romaine.-

Des productions médiévales : tuiles et mortier

Par la suite, le site témoigne d’une intense activité de construction. Un four de tuilier (fin Xe siècle), en grande partie conservé, a été fouillé (fig. 8). Il se compose d’une chambre de chauffe, encadrée de murs et structurée par huit murets. Il servait à cuire des tuiles canal à crochet. À proximité, un four à chaux (fin XIe siècle) témoigne de la production de mortier, probablement destiné aux bâtiments médiévaux de la ville.

Fig. 8 : Le four de tuilier et sa fosse de travail entièrement dégagés.
Fig. 9 : Fouille minutieuse d’une sépulture.

Les prochaines étapes

Le terrain a été restitué à l’aménageur, mais l’étude scientifique ne fait que commencer. Les spécialistes analyseront les données et les vestiges mis au jour pour préciser leur chronologie et leur fonction. À terme, un rapport détaillé viendra assurément renouveler et enrichir notre compréhension de l’évolution d’Anse, de l’époque romaine au Moyen Âge, et, peut-être, lever le voile sur les mystères de l’église Saint-Romain.

Opération d’archéologie préventive conduite à l’été 2024 sur la commune d’Anse au lieu-dit « 266, route de Villefranche », en préalable à la construction d’un collectif de logements.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Katrimmo

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Marie-José ANCEL

Équipe de terrain

  • Marie-José ANCEL (RO) *
  • Laura DARMON *
  • Audrey BARADAT *
  • David GANDIA
  • Vincent RAULT
  • Kilian BLANC
  • David BALDASSARI
  • Laurent VALLEE
  • Lara PEREZ-BLANC
  • Solenne MISERY
  • Quentin ROCHET *
  • Thibaut AVINENC
  • Morgane BERRONE
  • Jérôme GRASSO
  • Thomas EYDALEINE
  • Maud LABALME *
    * Terrain et Post-Fouille

Équipe de post-fouille

 

  • Amaury GILLES
  • Clément CHAVOT
  • Moussab ALBESSO
  • Émilie MERVEILLEUX
  • Aurélie DUCREUX
  • Julien COLLOMBET
  • Camille COLLOMB
  • Sébastien LARATTE
  • Christina POPOVA

une Zac avant l’heure ? Plus de 3000 ans d’histoire à Beaurepaire

Une Zac avant l’heure ?

Plus de 3000 ans d’histoire à Beaurepaire

Avant l’implantation d’une nouvelle zone d’activités par Isère Aménagement, une équipe d’archéologues a fouillé pas moins de 9 hectares sur la commune de Beaurepaire (Isère). Pendant plus d’un an, c’est un site aux occupations multiples, allant de la Protohistoire au Moyen Âge, qui a été exploré. L’analyse du terrain a révélé une densité exceptionnelle  de vestiges, suggérant en particulier une intense activité artisanale et économique autour de l’an mil.

Fig.1 : L’un des fours du Moyen Âge. Le four proprement dit est au fond, avec la zone de travail (au centre) et quelques marches d’accès, ainsi que des fosses annexes.
Fig. 2 : Plan général des vestiges (extrait)

Un site marqué par des périodes d’activité discontinues

L’occupation du site débute à l’âge du Bronze final, vers 1300-1200 av. J.-C., avec l’installation de nombreux silos destinés au stockage des récoltes. Plus tard, à la transition avec l’âge du Fer,  vers 800 av. J.-C., des structures de cuisson collective sont aménagées à proximité. Il faut ensuite attendre une longue période, jusqu’au IXe siècle ap. J.-C., pour voir émerger un imposant site de production qui perdurera jusqu’au Xe-XIe siècle.

Une profusion de vestiges

Les archéologues ont mis au jour plus de 1900 structures archéologiques (fig. 2), témoignant de la diversité des activités pratiquées sur place :
• 600 silos, couvrant la Protohistoire et le Moyen Âge (fig. 3 et 4) ;
• 750 trous de poteau, révélant des bâtiments en bois et terre datés des deux périodes ;
• 9 structures de cuisson collective protohistoriques, dont 7 forment un alignement (fig. 5) ;
• Pour le Moyen Âge, 5 fours, certains dotés de plusieurs chambres de chauffe (fig. 1) ;
• 3 puisards et 1 puits ;
• Plus de 50 structures artisanales, dont la fonction précise reste à déterminer ;
• 23 sépultures (fig. 6 et 7)

Fig. 3 : Les silos prennent diverses formes, par exemple coniques...
... ou globulaires.

Des vestiges remarquablement préservés

Au-delà de leur nombre et de leur diversité, l’état de conservation de ces structures fait de Beaurepaire un site exceptionnel. Certains silos, de très fort calibre, avaient encore une profondeur de 1,80 m (fig. 3 et 4), tandis que les chambres de certains fours atteignaient 2,20 m de diamètre (fig. 1). Une telle préservation est rare sur des sols sédimentaires et permet d’envisager des analyses poussées sur les modes de production et de stockage.

Moyen Âge : Une zone d’activité avant l’heure

L’organisation des vestiges suggère que le site médiéval fonctionnait comme une zone d’activités artisanales et économiques, avec ses fours, ses ateliers et ses nombreuses installations de stockage. L’absence de véritables habitations laisse penser que l’habitat principal se trouvait à proximité. Clin d’œil de l’histoire, il est plaisant d’imaginer que la future ZAC de Champlard soit un lointain écho de cette atmosphère laborieuse vieille d’un millénaire.

Fig.4 : Dans un second temps, les silos servent parfois de dépotoir, comme pour cette poterie médiévale.
Fig. 5 : Four à pierres chauffées (vers 800 av. J.-C.).
Fig. 6 : Une sépulture médiévale.
Fig. 7 : Une sépulture médiévale.

Et maintenant ?

Avec la fin de la fouille, l’aménageur a repris possession du terrain pour son projet, tandis que les archéologues poursuivent leurs analyses en laboratoire. Pendant environ deux ans, les données récoltées sur le terrain seront examinées afin de mieux comprendre les activités qui ont rythmé le site à travers les siècles. L’ensemble des résultats sera synthétisé dans un rapport final, offrant un éclairage inédit sur l’histoire économique et sociale des populations qui ont  précédé les Beaurepairois d’aujourd’hui.

Opération d’archéologie préventive conduite entre octobre 2023 et janvier 2025 sur la commune de Beaurepaire (38), au lieu-dit « Champlard », en préalable à la création d’une ZAC.

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Maîtrise d’ouvrage : Isère Aménagement

Opérateur archéologique : Archeodunum

Responsable : Agata Poirot

Phase 1 (terrain / post-fouille)

  • Agata Poirot (RO)
  • Cindy Causse
  • Gauthier Tavernier
  • Charlotte Sanchez
  • Stefania Fabris
  • Mathilde Martin
  • Roxane Desmaillet
  • David Gandia
  • Jean-Baptiste Mercier
  • Pieter Helwig
  • Lisa Guichard-Cobal
  • Camille Nouet
  • Clément Chavot
  • Zoé Bonnin
  • Thibaut Avinenc
  • Colin Cousin
  • Estelle Leclerc
  • Solène Alloin
  • Kathleen Dupinay

Phase 2 (terrain / post-fouille)

 

  • Agata Poirot (RO)
  • Cindy Causse
  • Gauthier Tavernier
  • Charlotte Sanchez
  • Mathilde Martin
  • Roxane Desmaillet
  • David Gandia
  • Jean-Baptiste Mercier
  • Pieter Helwig
  • Lisa Guichard-Cobal
  • Thibaut Avinenc
  • Colin Cousin
  • Solène Alloin
  • Cécile Menager
  • Jordan Vallet
  • Servane Bonvalet